Référendum sur le climat : « Emmanuel Macron le conçoit comme un coup politique », pour David Cormand
Invité de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », le député européen écologiste, David Cormand a estimé que l’inscription de la préservation de l’environnement dans la Constitution n’était pas « essentielle » pour le chef de l’Etat.
Par Public Sénat
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Après son adoption par les députés, les sénateurs commencent leurs auditions autour du projet de loi de révision constitutionnelle qui vise à inscrire à l’article 1 de la Constitution : « La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique ».
C’était l’une des propositions emblématiques formulées par la Convention citoyenne pour le climat. Les sénateurs sont très réservés sur ce projet de révision de la Constitution amenée à être soumise à un référendum. En effet, le président du Sénat, Gérard Larcher a fait savoir qu’il privilégiait le verbe « agir » pour la préservation de l’environnement, plutôt que « garantir ».
« Je pense que le terme garantir, il est vital parce que c’est celui qui permet de faire en sorte qu’il y ait une plus-value par rapport aux textes déjà existants […] Il y a une obligation de moyens mais de résultats » a estimé le député européen écologiste, David Cormand sur Public Sénat.
Pour l’ancien secrétaire national d’EELV, ce projet de révision constitutionnelle qui ne pourra être soumise à référendum qu’une fois son adoption par les deux chambres, est « un coup de Jarnac du chef de l’Etat depuis le départ ». « Il met dans les pattes du Sénat le fait de : soit accepter la formulation Convention citoyenne pour le climat et c’est une victoire pour lui. Soit le Sénat refuse la formulation et il pourra se décharger sur le Sénat en disant : vous voyez, j’ai fait ce que j’ai pu », résume l’eurodéputé avant de conclure.
« Je pense que (le référendum), il le conçoit comme un coup politique. Il ne le conçoit pas comme quelque chose d’essentiel pour l’avenir de la vie sur terre et de notre société. C’est un peu le problème de la relation d’Emmanuel Macron avec l’écologie. L’écologie, ce n’est pas un truc pour faire joli. Ce n’est pas un truc pour faire des concours d’éloquence. C’est quelque chose de vital pour la vie sur terre, donc il faut prendre ces sujets-là au sérieux ».
« Thierry Breton fait du damage control »
En ce qui concerne l’évolution de l’épidémie de covid-19 en Europe, David Cormand est revenu sur les propos de Thierry Breton hier soir sur TF1. Le commissaire européen au marché intérieur a estimé que le continent pouvait atteindre l’immunité collective au 14 juillet. « Entre le mois de mars et le mois de juin, on va livrer entre 300 et 350 millions de doses de vaccins », a-t-il encore détaillé.
« C’est très drôle de donner la date du 14 juillet comme si cette date avait une résonance européenne […] Il a fait du damage control. Il a dit : encore un petit peu de patience dans quelques mois, ça ira mieux », interprète le député vert.
L’eurodéputé a estimé que l’Union européenne « n’était pas assez respectée par les laboratoires pharmaceutiques ». « Le fait de s’arc-bouter sur le secret des contrats » (de livraison de vaccins) est à l’avantage des entreprises. C’est déjà un premier scandale ». « Ensuite il faut demander la levée des brevets que nous avons en partie financés pour débrider la production », ajoute-t-il.
David Cormand juge « un peu juste pour l’ensemble des habitants de l’UE » le chiffre de 350 millions de doses annoncé par le commissaire européen. « Surtout, si on veut aider les pays du sud qui, eux, n’ont pas les moyens d’avoir accès à ces vaccins. L’Union européenne a une responsabilité particulière. Nous sommes un continent riche et puissant. On ne peut pas se vacciner dans notre bulle et abandonner le reste du monde ».
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.