Réforme des Retraites : « Un vote se passant du 49.3 est un vote très très risqué », avertit Bruno Retailleau
Invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 16 mars, le président des sénateurs LR a estimé que le gouvernement n’avait pas « une marge suffisante pour assurer une victoire du texte à l’Assemblée nationale ». Selon ses chiffres, « une vingtaine » de députés LR pourrait voter contre l’adoption de la réforme.

Réforme des Retraites : « Un vote se passant du 49.3 est un vote très très risqué », avertit Bruno Retailleau

Invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 16 mars, le président des sénateurs LR a estimé que le gouvernement n’avait pas « une marge suffisante pour assurer une victoire du texte à l’Assemblée nationale ». Selon ses chiffres, « une vingtaine » de députés LR pourrait voter contre l’adoption de la réforme.
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Jour de vérité pour la réforme des retraites. Le texte issu de la commission mixte paritaire est soumis au vote des députés jeudi après-midi. Un moment particulièrement périlleux pour le gouvernement, dans la mesure où la majorité présidentielle aura besoin des voix des Républicains pour faire passer sa réforme. Or, une partie du groupe d’Olivier Marleix reste particulièrement critique vis-à-vis du projet de loi. De quoi faire monter le suspense. « Si le gouvernement a des assurances, il faut aller au vote. Très franchement, il vaut mieux un vote qu’un 49.3, mais il vaudrait mieux un 49.3 qu’un rejet. Le gouvernement est devant cette question, c’est quitte ou double », a commenté Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, au micro de « Bonjour chez Vous », la matinale de Public Sénat.

Chez LR, « 30-35 députés pour et une vingtaine contre »

« Aujourd’hui, c’est extrêmement périlleux. Il me semble que les comptages ne permettent pas de distinguer une marge suffisante pour assurer une victoire du texte à l’Assemblée nationale », admet le Vendéen. « J’ai eu tard hier soir Éric Ciotti [au téléphone], il m’a donné des chiffres. Les conclusions de la CMP n’avaient peut-être pas encore suffisamment percolé, mais ces chiffres me laissent penser qu’aujourd’hui un vote en se passant du 49.3 est un vote très très risqué », souligne l’élu, qui évoque « 30-35 députés pour et une vingtaine contre ».

« Peut-être que dans la nuit, ce matin, à force d’y réfléchir, il peut y avoir quelques voix supplémentaires », veut croire Bruno Retailleau.

« Notre ligne n’est plus lisible »

La séquence a semé le trouble chez LR où les tenants d’une ligne sociale, en partie rassemblés autour du député du Lot Aurélien Pradié, ont marqué leur opposition au report de l’âge légal de départ et tentés de monnayer certains aménagements au dispositif des carrières longues. En outre, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont les ambitions présidentielles ne font guère mystère, a été critiqué pour son silence sur cette réforme. « La séquence a été inquiétante pour LR, puisqu’il y a quelques mois nous avons fait campagne avec un report à 65 ans. Je suis stupéfait que l’on puisse changer de ligne d’un jour à l’autre », admet Bruno Retailleau. « Notre ligne n’est plus lisible », soupire l’élu.

Les députés du Rassemblement national et de la France insoumise ont fait savoir leur intention de déposer respectivement une motion de censure en cas de recours à un 49.3. Il s’agit du dernier levier parlementaire pour obtenir un rejet du projet de loi, et ce en faisant sauter le gouvernement. Par ailleurs, certains députés LR plancheraient sur une motion transpartisane, susceptible de rassembler des élus de gauche et ceux du groupe LIOT (Libertés, Indépendant, Outre-mer territoires). « Je dis aux LR qui ont déclaré - excusez-moi du peu – qu’ils pourraient s’associer à la Nupes ou au RN pour voter une motion de censure, qu’ils seraient les idiots utiles de Marine Le Pen ou de Mélenchon ! », s’agace Bruno Retailleau, qui brandit la menace d’une exclusion du parti.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le