Réforme de l’Assurance maladie: exercice d’équilibriste pour Fillon

Réforme de l’Assurance maladie: exercice d’équilibriste pour Fillon

Acculé à s'expliquer sur son projet de réforme de l'Assurance maladie y compris par son propre camp, François Fillon s'est livré...
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Par Estelle EMONET

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Acculé à s'expliquer sur son projet de réforme de l'Assurance maladie y compris par son propre camp, François Fillon s'est livré à un exercice d'équilibriste pour tenter d'éteindre l'incendie assurant que la couverture des soins resterait "comme aujourd'hui", tout en appelant à des réformes.

Dans une tribune publiée mardi dans Le Figaro, François Fillon a répondu à trois semaines de critiques autour de ses intentions.

L'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait mis le feu aux poudres en expliquant dans son programme vouloir "focaliser" l'assurance universelle sur des affections graves ou de longue durée (ALD) et l'assurance privée sur le reste.

Une prise en charge divisée entre "gros" et "petits" risques critiquée au sein même des Républicains par le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer, qui avait appelé à une "clarification", Eric Woerth, estimant que cette répartition n'était pas la "bonne".

Lundi matin, Jérôme Chartier, proche de M. Fillon, avait tenté de rassurer en expliquant que les "petits risques" seraient toujours pris en charge mais pas forcément tous, "ça dépend de quel rhume".

Dans sa tribune, François Fillon avait bien pris soin de ne pas reprendre cette distinction. Il est allé plus loin devant les députés LR en leur demandant de "ne plus parler de +petit risque+". "Il y a des principes généraux. On rentrera dans le détail plus tard au moment des concertations", a-t-il dit, selon des participants à la réunion hebdomadaire du groupe.

A 17 heures, la proposition a même été retirée du site internet du candidat, provoquant l'ironie de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur Twitter: "Souvent Fillon varie, bien fol qui s'y fie. Et quand c'est flou, c'est qu'il y a un... ".

L'objectif de réaliser 20 milliards d'euros d'économies sur 5 ans a également disparu de sa tribune.

"L'assurance maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins" et "elle continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires", assure le candidat à l'Elysée.

"Pas question de toucher à l'Assurance maladie et encore moins de la privatiser", affirme-t-il.

Pour autant, M. Fillon ne renonce pas à mettre en place une agence de régulation et de contrôle de la Sécu et des organismes complémentaires dans laquelle seront représentés "tous les acteurs", "usagers" compris.

Sans donner de précisions, il explique vouloir ainsi "assurer le meilleur remboursement pour les patients" et que tous les Français puissent bénéficier "d'une protection complémentaire appropriée sur la base de contrats homogènes".

- "Dr Jekyll et Mr Hyde" -

Un exercice qui ne semble pas avoir convaincu. Philippe Viguier, chef de file des députés centristes, regrette que M. Fillon n'ait pas "plus explicité" son projet, alors que la candidate du FN, Marine Le Pen, l'accuse de "vraie-fausse reculade".

"Soit c’est volontairement flou et ça cache en réalité une dissimulation du projet véritable qui est bien de privatiser la sécurité sociale", a commenté le vice-président du Front national, Florian Philippot.

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a ciblé François Fillon. "Quand certains (...) se situent dans une perspective de déremboursement (...), mon gouvernement, lui, agira inlassablement pour renforcer le droit de nos concitoyens à se faire soigner", a-t-il dit.

Le pompier Jérôme Chartier avait pourtant tenté de clore une nouvelle fois le sujet mardi.

"La protection des Français, c’est un ensemble sécurité sociale + complémentaires santé (...) François Fillon n’a pas varié d’un cil s'agissant de cette position", a-t-il expliqué sur BFMTV/RMC.

Tout en réaffirmant que "des réformes sont nécessaires" pour "sauver le système de santé", François Fillon s'empresse cependant d'ajouter, que là n'est pas "la priorité". "L'urgence" du début de quinquennat, c'est la "bataille pour l'emploi et la croissance".

"On a compris @FrancoisFillon c'est docteur Jekyll et Mr. Hyde. OK! Mais qui croire?", a tweeté le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.

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