Réforme des retraites : « On est très, très loin d’être d’accord », résume Laurent Berger
Plusieurs syndicats reçus par le Premier ministre ont senti des « signes d’ouverture » de la part du gouvernement sur certains sujets, comme la pénibilité ou le minimum contributif. Mais sur la question délicate de l’âge d’équilibre, le secrétaire général de la CFDT affirme qu’un éventuel compromis est encore « loin ».

Réforme des retraites : « On est très, très loin d’être d’accord », résume Laurent Berger

Plusieurs syndicats reçus par le Premier ministre ont senti des « signes d’ouverture » de la part du gouvernement sur certains sujets, comme la pénibilité ou le minimum contributif. Mais sur la question délicate de l’âge d’équilibre, le secrétaire général de la CFDT affirme qu’un éventuel compromis est encore « loin ».
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C’est la première étape dans le nouveau cycle de rencontres entre le Premier ministre et les partenaires sociaux. Édouard Philippe reçoit tour à tour depuis 14h ce mercredi l’ensemble des syndicats et des organisations patronales, chacun séparément. Avant de les revoir tous ensemble autour de la même table le lendemain.

L’échange avec le secrétaire de la CFDT, Laurent Berger, qui a duré plus d’une heure, a été le plus long de tous. Parler de compromis est « très très prématuré », considère Laurent Berger. « On a acté des désaccords sans trouver pour l’instant de solution ». Attaché au principe d’un régime universel par points, le responsable syndicat a réaffirmé son opposition à l’âge d’équilibre à 64 ans, qui pénalisera les salariés ayant commencé à travailler tôt.

« Je suis toujours préoccupé parce que je n’ai pas envie que ce soient les travailleurs qui ont l’âge du taux plein en 2022, 2023, 2024, qui soient sanctionnés au moment du départ à la retraite parce qu’ils devraient travailler plus longtemps », a-t-il déclaré sur le perron de Matignon. « On est très très loin encore d’être d’accord. »

Le Medef veut travailler sur les « modalités » de l’âge d’équilibre

Si le Premier ministre s’est montré inflexible sur la nécessité de prévoir un régime à l’équilibre budgétaire, Cyril Chabanier de la CFTC ne désespère pas de « trouver une voie de passage » sur un aménagement du bonus-malus autour d’un âge d’équilibre, en prévoyant notamment des abattements pour rendre le malus moins long dans le temps. La question se posera pour les carrières longues.

Le Medef estime lui aussi que cet âge peut se négocier. « La trajectoire d’équilibre [du régime] est très importante. L’âge est la mesure qui permet de revenir à l’équilibre. Après, dans les modalités, il y a des choses que l’on peut travailler, j’espère, avec les syndicats. Ceux qui sont favorables à la réforme », a précisé le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Le représentant du patronat a, en revanche, exprimé une « fin de non-recevoir » aux deux idées principales de Laurent Berger (CFDT) émises pour revenir à l’équilibre dans le régime : augmentation des cotisations retraite et la possibilité de puiser dans les réserves financières des régimes.

Laurent Berger a martelé que l’âge, tel qu’envisagé par le gouvernement, n’était pas une solution. « La détermination de la CFDT à avoir un régime universel beaucoup plus juste et solide est intacte. Notre volonté de ne pas accepter les mesures d’équilibre avec l’âge d’équilibre est totalement intacte. »

Des gestes sur certains chapitres de la négociation

Mais la CFDT, comme d’autres responsables syndicaux favorables aux principes généraux de la réforme, sont ressortis des consultations avec l’espérance de pouvoir décrocher de nouvelles avancées de la part d’un Premier ministre qui leur a « tendu la main » sur certains sujets. « J’ai senti qu’il pouvait y avoir des ouvertures qui restent à confirmer », a par exemple souligné Laurent Escure de l’UNSA. Ajoutant qu’il « faudrait que demain, lorsque le Premier ministre s’exprimera, on ait des engagements plus fermes ». « Il y a une volonté d’ouvrir des discussions mais on n’a pas le contenu », selon Laurent Berger pour la CFDT.

Cyril Chabanier, président de la CFTC, a également constaté des « gestes » de la part du chef du gouvernement. Selon l’Unsa et la CFTC, le gouvernement pourrait être prêt à fixer le minimum contributif à un niveau supérieur que le seuil de 85 % du Smic envisagé, ou à introduire la mesure avant 2025. Une chose est sûre, il « faut aller plus loin » que 1000 euros, a insisté Laurent Berger. Dans les discussions, il est aussi question de l’éligibilité à ce nouveau droit : quel sort sera réservé aux salariés qui ont multiplié les temps partiels au cours de leur vie professionnelle ?

Des « ouvertures » sont aussi envisageables sur les fins de carrière ou sur le chantier de la pénibilité. Le Medef est opposé à réintroduire de nouveaux critères pour la prise en compte de la pénibilité, le gouvernement n’y est, semble-t-il, pas prêt non plus. Une fenêtre de négociation pourrait cependant s’ouvrir sur le travail de nuit, dans ce dossier.

La CFDT a senti par ailleurs une main tendue sur le chantier des transitions entre les différents régimes vers le régime universel, comme la fonction publique ou les régimes spéciaux.

La CGT et le Premier ministre ne sont restés ensemble qu’une dizaine de minutes. « Ça ressemblait beaucoup à la dernière entrevue qu’on a eue. On a fait le constat qu’on n’était pas d’accord », a indiqué Philippe Martinez. Le numéro 1 de la CGT a estimé que le gouvernement ne faisait « rien pour tenter d’apaiser » le « mécontentement » des Français. La CGT, qui entend maintenir la pression, pourrait « amplifier » ses actions visant à rétablir le courant ou à appliquer des « tarifs à bas coût » pour les abonnés d’EDF n'ayant plus les moyens de payer leurs factures.

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