Les concerts de casseroles se multiplient en marge de chaque déplacement des membres du gouvernement. Ils ne visent plus seulement Emmanuel Macron, qui a été chahuté lors de ces deux derniers déplacements, dans le Bas-Rhin et dans l’Hérault, mais également ses ministres. La cheffe du gouvernement, Élisabeth Borne, a ainsi eu le droit à son propre comité d’accueil vendredi, lors d’une visite à Châteauroux dans l’Indre. Même sérénade dans l’après-midi pour François Braun, qui s’est rendu dans un centre de santé de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
« Ce pouvoir, ou bien il change ou bien il part ! Vous ne pouvez pas avoir des responsables politiques qui nous font autant de mal », s’est agacée Ségolène Royal ce vendredi, au micro de l’émission « Extra local » sur Public Sénat. « Emmanuel Macron ne peut pas sortir de l’Elysée tant qu’il maintient cette provocation [qu’est la réforme des retraites, ndlr]. Cela suscite de la colère, nécessite une mobilisation considérable des forces de l’ordre. Pendant ce temps-là, la délinquance explose », dénonce encore l’ancienne ministre de l’Environnement de François Hollande.
« C’est une souffrance de voir le pays dans cet état »
La candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2007 cible une gestion brutale et un exécutif arc-bouté sur son programme, en dépit de la crise sociale et politique déclenchée par la réforme. « Bien présider un pays, c’est le mettre à l’abri de toute manifestation. On n’aurait ni conflit entre manifestants et policiers, ni manifestants mutilés, ni policiers blessés, ni violence si la réforme des retraites était retirée », estime Ségolène Royal qui appelle Emmanuel Macron « à retirer la réforme ». « Les gens sont atterrés, même à l’échelon international. Comme se fait-il qu’un homme seul prenne en otage tout un pays et ne retire pas une réforme refusée par la quasi-totalité du peuple français ? »
« Nous sommes tous pris en otage. J’ai donné 30 ans de ma vie à la politique, c’est une souffrance de voir le pays dans cet état », ajoute encore l’ancienne présidente du conseil général de Poitou-Charentes.
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Un sentiment d’injustice
Ségolène Royal relève également l’absence de dialogue social et la surdité du gouvernement face aux propositions formulées par l’intersyndicale et certaines oppositions politiques. « Les contrepropositions sur la table étaient parfaitement correctes, dont la lutte contre le chômage des seniors. Dès lors que vous luttez contre le chômage des seniors, vous faites rentrer des cotisations », explique-t-elle. « Vous demandez aux gens de travailler plus, vous prenez deux années aux ouvriers, aux classes populaires et moyennes alors que parallèlement vous avez supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune. Voilà une autre source de financement ! », pointe encore la socialiste.
« On nous dit qu’il manque 12 milliards pour les retraites et vous avez 100 milliards d’évasion fiscale. Total s’en met plein les poches et ne paye pas d’impôts en France. Trois milliards ont été donnés au cabinet McKinsey, qui ne paye pas d’impôts en France, pour des conseils absurdes. Voilà ce qui révolte les gens », achève notre invitée.