Réforme des retraites : « La gauche sénatoriale est devenue le prolongement de la Nupes », dénonce Hervé Marseille

Réforme des retraites : « La gauche sénatoriale est devenue le prolongement de la Nupes », dénonce Hervé Marseille

Invité de Bonjour chez vous, le sénateur Union centriste des Hauts-de-Seine Hervé Marseille est revenu sur les débats sur la réforme des retraites au Sénat, pointant « une mutation dans la façon de faire » de la gauche. 
Simon Barbarit

Par Louis Heinrich

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Ils sont arrivés au bout. Dans la nuit de samedi à dimanche, les sénateurs ont approuvé le texte de la réforme des retraites. Pour le président du groupe centriste, Hervé Marseille, c’est mission accomplie : « Le parlementarisme et le bicamérisme sortent grandis de ce vote. On a fait notre métier : on a été au bout du texte », se réjouit-il. Mais de fustiger la gauche de l’hémicycle, qu’il accuse d’avoir voulu « devenir une barricade et empêcher le vote de ce texte » : « Je ne suis pas satisfait des conditions dans lesquelles ça s’est fait. On est passé d’une gauche sénatoriale républicaine, dans le dialogue, à une gauche qui est devenue le prolongement de la Nupes au Sénat ». Le président du groupe UC considère qu’à « l’Assemblée, puis au Sénat, la minorité a bloqué les institutions ». Hervé Marseille constate même « une mutation de la façon de travailler » à la Chambre haute : « On voit bien qu’il y a un état d’esprit qui a changé. Il ne s’agit pas de transmettre à la rue ou au Conseil constitutionnel le soin de faire les choix politiques. » Le président de l’UDI reconnaît en revanche que l’opposition est restée modérée dans son mode d’action : « Au Sénat, il n’y a pas eu les insultes et les comportements inappropriés vus à l’Assemblée nationale. »

L’Union centriste en ordre dispersé

Au Sénat, le groupe centriste compte 57 membres. Bilan des courses : 37 pour, 6 contre et 14 abstentions. « J’ai un groupe où il y a liberté de vote. Certains sénateurs avaient des convictions par rapport à ce qui se passait dans leur département ou qui considéraient que la réforme n’allait pas assez loin », considère le président du groupe. Et Hervé Marseille se montre même compréhensif envers les sénateurs qui n’ont pas voté en faveur de la réforme en les termes proposés par le Sénat : « J’ai un certain nombre de sénateurs qui se disent ‘tout ça pour ça’. Il y a déficit, on nous dit qu’il faut une réforme pour le résorber : il fallait peut-être aller un petit peu plus loin que les 64 ans », justifie Hervé Marseille, qui estime personnellement que la réforme est équilibrée, même s’il y a « toujours des frustrations, comme sur la situation des femmes où nous souhaitions aller plus loin ».

Nouvelle semaine décisive

Après son adoption par le Sénat, le projet de réforme des retraites entre dans une nouvelle semaine décisive, puisqu’il passera en commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs, à huis clos) le 15 mars. L’objectif est de trouver un compromis : « L’Assemblée nationale va vouloir essayer d’instiller dans la CMP des propositions puisqu’ils n’ont pas eu l’occasion de les discuter ». Parce que le projet de réforme retournera à l’Assemblée nationale, mais sans que les députés ne puissent amender la nouvelle version. « Tout doit être prêt dans le menu que présentera la CMP », résume Hervé Marseille, qui « n’a pas de doute sur la commission mixte paritaire, puisque nous sommes majoritaires ». Mais à l’Assemblée nationale certains sont suspectés de vouloir jouer les frondeurs dans les rangs qui semblaient acquis au projet : les Républicains seront-ils au rendez-vous ? « A partir du moment où il y a une ligne politique, qu’on a partagée, qui consiste à dire qu’il y a une nécessité de voter le texte, il serait de bon ton de le voter », considère le président de l’UC au Sénat. Même constat pour la majorité présidentielle : « Un certain nombre de députés ont des états d’âme. Ils regardent par la fenêtre et voient leurs électeurs qui défilent et ils se demandent s’il est bien pertinent de voter le texte. Il manquera peut-être des voix au sein de la majorité, mais c’est le rôle du gouvernement de les convaincre de voter. »

« On ne change pas des régions du jour au lendemain »

Ce lundi après-midi, Emmanuel Macron reçoit les associations d’élus locaux pour discuter de la réforme des institutions. Des échanges qui se feront sans L’Association des maires de France, son président David Lisnard ayant un rendez-vous calé de longue date dans sa commune de Cannes, dont il est maire. « C’est un acte politique. Il y a une forme de défiance à dire qu’on ne vient pas », critique Hervé Marseille. L’Elysée n’a pas accepté qu’il soit représenté.

Lors des échanges, il sera question d’un redécoupage des régions. Le président de l’UDI considère qu’ « on a déjà beaucoup chahuté le périmètre des régions », tout en reconnaissant qu’ « il y a un souci entre l’Alsace et le reste du Grand Est, et que l’Occitanie est une énorme région ». Mais de trancher : « On ne change pas des régions du jour au lendemain. »

 

Dans la même thématique

FRA – FRANCOIS BAYROU – PALAIS ELYSEE
7min

Politique

Dans le camp présidentiel, François Bayrou n’aura pas que des amis

Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.

Le

the republicans received at the elysee
4min

Politique

Bayrou à Matignon : la droite attend le projet du Premier ministre pour savoir « s’il est l’homme de la situation »

Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le

Réforme des retraites : « La gauche sénatoriale est devenue le prolongement de la Nupes », dénonce Hervé Marseille
6min

Politique

François Bayrou à Matignon : « Il ne semble pas disposé à être un Premier ministre collaborateur »

Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.

Le