Réforme des retraites : « Nous sommes dans une crise de régime », s’alarme Éric Coquerel
Invité de Bonjour chez vous, le député LFI de la Seine-Saint-Denis Éric Coquerel a dénoncé les « coups de force » du gouvernement et s’est inquiété de la « crise de régime » provoquée par les tensions liées à la réforme des retraites.

Réforme des retraites : « Nous sommes dans une crise de régime », s’alarme Éric Coquerel

Invité de Bonjour chez vous, le député LFI de la Seine-Saint-Denis Éric Coquerel a dénoncé les « coups de force » du gouvernement et s’est inquiété de la « crise de régime » provoquée par les tensions liées à la réforme des retraites.
Caroline Deschamps

Par Louis Heinrich

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Le Sénat a tranché. Mercredi soir, en adoptant fameux article 7 du projet de réforme des retraites, qui cristallise le débat, la Chambre haute a acté le report de l’âge légal de départ à la retraite. Une étape clé dans la bataille des retraites franchie par l’exécutif. « C’était un peu attendu qu’ils finissent par le voter. Mais ça ne donne pas une majorité dans le pays », nuance le député de la Seine-Saint-Denis Éric Coquerel. « Ils y sont arrivés de manière tout aussi étonnante que la manière de faire à l’Assemblée, avec cet article 38 qui permet de raccourcir encore le temps du débat », souligne le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale.

 

« Utiliser toutes les possibilités pour ralentir ce projet »

Ces derniers jours, il y a eu des tensions comme rarement au Palais du Luxembourg. Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, a dénoncé une « mélenchonisation » de l’opposition, pointant des tentatives répétées d’ « obstruction » de la part des sénateurs de gauche. Pour Eric Coquerel, rien de tout ça : « Les opposants sont dans leur rôle. On ne va pas empêcher en plus les opposants de s’opposer. Les débats se tendent puisqu’en face, on essaye de passer en force. » A l’Assemblée nationale comme au Sénat, le député considère qu’ « il est logique qu’on utilise absolument toutes les possibilités pour ralentir ce projet de loi, voire qu’ils passent sans vote. C’est-à-dire qu’ils utilisent un coup de force de plus qui montre que ce projet de loi n’est pas légitime. » L’enjeu pour l’opposition serait donc de faire durer le plus longtemps possible les débats au Parlement pour permettre au mouvement social de se développer. « On a une réforme globale qui va forcer les gens à travailler deux ans de plus. Et on nous explique qu’il faudrait que tout ça passe rapidement parce que le gouvernement en a décidé ainsi parce qu’il n’est pas sûr d’avoir une majorité », dénonce Éric Coquerel.

 

« La Ve République est à bout de souffle »

Parce que si la gauche s’oppose fermement au projet de réforme et accompagne le mouvement social, c’est aussi la manière d’exercer le pouvoir qui interroge le député de la Seine-Saint-Denis : « Ce n’est plus possible que tout renvoie à un seul homme. La Ve République est à bout de souffle. Emmanuel Macron est en train de le montrer par cette vision hyperprésidentielle du régime. » Et d’ajouter qu’ « on n’est pas élu pour accepter des pratiques antidémocratiques », pointant notamment du 49.3 pour faire passer sans vote le projet de loi de finance pour 2023. « On est arrivé dans une vraie crise, non seulement politique, mais de régime », constate Éric Coquerel. Comment en sortir ? Le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale a sa solution : « Emmanuel Macron doit retirer cette loi. C’est lui qui l’a voulue à tout prix, qui l’a voulue par le PLFSSR, et qui l’a voulue contre tout un pays. C’est à lui qu’il revient de sortir de la crise. Il a une possibilité pour ça : recevoir les syndicats. » Ce jeudi l’intersyndicale a adressé une lettre au chef de l’Etat, à qui elle reproche de rester sourd à la grogne sociale, demandant à le rencontrer. Et selon Philippe Martinez, le patron de la CGT, leur courrier est toujours sans réponse.

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