Réforme des retraites : les députés «vont voter dans le noir», avertit Gérard Larcher

Réforme des retraites : les députés «vont voter dans le noir», avertit Gérard Larcher

« Nous aurons la plénitude du débat », résume, non sans satisfaction, le président du Sénat au sujet de la réforme des retraites. Le deuxième personnage de l’État déconseille au gouvernement de faire usage du 49-3 à l’Assemblée nationale.
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« Soyez fiers d'être amateurs » : c’est le message lancé par Emmanuel Macron aux députés de la majorité qu’il recevait à l’Élysée mardi soir. Invité de l’émission « Questions aux sénateurs », diffusée sur Twitch en partenariat avec Public Sénat, le président du Sénat a renvoyé le qualificatif en direction de l’exécutif, critiqué sur sa gestion de la réforme des retraites. « C’est un peu amateur de penser, et de proposer, à des parlementaires de voter sans connaître ni l’impact financier d’un texte de loi, ni l’approche juridique », a répliqué Gérard Larcher.

Le président de la Haute assemblée a indiqué que le Parlement ne pouvait pas travailler dans de bonnes questions : l’étude d’impact est sous le feu des critiques, 29 habilitations à légiférer par ordonnances « trouent » le projet de loi et les conséquences financières de la réforme sont encore floues. « Le Parlement, il lui faut tous les éléments pour qu’il s’exprime. » Les députés « vont voter dans le noir. Nous, nous allons voter plus de lumière, puisque la conférence de financement aura avancé », souligne Gérard Larcher. « Au Sénat, nous aurons la plénitude du débat. »

« Le 49-3, je ne le conseille pas »

C’est à partir du début du mois d’avril que les travaux en commission commenceront au Sénat. « Si l’Assemblée nationale respecte l’agenda. Je n’en suis pas certain aujourd’hui », a-t-il estimé. Le sénateur des Yvelines « regrette » que la commission spéciale n’ait pas pu aller au bout des 22.000 amendements à étudier. « Je ne suis pas favorable à tout ce qui peut apparaître comme une obstruction mais c’est l’occasion d’un débat. C’est l’occasion aussi d’échanger, d’avancer, sur un texte qui n’est manifestement pas encore totalement abouti. »

Interrogé sur la stratégie sur laquelle le gouvernement pourrait s’engager en cas d’enlisement des débats en séance à l’Assemblée, Gérard Larcher a rappelé au gouvernement que le 49-3 n'est « pas fait pour abréger un débat ». « Je ne le conseille pas », a-t-il mis en garde.

Sur un chapitre plus précis, évoqué par de nombreux internautes sur la plateforme Twitch, le président du Sénat a rappelé une fois de plus que les sénateurs intégreront le régime universel de retraite. « Je m’y étais engagé depuis le mois d’avril 2018, dans un colloque public », a-t-il insisté. Mais rien n’empêchera le bureau du Sénat de mettre en place, parallèlement, un « éventuel régime supplémentaire facultatif », avec des « règles de transparence ».

L’actuel régime autonome des sénateurs est le résultat d’une « caisse de gestion ancienne », qui « produit des revenus », a-t-il insisté. « Notre régime est avantageux, mais il coûte très peu par rapport au régime des députés : 9,9 millions d’euros par an, 67 millions pour les députés. »

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