Réfugiés ukrainiens : Gérald Darmanin reste confiant sur les capacités d’accueil françaises
Le ministre de l’Intérieur a été auditionné ce 8 mars par les commissions des lois et des affaires européennes du Sénat, sur l’accueil des réfugiés ukrainiens. L’occasion pour lui d’indiquer que les capacités d’accueil pourraient être revues à la hausse. Il a également pressé le Royaume-Uni de faciliter les entrées de réfugiés.
Le chiffre est tombé dans la matinée. Il traduit l’ampleur du désastre humanitaire en Ukraine, pays qui comptait 44 millions d’habitants en 2020. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé que deux millions de personnes ont fui le pays, treize jours après les premières attaques de l’armée russe. Plus de la moitié des Ukrainiens jetés sur les routes de l’exil pour échapper aux combats, s’est réfugiée en Pologne, où la communauté ukrainienne était déjà importante.
Mais c’est bien l’ensemble de l’Union européenne qui va devoir apporter son aide et faire preuve de solidarité envers les pays limitrophes de l’Ukraine, en première ligne. « Le premier devoir de la France et de l’Europe, c’est d’aider la Pologne, la Hongrie, la Moldavie », a appelé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, auditionné sur cette crise ce 8 mars au Sénat. Deuxième souci pour l’État : « Accueillir un maximum de personnes », et « dans les meilleures conditions », a ajouté le ministre.
Nul ne sait combien d’habitants pourraient à terme quitter l’Ukraine. L’ONU s’attend désormais jusqu’à plus de quatre millions de départs potentiellement. Gérald Darmanin ne s’est pas risqué à donner l’estimation du gouvernement. « Nous ne sommes même pas capables de dire si c’est 1,5 million, 2 millions ou 10 millions qui vont quitter le territoire ukrainien », a-t-il admis face aux sénateurs.
Sur 5 000 Ukrainiens, « 321 demandes d’asile ont été formulées depuis le 25 février »
En France, leur nombre est pour l’heure très réduit, mais il « s’accroît rapidement », selon les mots du Premier ministre Jean Castex en début de journée. Gérald Darmanin a répété les chiffres : 5 000 Ukrainiens arrivés en France, depuis le 25 février, selon le décompte de la police aux frontières, loin d’être exhaustif. « Ces chiffres ne sont sans doute pas le nombre de personnes qui sont en France », a-t-il précisé. Les Ukrainiens porteurs d’un passeport biométrique n’ont pas besoin de visa, en deçà de 90 jours de présence, et les statistiques n’incluent pas les ressortissants ukrainiens qui étaient déjà sur le sol français au moment du début de la guerre. À ce jour, « 321 demandes d’asile ont été formulées depuis le 25 février de la part de personnes venant d’Ukraine », a détaillé le ministre.
Le gouvernement aura une vision plus précise des choses au fur et à mesure que les demandes de protection temporaire lui parviendront. Pour la première fois dans leur histoire, les États membres européens ont activé ce mécanisme créé en 2001. Il offre aux personnes fuyant des zones de conflit un titre de séjour, pour une durée d’un an pouvant être étendu jusqu’à trois ans. Il attribue à ses bénéficiaires le droit d’exercer une activité professionnelle, d’avoir accès à un logement approprié ou encore de recevoir une aide sociale ou encore des soins médicaux.
À ce stade, le gouvernement n’exprime pas de préoccupation sur les capacités d’accueil. « Nous sommes actuellement à 10 798 places possibles pour accueillir ces personnes ukrainiennes. On est largement au-dessus des capacités par rapport aux personnes que nous constatons », a précisé Gérald Darmanin. Ce chiffre comprend jusqu’à présent 6 000 places proposées par des particuliers ainsi que 3 700 recensées par les collectivités locales. La capacité risque pourtant de vite montrer ses limites. « Nous voyons bien que la saturation peut arriver, notamment sur la plaque parisienne […] mais aussi dans le Calaisis », a reconnu le ministre. Il a d’ailleurs annoncé que des décisions seraient « sans doute proposées dès demain en Conseil de défense pour améliorer notre capacité d’accueil ».
