En pleine grève du rail, Edouard Philippe a annoncé mercredi les arbitrages sur la réforme des institutions promise par Emmanuel Macron, une réforme "plus symbolique qu'historique" estime jeudi la presse.
Pour Vincent Trémolet de Villers du Figaro, "c’est l’impuissance de nos élus qui dévitalise la politique, pas leur nombre". Alors que Guillaume Tabard, toujours dans le quotidien conservateur, voit "des réformes symboliques, pas un tournant historique".
"Annonces fortes, contours flous" titre Libération en décryptant la réforme. "L’exécutif a tenté d’appliquer ses promesses de campagne sans braquer la droite", explique le quotidien de gauche alors que dans sa lettre politique, son patron Laurent Joffrin estime que cette réforme "est plus proche du toilettage que de la transformation."
Guillaume Goubert de La Croix est du même avis : "pas une révolution mais un aggiornamento, une mise à jour."
"Ce ripolinage de façade ne change pas fondamentalement la donne, mais il ne mange pas de pain non plus", pense aussi Pascal Coquis, des Dernières Nouvelles d'Alsace.
"Pour les 50 ans de la Ve République, le toilettage sera certes sensible, mais sans revenir à la IVe et sans passer à la VIe.", relève Bernard Stéphan de La Montagne/Centre France qui constate un "dosage tactique".
- "Eviter un deuxième front" -
De son côté, Les Echos juge que "l’exécutif parie sur un "accord" avec le Sénat" et souligne que "le Premier ministre a fait des gestes en direction du président" LR Gérard Larcher.
L'exécutif souhaite avant tout "éviter un deuxième front" assure Hubert Coudurier du Télégramme. "En clair, le premier opposant étant désormais Martinez (numéro un de la CGT) et non plus Larcher, inutile de se disperser en multipliant les fronts", analyse-t-il.
Dans Sud Ouest Bruno Dive fait chorus et note qu'en "multipliant les concessions au Sénat, Emmanuel Macron montre aussi qu’il n’est pas prêt au bras de fer sur tous les fronts." "Aurait-il plus peur de Gérard Larcher que de Philippe Martinez ?", s'amuse-t-il.
Denis Daumin, dans La Nouvelle République du Centre ouest, affirme de son côté que ce qui importe aux Français "ces jours-ci c’est le train du matin, pas celui des sénateurs."
"Gérard Larcher a tout le temps nécessaire pour réfléchir et manœuvrer. Le président du Sénat ne dit rien, les négociations sont en bonne voie", préjuge-t-il.
D'aucuns voient au moins un avantage à l'entrée de la proportionnelle dans le mode de scrutin, tel Xavier Brouet du Républicain lorrain qui signale que 60 des 404 députés (pour 577 actuellement)"siégeront grâce à l’injection d’une dose de 15 % de proportionnelle", et espère que cela signera "la fin des majorités godillots dont les rangs LREM offrent une saisissante représentation."
Baisse de 30 % du nombre de parlementaires, 15 % de proportionnelle aux législatives et une adoption repoussée à 2019 : Edouard Philippe a annoncé mercredi les arbitrages sur la réforme emblématique des institutions.