C’est un cap symbolique qu’attendaient les pourfendeurs de la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Le recueil de signatures en faveur d’un référendum d’initiative partagée (RIP) sur la privatisation d’ADP vient d’atteindre le premier million de signatures, selon le décompte officiel du Conseil constitutionnel. 1.000.500 signatures ont été enregistrées au 4 décembre.
Un chiffre impressionnant mais insuffisant. Il faut 4,7 millions de paraphes pour déclencher le référendum, selon la Constitution. L’autre condition préalable – un soutien de 185 parlementaires – est déjà remplie depuis des mois. Ils sont même 248, de gauche et de droite (voir la liste).
De quoi relancer le recueil
Reste que pour les initiateurs du projet de référendum, c’est déjà une petite victoire. « On continue ! » a réagi sur Twitter Eliane Assassi, présidente du groupe communiste du Sénat. Les opposants comptent sur l’effet médiatique du million pour relancer le recueil, qui patine depuis quelques mois. La faute, estiment-ils, a un manque de médiatisation. Ils aimeraient voir les médias parler un peu plus du sujet. Surtout, ils reprochent au gouvernement de ne pas faire la publicité du RIP, alors que l’exécutif se paie sur Radio France des spots en faveur de la privatisation de la Française des jeux. Un deux poids deux mesures inacceptables, à leurs yeux.
Les parlementaires sont donc prêts à se payer, littéralement, des spots sur France Inter ou France Info. Mais refus, jusqu’ici, du côté de la maison de la radio. Le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, et Eliane Assassi, ont ainsi pris la plume pour demander à la présidente de Radio France, Sibyle Veil, de revenir sur sa décision (voir notre article).
Déclencher le référendum avec un million de signatures ?
Autre espoir des opposants à la privatisation d’ADP : qu’Emmanuel Macron lance le référendum avec ce million de signatures. Ils veulent en réalité prendre au mot le chef de l’Etat. Dans sa réforme constitutionnelle, il a en effet voulu baisser à un million le seuil nécessaire pour déclencher un RIP. Seulement voilà : la réforme est à l’arrêt, pour ne pas dire abandonnée. Et les opposants savent très bien qu’Emmanuel Macron ne les écoutera pas. Mais dans cette bataille politique, c’est de bonne guerre. Le député et porte-parole du PS, Boris Vallaud, n’a pas tardé ce mercredi à relancer, à nouveau, la demande.
Patrick Kanner compte même demander à Emmanuel Macron un rendez-vous.
Dernière chose : le cap du million est atteint à la veille d’une grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Si les deux sujets n’ont rien à voir, pour l’opposition, c’est un moyen supplémentaire de mettre la pression sur l’exécutif. Ce ne sera pas neutre dans le climat actuel.