Surprise du chef: pour sa réforme des retraites, Emmanuel Macron préfère désormais "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge"...
Réforme des retraites: Macron remet l’âge sur le métier
Surprise du chef: pour sa réforme des retraites, Emmanuel Macron préfère désormais "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge"...
Par Gabriel BOUROVITCH
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Surprise du chef: pour sa réforme des retraites, Emmanuel Macron préfère désormais "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge" de départ et promet un nouveau "grand débat" afin de trouver un compromis permettant de résorber le déficit du système actuel.
L'affaire semblait réglée. Après des semaines de cacophonie au printemps, le gouvernement avait tranché en faveur d'un "âge d'équilibre" devenu le symbole du futur "système universel" par points promis par M. Macron.
Le haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avait précisé l'idée mi-juillet: l'âge légal resterait fixé à 62 ans, mais il faudrait travailler jusqu'à 64 ans pour une pension "à taux plein".
Une trouvaille aussitôt rejetée à l'unanimité par le patronat et les syndicats, CGT et FO en faisant même le principal mot d'ordre de leurs manifestations prévues fin septembre.
Qu'à cela ne tienne, "rien n'est décidé", a déclaré lundi soir le président de la République, souhaitant toutefois que la réforme "soit juste en termes de cotisation".
Jean-Paul Delevoye à l'Hôtel Matignon le 18 juilet 2019
AFP
"Je préfère qu'on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge", a-t-il ajouté, revenant ainsi à ses premières orientations post-"grand débat".
Fin avril, le chef de l'Etat avait en effet suggéré "d'allonger la durée de cotisation et de laisser le libre choix", avec "un système de décote qui incite à travailler davantage".
Puisque "l'âge d'équilibre" ne convient à personne, le sujet sera remis à l'ordre du jour dès les 5 et 6 septembre, lors d'entretiens à Matignon avec les partenaires sociaux. Les Français seront aussi consultés à l'automne, sous une forme à déterminer.
"Il y aura une grande négociation" sur la réforme et ce sera "plus qu'une concertation, je tiens à un grand débat", a affirmé M. Macron, souhaitant que ce chantier "incarne le changement de méthode" initié après la crise des "gilets jaunes".
- "Pas de finance magique" -
Ce changement de pied présidentiel n'a pas encore fait bouger les lignes. Farouchement opposé à cette réforme, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, estime que "c'est de l'enfumage", expliquant que "s'il faut travailler plus de trimestres, on va partir plus tard".
"Personne n'est dupe", juge le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, prédisant que "ce qui pourrait apparaître comme une position moins arbitraire va conduire beaucoup de personnes à travailler au-delà de 64 ans".
Le patronat, lui, continue de plaider pour un relèvement de l'âge légal, "indispensable" selon la CPME, tandis que le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, considère qu'"on (n'en) fera pas l'économie et c'est mentir par omission aux Français que de dire le contraire".
Seule la CFDT a exprimé un semblant de satisfaction. "Le président de la République a dit que l'âge pivot était une erreur, n'était pas une bonne chose en tout cas. Tant mieux, on l'avait dit aussi, donc maintenant on verra", a réagi son secrétaire général Laurent Berger.
Favorable au principe d'un "système universel", l'organisation "attend les concertations avec le Premier ministre la semaine prochaine, pour regarder comment ça va bouger", a-t-il indiqué.
Dans l'équipe de M. Delevoye, on rappelle qu'il existe déjà un régime "à la fois par points et qui utilise la durée de cotisation": l'Agirc-Arrco, caisse complémentaire des salariés du privé, gérée par les partenaires sociaux.
La même source souligne que "la durée n'est pas écartée du rapport" du haut commissaire, car elle resterait "nécessaire pour tout un nombre de sujets, comme le minimum de pension, la pénibilité et les carrières longues".
Trois thèmes que la CFDT a justement l'intention de remettre sur la table à Matignon.
Mais l'exécutif a aussi en tête le "besoin de financement" du système de retraites, estimé à 10 milliards d'euros d'ici 2022, alors que la réforme doit entrer en vigueur en 2025.
Le chef de l'Etat en a fait une contrainte, demandant "que notre régime, quand il rentre(ra) en vigueur en 2025, soit équilibré financièrement", car "il n'y pas de finance magique, il y a toujours quelqu'un qui paye".
Suite aux « fausses informations » relayées sur le sujet de la « labellisation » des médias, l’Elysée a décidé de vite les démentir, via une vidéo sur X. Une nouvelle stratégie de communication, à l’œuvre depuis quelques mois, déjà observée lors d’une prétendue prise de cocaïne par Emmanuel Macron. Lui-même « victime » des affres des réseaux avec l’infox Jean-Michel Trogneux, il est d’autant plus sensibilisé à cet enjeu démocratique.
Invité sur Public Sénat pour réagir aux propos de Bruno Retailleau, qui estime que le ministre Sébastien Lecornu doit assumer l’usage du 49.3 pour débloquer le budget, Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, a tenu un discours sans ambiguïté, il ne voit aucun problème à recourir à cet outil constitutionnel.
Une étude réalisée par le Cevipof et l’ObSoCo (Observatoire Société et Consommation) établit un classement des préoccupations des Français. Pour ce premier baromètre trimestriel public conçu pour mesurer la hiérarchie des priorités des Français, l’instabilité politique actuelle arrive largement en tête des préoccupations.
À quatre mois des municipales, socialistes et écologistes s’enlisent dans des négociations aussi intenses que fragiles. Alors que Rachida Dati domine les sondages et impose un sentiment d’urgence, PS, PCF et EELV tentent d’arracher un accord de premier tour sans perdre la face. La gauche parisienne avance à pas comptés vers une union qui semble à la fois indispensable et désormais à portée de main.