Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Réforme de la PAC : l’eurodéputé, Benoît Biteau, dénonce « la schizophrénie » de la Commission
Par Marie Brémeau
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Les Européens doivent se mettre d’accord sur la politique agricole des sept ans à venir. Il est question de gros sous puisque la PAC reste le premier budget de l’Union européenne avec 344 milliards d’euros environs. Mais le débat fait rage autour de la transition écologique de l’agriculture. La transition va-t-elle assez vite ? Et les modes de financement de la PAC sont-ils à la hauteur des enjeux ? Pour l’eurodéputé français (Les Verts), la réponse est claire : pas assez, et largement insuffisante pour atteindre les objectifs fixés par la Commission européenne dans le cadre de sa stratégie « De la ferme à la fourchette » pour rendre plus durable le système alimentaire européen.
La PAC ne s’aligne pas sur les ambitions vertes de la Commission
Prévu dans le cadre du Pacte Vert, l’exécutif européen souhaite mettre en place des éco régimes, un système soutenant les programmes environnementaux plus exigeants, et vise la neutralité carbone en 2050, en baissant notamment de 50 % l’usage des pesticides chimiques de synthèse, de 20 % les fertilisants de synthèse et en convertissant au bio de 25 % de la surface agricole européenne. Des objectifs inatteignables avec la nouvelle PAC selon Benoît Biteau. « Un des reproches qu’on peut faire à la PAC qui est actuellement sur la table, c’est de ne pas s’aligner sur les ambitions vertes de la stratégie De la ferme à la fourchette, et [la Commission] d’être dans une forme de schizophrénie. »
« Les éco-régimes qui continuent d’utiliser comme référence les hectares ou les têtes de bétail ne règlent rien. »
Les petites exploitations pas assez aidées
Pour l’élu français, également céréalier et éleveur en Charente-Maritime, aucune leçon n’a été tirée du passé. « Les éco-régimes qui continuent d’utiliser comme référence les hectares ou les têtes de bétail ne règlent rien. » Pour l’agriculteur les petites exploitations qui tournent le dos aux modèles intensifs ne sont pas aidées, et il est important que le rôle des agriculteurs dans la préservation de la biodiversité soit rémunéré. « On reproduit ce qui s’est passé en 2013 avec le verdissement de la PAC, où 30 % de la PAC était conditionnée parait-il au verdissement des pratiques. C’est pas moi qui le dis. La Cour des comptes dans un rapport de 2018, puis dans un nouveau rapport de 2020 nous dit que ce verdissement n’a permis aucun verdissement. » Les ONG et les écologistes considèrent que les mécanismes de redistribution vers les petites et moyennes exploitations sont encore trop limités.