Ce mardi, Marc Ferracci, ministre délégué de l’Industrie, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Alors que le projet de loi de finances sera présenté jeudi, le ministre est revenu sur la proposition de Michel Barnier d’augmenter les impôts des grandes entreprises. Il a par ailleurs admis que la suggestion de Gérald Darmanin de mettre fin aux 35 heures « n’était pas une priorité ».
Réforme des retraites : Larcher met en garde contre « les tentations du grand soir »
Par Public Sénat
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Ce jeudi matin, le président du Sénat a ouvert le colloque « Réforme des retraites : équité, équilibre, simplification », en présence de la ministre de la santé et des solidarités Agnès Buzyin. Une façon pour le Sénat de s’emparer de ce sujet miné, comme l’a expliqué Gérard Larcher. « La sauvegarde de notre régime de retraite est au cœur de notre pacte social et républicain » a-t-il expliqué. « On ne peut pas le traiter à la légère, ni croire qu’un coup de baguette magique suffira à le transformer. »
Il a rappelé que la Haute assemblée s’était déjà attaquée à cette thématique, dès 2010, à travers un amendement sur les objectifs et les caractéristiques d’une réforme systémique. « Nous étions les précurseurs » a-t-il souri. « Le sujet n’est donc pas tabou, ici. Au contraire » a souligné Gérard Larcher.
Si la réforme lui semble inévitable, il a néanmoins mis en garde le gouvernement. « Il n’y aurait pas, d’un côté, les conservateurs qui ne jureraient que par les bonnes vieilles réformes paramétriques, qu’elles portent sur l’âge de départ ou sur la durée des cotisations. Et de l’autre, des partisans d’une ‘vraie’ réforme, celle conduisant à un grand régime universel de retraite qu’il soit par points ou fondé sur des comptes notionnels. Méfions-nous des tentations du ‘grand soir’, qui font que l’on se réveille le matin, parfois, avec la gueule de bois » a-t-il prévenu.
« La brutalité peut parfois paralyser »
« La réalité est plus complexe » a poursuivi le président du Sénat. « Nos 42 régimes sont aussi le fruit de l’histoire sociale de notre pays, ne l’oublions jamais. Et qu’on ne gomme pas l’histoire sociale parce qu’elle porte aussi des projets, des aventures, et des défis humains et collectifs. Ils sont le résultat de compromis, qu’ils soient sociaux ou professionnels, auxquels les assurés de ces régimes sont attachés. Il faut en tenir compte, la brutalité peut parfois paralyser des réformes qui sont pourtant nécessaires. »
Autre point sensible, celui des régimes complémentaires. « Cela rend d’autant plus délicat voire difficile la perspective d’un régime unifié » a explique Gérard Larcher. « D’ailleurs, les partenaires sociaux ont-ils moins bien géré leurs régimes complémentaires que l’Etat ? Ont-ils été moins courageux que lui pour prendre leur part des efforts nécessaires ? Je n’en suis pas certain. » Et de marteler : « Je crois profondément au rôle des corps intermédiaires. Rien ne peut se bâtir sans dialogue et concertation. »
Enfin, il a listé les « écueils » que doit éviter le gouvernement dans sa démarche. « Que l’on y consacre beaucoup de temps, beaucoup d’énergie et qu’on ne prenne pas les mesures nécessaires pour assurer l’équilibre financier de la prochaine décennie » serait le premier d’entre eux. « Pire encore : que la recherche de ce régime unique conduise à des dépenses supplémentaires pour des raisons d’échelles de perroquet (progressions trop rapides, notamment dans la fonction publique) faciles à imaginer. Voire à faire main basse sur les réserves des régimes complémentaires, comme certains le redoutent. Voire des prélèvements supplémentaires. »
Il a enfin annoncé qu’un nouveau colloque aura lieu « le moment venu, lorsqu’on en saura plus sur les intentions du gouvernement. Cela leur permettra de faire valoir leur analyse et d’en débattre. »