Réforme des retraites : l’avertissement du patron du groupe Horizons aux frondeurs de la majorité

Réforme des retraites : l’avertissement du patron du groupe Horizons aux frondeurs de la majorité

Laurent Marcangeli, proche d’Edouard Philippe et président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, met en garde ce 30 janvier les députés tentés de ne pas soutenir le projet de loi sur les retraites. « Lorsqu’on ne vote pas un texte financier, on est dans l’opposition », a-t-il rappelé à l’ordre. Il précise également : le texte « peut évoluer ».
Guillaume Jacquot

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L’examen du projet de loi de réforme des retraites n’en est, certes, qu’à ses débuts à l’Assemblée nationale, mais certaines statistiques montrent que le chemin n’est pas très bien engagé pour la majorité présidentielle. Et c’est dans le groupe Horizons (et apparentés) à l’Assemblée nationale que les doutes s’affirment le plus. Au moins six membres, soit un sur cinq, n’envisagent pas à ce stade de voter le texte, selon des décomptes entrepris par plusieurs médias. Autant de voix précieuses qui risquent de compliquer la tâche du gouvernement, lui qui ne dispose déjà pas de la majorité absolue dans l’hémicycle. Ces hésitations n’effrayent pas Laurent Marcangeli, le président du groupe Horizons, et proche de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, même s’il commence à rappeler à l’ordre ses troupes.

« J’ai dit très clairement à celles et ceux qui sont membres de mon groupe, que lorsqu’on ne vote pas un texte financier, alors qu’on dit qu’on est dans la majorité, ça veut dire qu’on est dans l’opposition », a sermonné le député de Corse-du-Sud ce 30 janvier, durant l’émission Audition publique, sur Public Sénat et LCP-AN, en partenariat avec Le Figaro Live. « Je vous laisse comprendre ce que vous voudrez bien comprendre », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails sur les conséquences. « Chacun doit prendre ses responsabilités. »

« Edouard Philippe va s’exprimer le moment venu »

Parler de fronde serait cependant prématuré, selon lui. « C’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens […] Nous verrons au moment du vote ce qu’il se passera. » L’ancien maire d’Ajaccio a rappelé qu’être membre d’un groupe, c’était adhérer « à un certain nombre de valeurs », y compris « continuer l’élan de réformes qui prévaut depuis 2017 ». Les plus égarés auront eu droit à un résumé de la ligne : « Quand on adhère à un groupe qui s’appelle Horizons, ça veut dire qu’on n’est pas loin d’idées portées par un homme qui s’appelle Edouard Philippe. Sur ce point, je ne pense pas qu’Edouard Philippe fasse partie des frondeurs. »

L’ancien Premier ministre, qui avait porté en son temps le premier projet de réforme des retraites à l’hiver 2019-2020, stoppé par la pandémie, brille en tout cas par son absence dans le débat actuel. « Je pense qu’il va s’exprimer le moment venu. Je suis persuadé qu’il le fera », a simplement indiqué Laurent Marcangeli. En revanche, l’actuelle locataire de Matignon Élisabeth Borne ne se prive pas de monter au front. Hier, la Première ministre a indiqué à France Info que l’âge légal de départ à 64 ans n’était « plus négociable ». Une détermination défendue par Laurent Marcangeli. « Le départ à 64 ans, c’est le cœur de la réforme […] Je crois que c’est un prérequis pour assurer la pérennité du système. Je pense qu’il ne doit pas être touché », a-t-il affirmé.

« Les parlementaires ne sont pas une bulle fermée du reste du monde »

A la veille de la deuxième journée de grèves contre la réforme, le président de groupe forme le vœu que les cortèges défilent « dans de bonnes conditions ». « Je pense que la cause serait mal défendue si elle était prise en otage par ceux qui cassent », a-t-il objecté. Alors que les syndicats font le pari d’une montée en puissance de la mobilisation, Laurent Marcangeli ne veut pas rester insensible aux chiffres. « Il faut toujours tenir compte des manifestations et de la mobilisation des gens dans la rue, quand il y a une réforme qui est contestée ». Et d’ajouter : « Je rappelle que le texte peut évoluer […] Les parlementaires ne sont pas une bulle fermée du reste du monde. Des coconstructions sont possibles avec la majorité. »

Le sujet de l’injustice pesant sur les carrières longues fera partie, selon lui, des « discussions » sur un texte qualifié de « perfectible ». Une part importante de son groupe veut limiter à quarante-trois années de travail les personnes ayant commencé leur carrière vers 20 ans. Des députés Horizons et MoDem défendront également des amendements pour améliorer le sort des femmes, « un peu pénalisées » par le report légal, de l’aveu même du ministre Franck Riester sur les chaînes parlementaires. Pourront-elles partir avant 64 ans si les trimestres acquis au titre de la maternité leur permettent d’atteindre 43 ans de cotisation ? Ou faut-il alors alléger la décote qui pénaliserait le cas échéant leur pension ? « Les deux options sont possibles », a répondu Laurent Marcangeli.

Reste un autre sujet, dont certains éléments pourraient être abordés à l’occasion d’un futur projet de loi sur le « plein-emploi » au printemps : le maintien des seniors dans les entreprises. « Sur ce sujet, il va falloir à un moment que tout le monde se serre les coudes », a prévenu le patron des députés Horizons. Le parlementaire aimerait autant que possible des mesures d’incitation. « Je pense que la contrainte c’est la dernière des solutions, c’est toujours la pire. »

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