Ce sont des fidèles de la première heure. Dès 2016, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, et son secrétaire d’Etat, Julien Denormandie, se sont rangés derrière Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, dont le mouvement En Marche n’en était qu’à ses premiers balbutiements. Dans la course à la présidentielle, ils y ont cru et ont réussi leur pari : celui d’emmener leur poulain vers le palais de l’Elysée. Politiquement, leur proximité semble donc reposer sur leur engagement commun, sans faille, pour le chef de l’Etat. Bien plus, en réalité, que sur leurs parcours antérieurs qui, eux, s’opposent en tous points.
Julien Denormandie : « Mon identité politique s’est construite avec En Marche »
Il est l’un des « Macron Boys » les plus appréciés du chef de l’Etat. Il serait même « très écouté » par Emmanuel Macron, d’après le président du groupe En Marche au Sénat, François Patriat. Julien Denormandie, 37 ans, figure montante de la Macronie, n’avait paraît-il pas pour obsession de faire carrière dans la politique. Pourtant, c’est bien lui qui a hérité du poste de secrétaire d’Etat au ministère de la Cohésion des territoires, en juin 2017.
François Patriat (LREM) encourage l'action du secrétaire d'Etat au Logement, Julien Denormandie
Un portefeuille « très sensible, celui des territoires, du haut débit. Un ministère qui doit répondre à des attentes très fortes : la cohésion entre l’urbain, les périphéries des villes et le rural », explique François Patriat. Et d’ajouter : « La tâche de Julien Denormandie est difficile car il doit mettre en ordre un certain nombre de propositions qui visent à réconcilier » ces zones géographiques.
Or, le secrétaire d’Etat est tout sauf un élu des territoires. Il n’a d’ailleurs jamais occupé un quelconque mandat électoral. « Mon identité politique s’est construite avec En Marche », déclarait-il en octobre 2017 au journal Libération. Ingénieur de formation, ses premiers pas politiques remontent à 2012, lorsqu’il intègre successivement les cabinets des ministres socialistes Nicole Bricq et Pierre Moscovici. Il y fait la rencontre d’Emmanuel Macron, alors secrétaire général de l’Elysée, qui le repère et le nommera ensuite à un poste clé du mouvement En Marche dès 2016.
Jacques Mézard, l’élu des territoires
2016 : c’est là que Julien Denormandie rencontre Jacques Mézard. Au sein du mouvement En Marche. Lui aussi voit en Emmanuel Macron un candidat sérieux à l’élection présidentielle. Mais il n’est pas vraiment du même style que les « Macron Boys ». Elu historique des territoires, ancien président de la communauté d’agglomération d’Aurillac, ancien sénateur du Cantal puis président du groupe RDSE au Sénat, il a cumulé les expériences locales et nationales.
Un côté ancien monde ? Qu’importe, il a fini par s’imposer comme un très proche du président de la République. « Jacques Mézard a une relation de confiance avec Emmanuel Macron, ils ont été très proches pendant la campagne et ont une relation de confiance », abonde en ce sens Françoise Laborde, sénatrice RDSE.
« C’est un duo qui marche bien », François Laborde (RDSE)
C’est donc côte à côte que l’élu historique des territoires et le novice en politique mènent aujourd’hui la réforme du logement. « C’est un binôme qui marche, ils s’entendent bien et ont une vraie complémentarité entre le côté politique de Jacques Mézard et culture jeune et administrative de Julien Denormandie », explique Françoise Laborde. Avant de préciser : « Jacques est également très dynamique, il dort peu, travaille beaucoup. C’est une bête de travail. Il est bien dans le critère macronien. »
La confiance dans les élus locaux est indispensable pour piloter le ministère du Logement, selon Marc-Philippe Daubresse (LR)
Si certains ont cru voir dans la nomination de Julien Denormandie au ministère de la Cohésion des territoires une façon pour Emmanuel Macron de surveiller Jacques Mézard, ce n’est pas le cas selon Françoise Laborde : « Je ne crois pas du tout à ces théories », explique-t-elle. Et pas plus au fait que Julien Denormandie soit potentiellement quasi seul à la manœuvre de la réforme du logement. « Rien ne vaut l’expérience des élus locaux », explique à cet égard Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR et ancien ministre délégué au Logement et à la Ville de 2004 à 2005.