Réforme des retraites : « L’exécutif est dos au mur, dans les cordes et un peu sonné », relève Patrick Kanner

Réforme des retraites : « L’exécutif est dos au mur, dans les cordes et un peu sonné », relève Patrick Kanner

Au micro de Public Sénat, Patrick Kanner, le président des sénateurs socialistes, a estimé que les soutiens de droite à la réforme des retraites s’effilochent, posant la question d’un recours au 49.3 à l’Assemblée nationale. Dans la matinée, le Sénat a adopté le compromis issu de la commission mixte paritaire, mais avec quelques voix de moins qu’en première lecture.
Romain David

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Le Sénat a adopté ce jeudi matin le texte de la réforme des retraites issu de la commission mixte paritaire. Cette étape législative était attendue, la Chambre haute étant dominée par une majorité de droite et du centre, largement favorable au recul de l’âge légal de départ à la retraite. Dans le détail, le texte a été adopté par 193 voix pour, et 114 contre. Néanmoins, 6 sénateurs LR ont voté contre, ainsi que 7 centristes. Par ailleurs, 19 sénateurs LR et 13 élus centristes se sont abstenus. « Deux voix de moins encore pour la majorité sénatoriale, ils étaient à 195 [lors du vote en première lecture, samedi 11 mars], ils sont aujourd’hui à 193 », a relevé au micro de Public Sénat Patrick Kanner, le chef de file des élus socialistes au Sénat.

« Ce n’est pas majeur mais ce n’est pas inintéressant, cela montre que le texte n’est pas vraiment consensuel au sein de la majorité sénatoriale », pointe l’élu du Nord. « Je ne suis pas membre de l’exécutif mais ce vote au Sénat, que certains auraient pu espérer plus large, peut interpeller le président Macron. Il y a des LR qui ne veulent pas mettre leur nom sur cette réforme », avertit Patrick Kanner.

Désormais, tous les regards se tournent vers l’Assemblée nationale ou le texte sera soumis aux voix dans l’après-midi. Au Palais Bourbon, la réforme a nourri de vives tensions au sein de la droite. Selon Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, « une vingtaine » de ses collègues députés pourraient voter contre, ce qui soulève la question d’un recours au 49.3, jusqu’ici écarté par l’exécutif qui espérait parvenir à dégager une majorité sur ce projet de loi. Le chef de l’Etat doit s’entretenir dans la mi-journée avec les différents responsables de sa majorité. « Réunir les dirigeants un peu en catastrophe, alors que ce n’était pas prévu initialement, montre qu’aujourd’hui encore Emmanuel Macron doute de sa capacité à pouvoir faire passer par les voix normales ce texte sur lequel il y a une opposition majeure dans le pays », analyse Patrick Kanner. « Une fois encore, on retrouve un exécutif dos au mur, dans les cordes et un peu sonné. »

« Jamais il n’y aura de signatures communes avec une motion déposée par l’extrême droite »

« Le 49.3 est constitutionnel, mais après avoir adopté le texte au Sénat avec un vote bloqué via l’article 44.3 de la Constitution, cela pose un vrai problème sur une réforme qui touche des millions de concitoyens », observe encore notre invité. « Manuel Valls avait utilisé le 49.3 [pour le projet de loi Macron et le projet de loi travail, ndlr], mais là on touche à la vie des gens dans ce pays, ce qui est très différent », veut-il défendre.

Un recours éventuel au 49.3 pourrait pousser les oppositions à déposer des motions de censure, du côté de la Nupes comme du Rassemblement national. « Je tiens à dire que jamais il n’y aura de signatures communes avec une motion déposée par l’extrême droite », précise Patrick Kanner.

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