Réforme des retraites: le bras de fer parlementaire s’engage lentement
"Ca rame", souffle un député LREM: le bras de fer sur les retraites a démarré au ralenti lundi en commission spéciale à l'Assemblée, où les...

Réforme des retraites: le bras de fer parlementaire s’engage lentement

"Ca rame", souffle un député LREM: le bras de fer sur les retraites a démarré au ralenti lundi en commission spéciale à l'Assemblée, où les...
Public Sénat

Par Charlotte HILL, Anne Pascale REBOUL, Adrien DE CALAN

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

"Ca rame", souffle un député LREM: le bras de fer sur les retraites a démarré au ralenti lundi en commission spéciale à l'Assemblée, où les oppositions, LFI en tête, pilonnent au mot près la réforme portée par la majorité.

Lundi, la commission n'a passé en revue que 245 amendements sur les quelque 22.000 au programme... Et le corapporteur du texte Nicolas Turquois (MoDem) a vite dénoncé "l'opposition de principe" des Insoumis, y compris pour des mesures de "solidarité unanimement reconnues", comme la "retraite minimale à 1.000 euros".

"Le pays est en ébullition depuis près de 60 jours contre votre projet de loi", a rétorqué Adrien Quatennens (LFI), faisant référence au mouvement de grèves qui secoue le pays depuis le 5 décembre. "Nous nous opposons à la philosophie totale du texte", a ajouté Clémentine Autain.

A eux seuls, les Insoumis ont déposé 19.000 amendements, afin d'utiliser "toutes les armes possibles pour retarder la décision finale", selon leur chef de file Jean-Luc Mélenchon, présent en commission lundi.

Cela vire à "l'absurdité", estime le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau, qui pointe des amendements supprimant chaque alinéa, y compris sur les minimas de pension ou pénibilité.

De quoi gripper les travaux de cette commission de 71 députés, qui risquent de ne pas parvenir à achever l'examen des 65 articles du projet de loi ordinaire et les cinq du projet de loi organique, avant leur arrivée dans l'hémicycle le 17 février. Les textes seraient alors examinés dans les versions déposées par le gouvernement.

"Nous sommes au tout début", nuance auprès de l'AFP la vice-présidente de la commission Célia de Lavergne (LREM), qui estime qu'il est trop tôt pour s'exprimer sur la tenue des délais.

- "Playmobil" -

Les principaux points de la réforme des retraites
Les principaux points de la réforme des retraites selon le projet de loi dont les députés entament l'examen
AFP

Les discussions sont restées dans l'ensemble courtoises, avec des premiers éclats de voix lors de l'intervention du communiste Sébastien Jumel, sur les "playmobil sans coeur" de LREM, en référence à leur récent vote contre l'allongement du congé de deuil lors du décès d'un enfant, sur lequel la majorité a reconnu une "erreur" qu'elle a promis de corriger.

"Ca suffit", "il n'y a pas de sans coeur ici", "ce n'est pas le débat" du jour, a répondu la présidente de la commission Brigitte Bourguignon (LREM).

De son côté, la droite a fustigé "l'énorme problème de lisibilité" de cette réforme qui reviendrait à "recréer autant de régimes que ceux existant pour 95% des Français", selon Eric Woerth (LR).

"L'opposition de droite est dans son projet, ils sont cohérents et droits dans leurs bottes", mais à gauche, "ils courent tous après LFI" et son "travail de sape", dénonce la marcheuse Cendra Motin.

Outre le fond de la réforme, les oppositions critiquent la forme - un texte "à trous" avec notamment ses 29 ordonnances programmées et un "mépris" du Parlement - et s'appuient sur l'avis du Conseil d'Etat qui a pointé des projections financières "lacunaires".

A gauche, PS, PCF et LFI sont prêts à dégainer tous les outils, dont une motion de censure commune contre le gouvernement, mi-février ou, comme le souhaitent les socialistes, au bout des débats en principe fin février.

Les élus de gauche ont aussi critiqué le "mutisme" du secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski en commission, avant que celui-ci explique vouloir intervenir "au moment utile", dans "l'ordre du texte présenté". (...) Si vous m'interrogez sur tous les sujets, on peut passer beaucoup de temps".

- Pas de "coercition" -

Seuls objets de consensus, le vote à l'unanimité de deux amendements LR et PS pour insister sur le rôle des aidants de proches âgés, malades ou handicapés, afin de bien le prendre en compte dans ce "système universel" de retraites.

Pour le reste, le débat, pied à pied, s'annonce laborieux. "On sera également évalués à notre capacité à garder nos nerfs", prévient une députée LREM.

Car, après la commission, viendra l'examen en séance mi-février, où la crispation risque d'atteindre son paroxysme.

Le président du groupe MoDem, Patrick Mignola, suggère de brandir un "49-3 de dissuasion", arme de la Constitution permettant d'abréger les débats et d'adopter le texte sans vote.

Mais Marc Fesneau ne veut pas de "coercition". Et le président du Sénat Gérard Larcher (LR) déconseille au gouvernement le 49-3. "Ca finit toujours mal" selon lui.

Entre-temps, la bataille de la rue va se poursuivre: jeudi sont annoncées de nouvelles manifestations interprofessionnelles pour réclamer le retrait du projet.

Partager cet article

Dans la même thématique

French Government Faces Lawmakers’ Questions At The National Assembly
8min

Politique

Budget : quels sont les scénarios pour sortir de l’impasse ?

Top départ de l’examen du budget en séance publique à l’Assemblée nationale. Après le rejet du texte en commission, la perspective de voir un budget adopté d’ici la fin de l’année semble, à ce stade, compromise au vu des lignes rouges des différentes forces politiques. Quels sont les différents scénarios ?

Le

FRANCE – GOVERNMENT QUESTION TIME AT NATIONAL ASSEMBLY
2min

Politique

Après le cambriolage du Louvre, Rachida Dati auditionnée mardi 28 octobre au Sénat

Rachida Dati sera auditionnée au Sénat mardi 28 octobre par la commission de la culture du Sénat dans le cadre de la préparation de l’examen du budget. Quelques jours après le cambriolage spectaculaire du Louvre, la ministre doit s’attendre à des questions sur les moyens alloués à la sécurisation des musées.

Le

Illustration: end of the C8 and NRJ12 channels
4min

Politique

Arcom : le rapport d’un sénateur RN pointe des saisines massives « organisées par des groupes militants »

Rapporteur spécial des crédits de la mission « direction de l’action du gouvernement », le sénateur Christopher Szczurek (Rassemblement national) vient de présenter un rapport sur l’Arcom. Il en profite pour émettre une position personnelle sur l’épineuse question du contrôle du pluralisme par cette autorité administrative indépendante.

Le