La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Réforme des Retraites : « Un vote se passant du 49.3 est un vote très très risqué », avertit Bruno Retailleau
Par Romain David
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Jour de vérité pour la réforme des retraites. Le texte issu de la commission mixte paritaire est soumis au vote des députés jeudi après-midi. Un moment particulièrement périlleux pour le gouvernement, dans la mesure où la majorité présidentielle aura besoin des voix des Républicains pour faire passer sa réforme. Or, une partie du groupe d’Olivier Marleix reste particulièrement critique vis-à-vis du projet de loi. De quoi faire monter le suspense. « Si le gouvernement a des assurances, il faut aller au vote. Très franchement, il vaut mieux un vote qu’un 49.3, mais il vaudrait mieux un 49.3 qu’un rejet. Le gouvernement est devant cette question, c’est quitte ou double », a commenté Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, au micro de « Bonjour chez Vous », la matinale de Public Sénat.
Chez LR, « 30-35 députés pour et une vingtaine contre »
« Aujourd’hui, c’est extrêmement périlleux. Il me semble que les comptages ne permettent pas de distinguer une marge suffisante pour assurer une victoire du texte à l’Assemblée nationale », admet le Vendéen. « J’ai eu tard hier soir Éric Ciotti [au téléphone], il m’a donné des chiffres. Les conclusions de la CMP n’avaient peut-être pas encore suffisamment percolé, mais ces chiffres me laissent penser qu’aujourd’hui un vote en se passant du 49.3 est un vote très très risqué », souligne l’élu, qui évoque « 30-35 députés pour et une vingtaine contre ».
« Peut-être que dans la nuit, ce matin, à force d’y réfléchir, il peut y avoir quelques voix supplémentaires », veut croire Bruno Retailleau.
« Notre ligne n’est plus lisible »
La séquence a semé le trouble chez LR où les tenants d’une ligne sociale, en partie rassemblés autour du député du Lot Aurélien Pradié, ont marqué leur opposition au report de l’âge légal de départ et tentés de monnayer certains aménagements au dispositif des carrières longues. En outre, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont les ambitions présidentielles ne font guère mystère, a été critiqué pour son silence sur cette réforme. « La séquence a été inquiétante pour LR, puisqu’il y a quelques mois nous avons fait campagne avec un report à 65 ans. Je suis stupéfait que l’on puisse changer de ligne d’un jour à l’autre », admet Bruno Retailleau. « Notre ligne n’est plus lisible », soupire l’élu.
Les députés du Rassemblement national et de la France insoumise ont fait savoir leur intention de déposer respectivement une motion de censure en cas de recours à un 49.3. Il s’agit du dernier levier parlementaire pour obtenir un rejet du projet de loi, et ce en faisant sauter le gouvernement. Par ailleurs, certains députés LR plancheraient sur une motion transpartisane, susceptible de rassembler des élus de gauche et ceux du groupe LIOT (Libertés, Indépendant, Outre-mer territoires). « Je dis aux LR qui ont déclaré - excusez-moi du peu – qu’ils pourraient s’associer à la Nupes ou au RN pour voter une motion de censure, qu’ils seraient les idiots utiles de Marine Le Pen ou de Mélenchon ! », s’agace Bruno Retailleau, qui brandit la menace d’une exclusion du parti.