Réduction des effectifs dans la fonction publique : le gouvernement maintient le cap, les syndicats inquiets

Réduction des effectifs dans la fonction publique : le gouvernement maintient le cap, les syndicats inquiets

L’avenir de la fonction publique continue de se jouer à Bercy. Les syndicats partagent leurs inquiétudes sur la réduction du nombre d’agents.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Clément Perrouault)

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Le gouvernement se montrera-t-il inflexible sur son objectif de réduction de 120.000 postes dans la fonction publique ? D’ici 2022, les effectifs de la fonction publique territoriale doivent baisser de 70.000. Ceux de la fonction publique d’État sont promis à une diminution de 50.000.

Pour la fonction publique territoriale se trouvant dans le périmètre de l’État, « nous tiendrons l’objectif », assurait fin août le Premier ministre. Ce matin, sur notre antenne, le secrétaire d’État à la fonction publique, Olivier Dussopt a bien confirmé que le gouvernement restait sur le même objectif, tout en montrant quelques signes de souplesse. Et de prudence. « Ce n’est pas l’alpha et l’oméga de notre politique en matière de fonction publique », a-t-il concédé. La formule revient régulièrement dans la bouche du secrétaire d’État.

Pour Olivier Dussopt, qui tient compte des départs à la retraite, l’objectif est « très largement atteignable », ainsi qu’il le soulignait aux Échos. Pour autant, l’exécutif n’est toujours pas encore rentré dans le dur de la réduction. Pour 2018, ce sont 1.600 postes qui sont supprimés. Le chiffre monte à 4.500 pour l’année 2019, où 60.000 départs à la retraite sont prévus. Le chef du gouvernement a annoncé que le chiffre serait « supérieur à 10.000 » pour 2020.

La « confiance » d’Olivier Dussopt dans les collectivités pour réduire la voilure

Invités au ministère pour le lancement d’une négociation sur l’égalité professionnelle femmes-hommes dans le public, les syndicats craignent que le gouvernement ne dévie pas de sa trajectoire. « Nous voyons bien que le gouvernement a aujourd’hui l’ambition d’appliquer le programme présidentiel : 50 000 emplois en moins pour la fonction publique », s’inquiète Luc Farré, secrétaire général de l’Unsa Fonction publique.

Quant à la réduction des effectifs dans les collectivités territoriales, Olivier Dussopt, ne voulant pas interférer avec le principe de libre administration, laisse ces dernières seules responsables. C’est sur ces collectivités, déjà engagées dans une baisse depuis 2015, que reposera la majeure partie de l’effort : elles doivent absorber 58% du total de l’objectif de réduction des effectifs dans la fonction publique, alors qu’elles représentent 35% de l’emploi public.

Sur cette question, le Sénat avait émis de grandes réserves au moment des discussions budgétaires l’an dernier. « Le plus grand flou persiste, sur la méthode envisagée par le gouvernement pour atteindre ses objectifs, notamment en ce qui concerne la fonction publique territoriale », alertait la sénatrice (LR) Catherine Di Folco dans un rapport.

« Il ne précise pas l’endroit où il va faire ses suppressions »

Naviguant à vue, les partenaires sociaux reprochent aussi à l’exécutif le manque de détails dans les coupes annoncées. « Il ne précise pas l’endroit où il va faire ses suppressions. Nous sommes particulièrement inquiets sur un certain nombre de ministères : le ministère de la Jeunesse et des Sports par exemple ».

Fonction publique : Le gouvernement « ne précise pas l’endroit où il va faire ses suppressions », dénonce Luc Farré (Unsa)
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Images : Clément Perrouault

Selon une lettre de cadrage, dont l’existence a été confirmée sur Public Sénat par le secrétaire d’État à la fonction publique et qui déclenche la polémique ce lundi, 1.600 postes devraient être supprimés sur l’ensemble du quinquennat. « Personne ne perdra son emploi », a toutefois tenu à rassurer la nouvelle ministre Roxana Maracineanu, à la mi-journée.

Au pied de l’imposant ministère dominant le quartier de Bercy, les partenaires sociaux évoquent également avec pessimisme l’évolution des contingents de la Direction générale des Finances publiques.

L’inconnue demeure sur les autres ministères qui seront mis à contribution, sachant que des recrutements ont lieu dans les forces de l’ordre ou au ministère de la Justice. Pour l’Éducation nationale, Olivier Dussopt a été moins affirmatif, et moins clair. « L'Éducation, comme les autres ministères, va mettre à profit des réorganisations pour se réformer. Ca ne veut pas dire que nous allons nécessairement supprimer des postes d'enseignants », a-t-il simplement indiqué.

Selon Bercy, avant de procéder à des suppressions de postes, il faut en premier lieu redéfinir les missions de l’État et « moderniser » les services publics. C’était notamment l’une des missions du chantier de réflexion « Action 2022 », dont le rapport a été publié fin juillet, avec quatre à cinq mois de retard.

« Pas l’ombre d’une seconde de concertation »

Cherchant à se démarquer de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), entreprise sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avec la règle du non-remplacement à la retraite sur deux, Gérard Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, défend une méthode de concertation. « Nous avons choisi de ne pas pratiquer le rabot, mais de discuter avec les syndicats et le Parlement sur l'ensemble des missions de l'État », déclarait le ministre en septembre 2017, lors d’une audition devant la commission des Finances du Sénat.

Les syndicats, eux, estiment être mis à l’écart. « Il n’y a aucun débat. Le gouvernement a déjà fixé un certain nombre d’objectifs. Dans tout ce qu’il met en avant aujourd’hui, il n’y a pas l’ombre d’une seconde de concertation avec les organisations syndicales », regrette Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'UGFF-CGT.

"Le service public a besoin d'emplois", déclare Jean-Marc Canon (CGT)
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« Le service public a besoin d'emplois », déclare Jean-Marc Canon (CGT) - Images : Clément Perrouault

Qu’il s’agisse de la réflexion sur le périmètre de l’État ou sur le sort réservé au ministère des Sports, son collègue de l’Unsa abonde dans son sens. « À aucun moment, les organisations syndicales n’ont été consultées ou associées à cette réflexion », lâche Luc Farré, qui considère qu’un « débat national » doit s’engager sur ces questions.

Pour reprendre l’expression ministérielle, les effectifs ne seront pas l’alpha et l’oméga de la réforme de la fonction publique. D’autres leviers, tout aussi sensibles, sont à aborder dans l’optique du projet de loi attendu pour 2019 : l’évolution des carrières, la mobilité des agents, les questions liées au statut ou à la rémunération, ou encore le recours aux contractuels. Les dossiers qui fâchent ne manqueront pas.

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