Réforme des retraites : Éric Coquerel espère un « pays à l’arrêt quelques jours » à partir du 7 mars

Réforme des retraites : Éric Coquerel espère un « pays à l’arrêt quelques jours » à partir du 7 mars

Le député LFI, proche de Jean-Luc Mélenchon, admet une « différenciation tactique » avec les partenaires de la NUPES dans le rythme d’examen sur la réforme des retraites. Il appelle toutefois à clore ce débat interne afin de ne pas polluer la mobilisation du 7 mars.
Guillaume Jacquot

Par Public Sénat

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« Il faut qu’on se concentre sur l’objectif, qui est que le gouvernement soit obligé de reculer. » Invité ce 27 février 2023 d’Audition publique, l’émission politique de Public Sénat et LCP-AN en partenariat avec Le Figaro Live, le député Éric Coquerel (La France insoumise) en appelle aux différents groupes de la NUPES mais aussi « à tous les acteurs engagés ». Depuis la fin de l’examen mouvementé de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le 17 février dernier, de nombreux responsables syndicats et alliés des Insoumis déplorent que l’Assemblée nationale n’ait pas pu débattre de l’article 7, sur le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.

L’un des derniers exemples en date : le président du groupe PS, Boris Vallaud, affirmait ce dimanche au JDD que la NUPES n’a « pas montré son meilleur visage », en sortant d’un « cadre commun » de décision. Sans lui en tenir rigueur, Éric Coquerel estime toutefois que ressasser cette « différenciation tactique », par des « petites phrases », et « sur la place publique », fait le « jeu du gouvernement ». « Les choses peuvent être dites, maintenant, il faut que ça s’arrête et qu’on se concentre sur le 7. »

« Si ce pays est à l’arrêt quelques jours, ce gouvernement sera obligé de reculer »

Le président de la commission des finances estime qu’un pays « à l’arrêt » dans une semaine, combiné à la préservation de l’unité, permettra de « gagner » la bataille. « Le mieux, pour faire en sorte d’arrêter ce projet de loi, c’est plusieurs jours de grève reconductible », considère le parlementaire, qui s’attend à une « grève historique », donnant « l’impulsion » pour la suite. « Je pense que si ce pays est à l’arrêt quelques jours, ce gouvernement sera obligé de reculer ». Éric Coquerel voit même les choses plus loin : « Si on gagne sur les retraites, tout change dans le pays pour les années à venir. »

Mais avant ce mardi fatidique, les débats au Sénat commenceront. Ces derniers jours ont d’ailleurs été marqués par des tensions entre Jean-Luc Mélenchon et les groupes de gauche au Sénat. Patrick Kanner, le patron des sénateurs socialistes, a même dénoncé « une volonté d’ingérence » de la figure du mouvement insoumis, de par ses consignes adressées sur les réseaux sociaux. « Patrick Kanner exagère », tempère Éric Coquerel. Et de rappeler que la crainte de Jean-Luc Mélenchon était celle d’une défaite sur l’article 7, qui aurait pu provoquer un « contrecoup vis-à-vis du mouvement ».

« Toute la NUPES était d’accord pour dire qu’il était hors de question d’adopter à la va-vite ce projet de loi »

Mais à bien entendre les différents présidents de groupe de gauche au Sénat, « le Sénat se fera fort de ne pas examiner l’article 7 avant que le 7 mars ne commence », veut se rassurer le député. De façon à clôturer l’incident sur la divergence stratégique, Éric Coquerel affirme que les différents groupes à l’Assemblée nationale étaient d’accord sur un point : « Sur l’article 7, et sur le projet de loi, toute la NUPES était d’accord pour dire qu’il était hors de question de faire ce cadeau au gouvernement, d’adopter à la va-vite ce projet de loi, vu le temps qui était imparti. »

En tout état de cause, le débat au Sénat sera différent, à commencer par les conditions d’examen. « Le président du Sénat a eu l’intelligence d’ouvrir les week-ends, ce qui modifie les choses. Ce sont deux jours de débat en plus, pleins et entiers », salue Éric Coquerel, qui défendait une prolongation des débats à l’Assemblée nationale. « Ceux qui ont affaibli le Parlement, ce sont ceux qui nous imposent le 47.1 et de discuter en neuf jours d’un projet de réforme qui condamne les gens à travailler deux ans de plus […] Rien n’empêchait le gouvernement de poursuivre au-delà du 17 février », s’écrit-il. Sans révision du calendrier, le retrait de la moitié des amendements des Insoumis n’aurait rien changé à l’affaire, selon lui.

Durant ces semaines de séances parlementaires sous haute tension, Éric Coquerel précise également regretter l’absence de Jean-Luc Mélenchon en tant que député. « Des fois je me dis que ça serait bien qu’il soit là […] Je pense qu’on aurait gagné en efficacité, en impact, et en coordination. »

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