L’idée sème la zizanie dans les rangs de la majorité présidentielle, notamment dans son aile gauche. L’hypothèse d’une réforme de l’aide médicale d’État (AME), ce dispositif qui permet à des étrangers en situation irrégulière de bénéficier de certains soins de base, ferait partie des réflexions à l’œuvre au sein de l’exécutif, qui muscle son discours sur l’immigration. Le gouvernement a en tout cas demandé un rapport à l’administration sur cette aide, dont le nombre de bénéficiaires a augmenté ces dernières années. Le document est attendu d’ici le début du mois d’octobre.
« Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Je suis ravi de voir que dans les propos et incantations gouvernementales j'ai maintenant raison. Mais dans la pratique, j’attends des actes », réagit ce jeudi matin, le sénateur (Les Républicains) Roger Karoutchi. À chaque projet de loi de finances, le sénateur des Hauts-de-Seine propose de transformer l’AME en une aide médicale d’urgence, recentrée sur les maladies graves, les douleurs aiguës, les soins liés aux grossesses ou encore la médecine préventive.
« Pour une fois, écoutez les gens de raison et sensés »
L’idée d’un revirement de l’exécutif sur le sujet aurait de quoi amuser le parlementaire. « Chaque fois, les ministres concernés – que ce soit d’ailleurs de Hollande ou de Macron – m'ont jeté en disant que j'étais un monstre et que c’était inacceptable, et à commencer par Agnès Buzyn ».
Selon l’Opinion, la ministre de la Santé aurait d’ailleurs obtenu gain de cause. Aucun coup de rabot de l’AME – et donc a fortiori aucune redéfinition du panier de soin couvert par le dispositif – ne figurerait dans l’avant-projet de loi de finances. La grogne était en train de monter dans les rangs d’une partie de la macronie. 35 députés issus de LREM, du Modem, de Liberté et Territoires, ou encore des non-inscrits, ont signé une tribune pour « faire primer l’AME sur les logiques comptables ».
Ce matin, Roger Karoutchi pousse le président de la République à franchir le pas. « Je dis au président de la République : chiche ! Vous allez à l’encontre d'un paquet de vos députés, ne les suivez pas. Pour une fois, écoutez les gens de raison et sensés, c'est-à-dire nous ! » Le sénateur LR s’est dit « prêt à voter » un texte, à condition qu’il y ait des « gestes forts ».