Réforme des retraites : « Le RN veut l’abrogation, mais ne propose rien pour financer notre système », dénonce Xavier Iacovelli

La proposition d’abrogation de la réforme des retraites, portée par le RN à l’Assemblée nationale, a été vidée de sa substance en commission des affaires sociales. Sur le plateau de Parlement Hebdo, Xavier Iacovelli et Laure Lavalette débattent avant l’examen du texte en séance, prévu pour le 31 octobre.
Rose-Amélie Bécel

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Ce 23 octobre, au terme d’une bataille entre la gauche et l’extrême droite en commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, les deux articles de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites portée par le Rassemblement national a été rejetée. Les députés du Nouveau Front populaire, qui avaient le pouvoir de faire pencher la balance du côté du texte du RN, ont majoritairement choisi de s’abstenir.

Le 31 octobre, la proposition de loi qui sera présentée dans l’hémicycle aura été complètement vidée de sa substance. Si les députés RN peuvent décider de réintroduire plusieurs mesures phares par amendements, la présidente de l’Assemblée nationale peut décider de les déclarer irrecevables au titre qu’ils entraineraient la création de nouvelles charges pour l’Etat.

« Il faut se demander comment et par qui notre proposition de loi a été vidée de sa substance »

Face à cette impasse, le groupe mené par Marine Le Pen va-t-il décider de retirer son texte avant son examen en séance ? « S’il est complètement vidé de sa substance, c’est sûr que la question se pose », songe la députée RN Laure Lavalette, sur le plateau de Parlement Hebdo. « Mais il faut se demander comment et par qui il a été vidé de sa substance », rétorque-t-elle en dénonçant l’attitude des députés de gauche en commission des affaires sociales, « finalement, le Nouveau Front populaire va retrouver ses alliés du parti d’Emmanuel Macron, avec lesquels ils ont fait alliance au moment des législatives ».

Face à Laure Lavalette, le sénateur Xavier Iacovelli, membre de la coalition présidentielle, dénonce d’abord le « manque de cohérence » du Rassemblement national sur la question des retraites. « Quand vous étiez aux portes du pouvoir, que vous pensiez avoir Jordan Bardella à Matignon, même lui était revenu sur la question de l’abrogation », remarque-t-il. « C’est faux ! Il avait dit qu’il s’en occuperait à l’automne », lui répond Laure Lavalette. Lors de la campagne des élections législatives, le président du RN avait en effet indiqué vouloir s’attaquer au sujet des retraites dans un « second temps » s’il devenait Premier ministre.

« On sent bien, dans la période budgétaire que nous vivons, que vous êtes paumés »

Sur le fond, c’est sur les pistes de financement de notre système de retraite que les deux parlementaires s’opposent. De son côté, Xavier Iacovelli reste un défenseur de la réforme portée par le gouvernement d’Elisabeth Borne en 2023 : « Chaque année, plus de la moitié du déficit est liée aux retraites, 72 milliards d’euros sont consacrés chaque année pour l’équilibre du système. On a besoin de cette réforme, qui a aussi permis la revalorisation des petites pensions pour 850 000 Français ». Pour le sénateur, la proposition du groupe de Marine Le Pen souffre ainsi d’un défaut majeur : « Le RN veut l’abrogation, mais ne propose rien en face pour financer le système. »

Laure Lavalette, qui rappelle que le texte d’abrogation défendu dans la niche parlementaire de son parti ne reprend « pas exactement le projet du RN pour les retraites, revendique de son côté d’autres outils de financement. « On a besoin de métiers à haute productivité et ils ont été complètement sabrés par Emmanuel Macron et sa vague de désindustrialisation », défend-t-elle.

Pour la députée, l’actuelle réforme passe par ailleurs « complétement à côté des sujets de natalité ». « Notre système de retraites est né dans une France des Trente Glorieuses. Depuis, on a connu une chute drastique de la natalité, et pas seulement en France, il faut relancer cette natalité en donnant aux femmes qui le veulent la possibilité d’avoir des enfants », estime Laure Lavalette, rappelant que le RN souhaite accroître le « désir d’enfant » en allouant au deuxième enfant une part fiscale pleine. « C’est une proposition de long terme », lui indique Xavier Iacovelli : « On sent bien, dans la période budgétaire que nous vivons, que vous êtes paumés. La cheffe [Marine Le Pen] n’est pas à l’Assemblée nationale, puisqu’elle est occupée dans son procès. »

« Les retraités ne doivent pas être la variable d’ajustement et payer les mauvais choix politiques et budgétaires »

Enfin, les deux parlementaires ont tout de même trouvé un point d’accord sur la question de la revalorisation des pensions de retraite. Pour faire environ 4 milliards d’euros d’économies dans le budget 2025, le gouvernement de Michel Barnier propose en effet de reculer la revalorisation des pensions, indexées sur le Smic, du 1er janvier au 1er juillet.

« Nous nous battrons de toutes nos forces contre cette mesure. Les retraités ne doivent pas être la variable d’ajustement et payer les mauvais choix politiques et budgétaires », assure Laure Lavalette. Également défavorable à la mesure, comme plusieurs parlementaires macronistes, Xavier Iacovelli prône de son côté le compromis : « Nous sommes intervenus avec Gabriel Attal auprès du gouvernement, pour faire en sorte que les petites retraites soient indexées dès le 1er janvier, pour qu’il n’y ait pas de pertes pour les plus fragiles ». Un assouplissement « quasiment acté » avec l’exécutif, affirme le sénateur.

Alors que la mesure suscite des oppositions de tout bord, sa suppression du projet de loi de financement de la sécurité sociale a été actée en commission des Affaires sociales. Dans la foulée, les députés de la commission ont d’ailleurs rejeté l’ensemble du projet de loi.

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