Le président (Les Républicains) du Sénat Gérard Larcher a dénoncé jeudi un "détournement de démocratie représentative" dans la procédure inédite de référendum d'initiative partagée (RIP) soutenue par des parlementaires de tous bords contre la privatisation d'Aéroport de Paris (ADP).
Des élus issus de tout "l'arc républicain", dont le député LR Gilles Carrez, se sont retrouvés mercredi soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour une réunion publique "peu banale", par son éclectisme politique, destinée à lancer la collecte des signatures contre la privatisation d'Aéroport de Paris (ADP).
"J'ai dit très clairement: le Sénat a voté contre la privatisation d'ADP. Mais nous n'avons pas du tout choisi de détourner en fait le référendum d'initiative partagé prévu par la constitution. Parce que pour moi, très clairement, c'est un détournement de démocratie représentative", a déclaré M. Larcher sur RTL.
Si cette procédure référendaire inédite a été validée par le Conseil Constitutionnel, c'est "parce qu'on est entrés dans une faille du texte de 2008". Mais "est-ce que le référendum d'initiative partagée, c'est pour faire en quelque sorte un troisième tour après le choix de la majorité ?", a-t-il développé.
"Je rappelle que nous sommes dans un système bicaméral, les députés l'emportent sur nous en dernière lecture pour les lois ordinaires, et voilà que ceci serait remis en cause par un référendum d'initiative partagée décidé entre le vote de la loi et la promulgation. C'est un détournement de la volonté du constituant de 2008", a insisté le président du Sénat.
Initié par des parlementaires PS, le référendum d'initiative partagée (RIP) a été enclenché il y a deux mois par 248 députés et sénateurs allant de LFI à LR. 4,7 millions de signatures sont nécessaires à l'organisation d'un référendum.
Le Sénat s'est opposé à la privatisation d'ADP car il a jugé qu'il n'y avait "pas assez de garanties apportées à un actif stratégique. L'exemple de Toulouse nous amène quand même à réfléchir", a rappelé M. Larcher.