« Une situation peu compréhensible » : Gérald Darmanin exprime son impatience vis-à-vis de Londres
Certains Ukrainiens ne font que transiter par la France, c’est notamment le cas des réfugiés souhaitant rejoindre le Royaume-Uni, lequel n’est pas concerné par les règles européennes de protection temporaire. Toute entrée est conditionnée à la présentation d’un visa, que beaucoup d’Ukrainiens, vu leur départ précipité, n’ont pas pu fournir. « 600 Ukrainiens se sont présentés à la frontière britannique à Calais, 300 ont été refoulés dont une très grande majorité de femmes et d’enfants », a déploré le ministre.
Selon lui, la lenteur des Britanniques pour installer une antenne consulaire au plus près de la Manche est « une situation peu compréhensible pour le gouvernement français ». Gérald Darmanin a annoncé qu’il allait écrire une nouvelle fois à son homologue britannique. « Ce que nous voulons, au nom des Ukrainiens qui veulent passer la frontière : c’est qu’on installe à Calais cette antenne consulaire. On est même prêt à leur prêter la sous-préfecture de Calais. Nous espérons que dans les prochaines heures cela soit réglé. » Et d’ajouter : « Personne ne comprendrait qu’on reste dans un schéma très bureaucratique. »
Quant aux frontières orientales de l’Union, le ministre a insisté sur la nécessité de faire preuve de souplesse administrative, mais aussi de coordination européenne. « Il est évident que toute personne qui viendra se présenter aux autorités françaises en Pologne ou en Hongrie, ou qui viendra en France, et qui démontrerait par un certificat de naissance, ou par je ne sais quel autre document qu’elle est ukrainienne, la consigne est extrêmement claire : il n’y a pas de tatillonnement administratif. Elle ne sera pas refoulée à la frontière. On lui délivre un laissez-passer qui lui permet de régulariser. »
L’idée étant de ne pas laisser entrer des individus potentiellement dangereux. « Parce qu’il peut y avoir des personnes dangereuses sur le territoire ukrainien, indépendamment de la guerre. Et parce que nous voyons arriver des personnes extérieures à l’Ukraine venant combattre en Ukraine, habituées à des théâtres de guerre, qui pourraient arriver sur le sol européen », a-t-il déclaré. Le ministre a d’ailleurs annoncé qu’il devait se rendre en Pologne puis en Roumanie, en compagnie de son homologue allemande, pour aborder ces questions.
Au sujet de la souplesse administrative énoncée plus tôt, le sénateur des Français de l’étranger, Jean-Yves Leconte (PS) a évoqué des « difficultés » localement. Le parlementaire en lien avec les officiels français en Pologne a notamment évoqué le cas des passeports non biométriques, qui requièrent la présentation d’un visa.
Le ministre interrogé sur les stocks de pastille d’iodes
Invité à s’exprimer sur la prise en charge des réfugiés, et notamment des enfants, en matière d’accompagnement social ou encore de scolarité, si le conflit venait à durer dans le temps, le ministre ne s’est pas épanché sur cet horizon de moyen terme. « Je ne dis pas que, à la demande du président de la République, nous ne travaillons pas sur des scénarios, mais ça me paraît trop tôt pour les dévoiler, et je ne les connais pas encore totalement », a indiqué Gérald Darmanin.
Sur un tout autre sujet, le président du groupe socialiste, Patrick Kanner s’est demandé si la France était en mesure d’avoir un stock d’iode pour répondre aux « préoccupations des Français », en rappelant au passage le délicat précédent des stocks d’État de masques chirurgicaux au débat de la pandémie de covid-19. L’avertissement de Vladimir Poutine sur la dissuasion nucléaire et les combats au plus près des centrales nucléaires ukrainiennes (un incendie a eu lieu sur un bâtiment de la centrale de Zaporijjia) ont provoqué chez certains Français le besoin de se procurer des pastilles d’iode, en prévision d’un évènement dramatique. « On ne peut pas utiliser ces pastilles n’importe comment et aucunement en matière de prévention. Néanmoins c’est une préoccupation, il y a des pressions qui sont faites sur les pharmacies », a relayé le sénateur du Nord.
Pour Gérald Darmanin, la question est « légitime », mais il est « compliqué de répondre publiquement ». Reconnaissant que « l’angoisse autour des propos du nucléaire est forte », le ministre a expliqué qu’il s’entretenait régulièrement avec les préfets. « J’ai demandé un petit état des lieux, mais pour l’instant ce qui m’a été remonté ne démontrait pas de difficulté particulière, mais c’est encore un peu trop tôt pour que je puisse vous l’affirmer complètement. En tout cas, on s’en occupe. »
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