Réforme des retraites : pour Patrick Kanner, Emmanuel Macron a tenu « un discours de droite »

Réforme des retraites : pour Patrick Kanner, Emmanuel Macron a tenu « un discours de droite »

Emmanuel Macron a estimé mardi 9 novembre que les conditions sanitaires n’étaient pas satisfaisantes pour conduire sa réforme des retraites. Il a toutefois défendu la nécessité d’un report de l’âge légal de départ, et indiqué que des « décisions claires » seraient prises en 2022.
Romain David

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Non, les conditions ne sont toujours pas réunies. En juillet dernier, Emmanuel Macron avait indiqué que la réforme des retraites, l’une de ses promesses de campagne, ne serait mise en chantier que si la situation sanitaire le permettait. Mardi 9 novembre, à l’occasion de sa neuvième allocution depuis le début de la crise liée au covid-19, le chef de l’État a estimé que les conditions n’étaient toujours pas réunies, alors que l’épidémie repart à la hausse en Europe et en France. « Pour autant notre volonté de sauver notre modèle de répartition et d’en corriger les inégalités n’a pas changé », a déclaré le président de la République. « Dès 2022, il faudra prendre des décisions claires », a-t-il ajouté.

« Je ne peux qu’être d’accord avec le président de la République. À six mois de la présidentielle, il n’est pas raisonnable de relancer ce débat », salue après de Public Sénat le sénateur centriste Loïc Hervé. Toutefois, Emmanuel Macron n’a pas précisé si les décisions à prendre le seraient durant le laps de temps qu’il lui reste à occuper la fonction suprême – ce qui semble pratiquement impossible au regard du calendrier parlementaire – où après la présidentielle, c’est-à-dire dans l’hypothèse d’une réélection.

Une ambiguïté que raille Patrick Kanner, le patron des sénateurs PS : « Le non-candidat pas tout à fait candidat mais presque candidat s’est offert mardi soir un meeting gratuit adressé à des millions de Français. Macron cible certains électeurs, et leur dit : si vous votez pour moi, vous aurez cette réforme ! », estime l’ancien ministre de François Hollande. Xavier Iacovelli, membre du groupe RDPI au Sénat, qui réunit les soutiens de l’exécutif, considère que le chef de l’État est resté dans son rôle : « Je ne suis pas sûr qu’il faille déjà parler de programme électoral. Le propre d’un président est d’avoir une vision sur le long terme, qui dépasse le terme de son mandat. Emmanuel Macron montre qu’il a une vision pour 2030, face à des oppositions qui parlent comme en 1930 ».

» Lire notre article : « Coercition », « chantage social »… Des sénateurs réagissent au durcissement du passe sanitaire pour les plus de 65 ans, annoncé par Macron

« Travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal »

Le président de la République a également défendu l’idée d’un report de l’âge légal. « Les décisions feront l’objet de débats démocratiques, mais elles feront l’objet de principes simples : travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal, aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé et en faisant en sorte qu’au terme d’une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1 000 euros », a-t-il énuméré.

« J’ai toujours été partagé sur la durée de cotisation, mais il y a un principe de nécessité qui s’impose », admet Xavier Iacovelli. « La présidentielle peut offrir un cadre pour ce débat. À terme nous ne maintiendrons pas notre système sans le réformer », ajoute-t-il. « Je ne suis pas défavorable à ce qu’on évoque cette question de l’âge », abonde Loïc Hervé pour qui « ce sujet ne peut pas être un tabou dans un pays qui fait face à un papy-boom ».

Mais pour Patrick Kanner, le président continue d’entretenir le flou à des fins électorales, à travers « un discours de droite » : « Le report d’un âge de départ est enfoui dans tous les débats. Il le reprend à son compte, mais il ne nous dit pas quel âge », pointe-t-il.

Mardi, Emmanuel Macron a aussi évoqué la possibilité de « partir en retraite progressivement, d’accumuler des droits plus rapidement pour celles et ceux qui le souhaitent », ainsi que sa volonté « d’encourager le travail au-delà de l’âge légal pour celles et ceux qui en ont envie », sans plus de précision néanmoins quant aux dispositifs envisagés.

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