Alors que la grève contre la réforme des retraites en est à son 12e jour et qu’une grande journée nationale de mobilisation est prévue mardi 17 décembre, Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, a donné son analyse du conflit sur le plateau d’« Allons plus loin ».
Interrogé d’abord sur la démission de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, le président du groupe de conseil Alixio, a trouvé « un peu triste de voir ce qui lui arrive » : « Jean-Paul Delevoye a fait un travail formidable les dix-huit derniers mois. Et il avait la confiance des partenaires sociaux. C’est un homme de dialogue (…) Dans ce sujet effroyablement compliqué qu’est la réforme systémique, il est un des rares à avoir tout compris. »
Raymond Soubie est également revenu sur son expérience lorsqu’il était le conseiller social de Nicolas Sarkozy, au moment de la réforme des retraites de 2010 : « La situation était semblable et très différente. Parce qu’il y avait un déficit considérable des régimes de retraites, dû à la crise financière de 2008 et dû aux perspectives des rapports actifs/inactifs (…) Il manquait 30 milliards d’euros dès l’année 2007. Une somme considérable. Le seul moyen de trouver cette somme était de reporter l’âge de la retraite (…) Sur ce sujet le président de la République et le gouvernement ont décidé de ne pas transiger. Parce que c’était l’avenir du système de retraite qui était en jeu. »
L’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy explique qu’à ce moment-là, chacun restait campé sur ses positions. Le gouvernement comme les syndicats. Mais Raymond Soubie estime que si l’exécutif a remporté le bras de fer, c’est parce que contrairement à aujourd’hui, il n’y avait ni grandes grèves, ni black blocks. Uniquement des manifestations. « Aujourd’hui, c’est moins les manifestations qui peuvent faire plier un gouvernement que la paralysie des services publics. »
Quand on lui demande quelle sera l’issue de cette crise actuelle, Raymond Soubie répond :
« Je pense que le gouvernement va pas mal céder sur la RATP et la SNCF, parce que ce sont les foyers qui aujourd’hui paralysent la circulation. Il ne cédera jamais sur la réforme totale. Emmanuel Macron est trop engagé (…) Et quant à l’âge pivot, il y a toujours des sujets techniques, qui permettent sans trop le dire de le faire. »
En attendant, le Premier ministre Edouard Philippe recevra les organisations syndicales et patronales mercredi 18 décembre.