Ils sont arrivés au bout. Dans la nuit de samedi à dimanche, les sénateurs ont approuvé le texte de la réforme des retraites. Pour le président du groupe centriste, Hervé Marseille, c’est mission accomplie : « Le parlementarisme et le bicamérisme sortent grandis de ce vote. On a fait notre métier : on a été au bout du texte », se réjouit-il. Mais de fustiger la gauche de l’hémicycle, qu’il accuse d’avoir voulu « devenir une barricade et empêcher le vote de ce texte » : « Je ne suis pas satisfait des conditions dans lesquelles ça s’est fait. On est passé d’une gauche sénatoriale républicaine, dans le dialogue, à une gauche qui est devenue le prolongement de la Nupes au Sénat ». Le président du groupe UC considère qu’à « l’Assemblée, puis au Sénat, la minorité a bloqué les institutions ». Hervé Marseille constate même « une mutation de la façon de travailler » à la Chambre haute : « On voit bien qu’il y a un état d’esprit qui a changé. Il ne s’agit pas de transmettre à la rue ou au Conseil constitutionnel le soin de faire les choix politiques. » Le président de l’UDI reconnaît en revanche que l’opposition est restée modérée dans son mode d’action : « Au Sénat, il n’y a pas eu les insultes et les comportements inappropriés vus à l’Assemblée nationale. »
L’Union centriste en ordre dispersé
Au Sénat, le groupe centriste compte 57 membres. Bilan des courses : 37 pour, 6 contre et 14 abstentions. « J’ai un groupe où il y a liberté de vote. Certains sénateurs avaient des convictions par rapport à ce qui se passait dans leur département ou qui considéraient que la réforme n’allait pas assez loin », considère le président du groupe. Et Hervé Marseille se montre même compréhensif envers les sénateurs qui n’ont pas voté en faveur de la réforme en les termes proposés par le Sénat : « J’ai un certain nombre de sénateurs qui se disent ‘tout ça pour ça’. Il y a déficit, on nous dit qu’il faut une réforme pour le résorber : il fallait peut-être aller un petit peu plus loin que les 64 ans », justifie Hervé Marseille, qui estime personnellement que la réforme est équilibrée, même s’il y a « toujours des frustrations, comme sur la situation des femmes où nous souhaitions aller plus loin ».
Nouvelle semaine décisive
Après son adoption par le Sénat, le projet de réforme des retraites entre dans une nouvelle semaine décisive, puisqu’il passera en commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs, à huis clos) le 15 mars. L’objectif est de trouver un compromis : « L’Assemblée nationale va vouloir essayer d’instiller dans la CMP des propositions puisqu’ils n’ont pas eu l’occasion de les discuter ». Parce que le projet de réforme retournera à l’Assemblée nationale, mais sans que les députés ne puissent amender la nouvelle version. « Tout doit être prêt dans le menu que présentera la CMP », résume Hervé Marseille, qui « n’a pas de doute sur la commission mixte paritaire, puisque nous sommes majoritaires ». Mais à l’Assemblée nationale certains sont suspectés de vouloir jouer les frondeurs dans les rangs qui semblaient acquis au projet : les Républicains seront-ils au rendez-vous ? « A partir du moment où il y a une ligne politique, qu’on a partagée, qui consiste à dire qu’il y a une nécessité de voter le texte, il serait de bon ton de le voter », considère le président de l’UC au Sénat. Même constat pour la majorité présidentielle : « Un certain nombre de députés ont des états d’âme. Ils regardent par la fenêtre et voient leurs électeurs qui défilent et ils se demandent s’il est bien pertinent de voter le texte. Il manquera peut-être des voix au sein de la majorité, mais c’est le rôle du gouvernement de les convaincre de voter. »
« On ne change pas des régions du jour au lendemain »
Ce lundi après-midi, Emmanuel Macron reçoit les associations d’élus locaux pour discuter de la réforme des institutions. Des échanges qui se feront sans L’Association des maires de France, son président David Lisnard ayant un rendez-vous calé de longue date dans sa commune de Cannes, dont il est maire. « C’est un acte politique. Il y a une forme de défiance à dire qu’on ne vient pas », critique Hervé Marseille. L’Elysée n’a pas accepté qu’il soit représenté.
Lors des échanges, il sera question d’un redécoupage des régions. Le président de l’UDI considère qu’ « on a déjà beaucoup chahuté le périmètre des régions », tout en reconnaissant qu’ « il y a un souci entre l’Alsace et le reste du Grand Est, et que l’Occitanie est une énorme région ». Mais de trancher : « On ne change pas des régions du jour au lendemain. »