Réforme constitutionnelle : les sénateurs peu enclins à rouvrir le débat
Tandis qu’Emmanuel Macron a affirmé vouloir modifier « le plus rapidement possible » la Constitution par voie référendaire afin d’y inscrire la question de l’urgence écologique, les sénateurs pointent du doigt un mauvais timing et un flou sur le contenu du projet.

Réforme constitutionnelle : les sénateurs peu enclins à rouvrir le débat

Tandis qu’Emmanuel Macron a affirmé vouloir modifier « le plus rapidement possible » la Constitution par voie référendaire afin d’y inscrire la question de l’urgence écologique, les sénateurs pointent du doigt un mauvais timing et un flou sur le contenu du projet.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le sujet est de nouveau sur la table. Ce mardi, lors de son interview télévisée, Emmanuel Macron a réouvert la possibilité d’une révision constitutionnelle par voie référendaire. Revenant sur les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le président a affirmé :  « La seule question sur laquelle il peut y avoir un referendum, et une réforme constitutionnelle, celle de l’article premier, qui place l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et aussi de respect de la biodiversité dans notre texte constitutionnel. » Le 29 juin, déjà, il s’était prononcé en faveur de la mise en œuvre d’une réforme constitutionnelle « d’ici fin 2021 » par voie référendaire, si le vote des deux chambres le lui permettait.

A ce moment, déjà, le vice-président LR de la commission des lois, François-Noël Buffet avait appelé à la prudence. « Le principe d’un référendum ne me choque pas mais quand on voit que les élections municipales se sont soldées par plus de 60% d’abstention on peut s’inquiéter pour la participation ». Au Sénat, la perspective d’une telle réforme ne fait pas l’unanimité. Invité sur le plateau de Bonjour chez Vous, le sénateur centriste Vincent Delahaye a réagi à cette question, estimant qu’au sortir d’une crise de grande ampleur pour le pays, le moment n’était pas le plus propice. « Je ne suis pas persuadé que la priorité du moment soit d’inscrire l’urgence climatique dans la Constitution », a-t-il déclaré. « Lutter contre l’urgence climatique est effectivement une priorité, mais j’aurais aimé que le président nous explique clairement comment il compte mettre en œuvre cette lutte. On nous explique, par exemple, qu’il faut réduire la part du nucléaire, mais notre croissance est basée sur l’énergie, qui provient des énergies fossiles. Il faudrait donc remettre en cause notre modèle de croissance… »

L'environnement dans la Constitution: "Je ne suis pas persuadé que ce soit la priorité" affirme Vincent Delahaye
01:27

 

Philippe Dallier dénonce une opération politique 

Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le projet de révision constitutionnelle, qui prévoit notamment la réduction du nombre de parlementaires est dans les tuyaux depuis plusieurs années. En 2018, l’affaire Benalla avait toutefois repoussé son examen au Parlement. « Le président s’évertue à vouloir une réforme globale, qui comprendrait la réduction du nombre de parlementaires », commente le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur. « Il considère qu’on ne peut faire de réforme sans que ces sujets ne soient inclus. On peut tout à fait faire une réforme sur la prise en compte du climat et de l’environnement sans parler de réduire le nombre de parlementaires. Il peut y avoir plusieurs réformes constitutionnelles. Il ne faut pas tout subordonner à cette seule question. » Le vice-président de la commission des Lois estime ainsi qu’il serait plus judicieux de reprendre le projet de loi constitutionnelle avec les points qui faisaient consensus parmi les parlementaires, dont la question de l’inscription de l’urgence écologique dans la Constitution.

D’autres sénateurs pointent encore du doigt le flou de cette réforme constitutionnelle envisagée par le président de la République. C’est le cas du sénateur LR Philippe Dallier, qui pointe du doigt une opération politique menée par l’exécutif. « On n’a pas compris ce que contenait précisément ce projet de révision », soutient-il. « La réforme initialement envisagée contenait un certain nombre de choses, mais elle est restée en rade depuis 2018. Aujourd’hui, le Président remet ce projet sur la table en l’axant sur la question climatique pour faire des appels du pied aux écologistes après les municipales. Mais nous avons peut-être plus urgent à faire en ce moment », conclut le sénateur. Fin juin, déjà, l’ancienne ministre du Logement Marie-Noëlle Lienneman avait dressé le même constat. « C’est plutôt un coup politique plutôt qu’une volonté de faire avancer la cause de l’écologie. On veut faire croire que le problème réside dans la Constitution alors que rien dans le texte n’empêche de travailler en faveur de la biodiversité. »

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Réforme constitutionnelle : les sénateurs peu enclins à rouvrir le débat
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le