Les groupes d'opposition à l'Assemblée ont décidé mercredi de boycotter les débats sur la réforme du règlement du Palais Bourbon, dénonçant la "menace" sur l'expression démocratique des parlementaires que comporterait la limitation de leur temps de parole.
"Nous avons décidé de ne pas siéger cet après-midi", "la majorité sera seule avec elle-même", a annoncé Philippe Gosselin (LR) lors d'une conférence de presse en présence d'élus PS, PCF, LFI et UDI, seul le groupe Libertés et Territoires n'étant pas représenté. Au même moment, la séance reprenait dans un hémicycle dégarni sous la présidence de Richard Ferrand (LREM), égrenant des amendements "non défendus".
"A ce stade, le dialogue semble bien rompu et les possibilités de s'entendre bien lointaines", a ajouté le député LR, déplorant d'en arriver à "une phase qui n'est pas agréable" et à cette "décision collective" pour porter "la voix démocratique".
"Nous ne siègerons pas tant qu'il n'y aura pas de solution de compromis", a abondé Mathilde Panot (LFI). "On nous empêche de porter la voix du peuple", a aussi affirmé André Chassaigne (PCF).
Le groupe PS "ne s'associera pas à une démarche d'autorité" menée par la majorité, a aussi affirmé David Habib (PS) tandis que Michel Zumkeller (UDI-Agir) s'est demandé: "Comment peut-on faire un règlement de l'Assemblée quand il n'y a que la majorité qui en parle?".
Dès le début des discussions lundi sur cette réforme qui entend rendre les débats plus "fluides et efficaces" et qui se voulait initialement consensuelle, les oppositions avaient fait front commun, craignant une parole "dégradée" et une opposition "muselée".
Dans la nuit de mardi à mercredi, un article limitant les prises de parole lors des discussions générales a mis le feu aux poudres: il a été adopté au terme d'une soirée agitée, sans la présence des oppositions, qui avaient quitté l'hémicycle en signe de protestation.