Refus d’obtempérer : « Nous sommes du côté des forces de l’ordre, mais il y a un sujet de vies humaines perdues », d’après Jérôme Durain (PS)
Invité de Parlement Hebdo est revenu sur la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, qui sera examinée la semaine prochaine au Sénat. Le sénateur socialiste se félicite des efforts budgétaires prévus par le gouvernement, mais appelle à un « travail de fond » sur les refus d’obtempérer, plutôt que d’augmenter les peines.

Refus d’obtempérer : « Nous sommes du côté des forces de l’ordre, mais il y a un sujet de vies humaines perdues », d’après Jérôme Durain (PS)

Invité de Parlement Hebdo est revenu sur la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, qui sera examinée la semaine prochaine au Sénat. Le sénateur socialiste se félicite des efforts budgétaires prévus par le gouvernement, mais appelle à un « travail de fond » sur les refus d’obtempérer, plutôt que d’augmenter les peines.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) sera examinée à partir du mardi 11 octobre prochain, Jérôme Durain, chef de file des sénateurs socialistes sur le sujet, affirme que son groupe votera ce texte, en soutien à cette programmation budgétaire : « Il y a plusieurs dimensions dans le texte qui nous est présenté. Sur la partie budgétaire et programmation, 15 milliards sur 5 ans, c’est bon à prendre. 200 brigades de gendarmerie et 8500 fonctionnaires en plus, c’est intéressant aussi. En responsabilité nous soutenons cette partie budgétaire, après il faut ensuite que cette programmation soit honorée dans les budgets suivants. » Sur la dimension « d’orientation » – et donc plus stratégique – le sénateur socialiste s’est dit intéressé par « les aspects normatifs, notamment sur la cybersécurité », tout en admettant que sur les amendes délictuelles forfaitaires (AFD), les choses étaient « plus compliquées et plus conflictuelles. » Le gouvernement veut en effet étendre le champ de ces amendes à tous les délits punis de moins d’un an de prison, alors que la commission des Lois du Sénat semble pour le moment plus encline à « restreindre son champ d’application. »

>> Pour en savoir plus : « Lopmi : le Sénat veut durcir les peines pour les refus d’obtempérer, les rodéos urbains, et les violences faites aux élus »

« C’est de nature à conforter ceux qui disent ‘la police tue’, et nous ne sommes pas de ceux-là »

Un amendement lors de l’examen du projet de loi en commission au Sénat a tout de même retenu l’attention, puisque le rapporteur LR du texte, Marc-Philippe Daubresse, a fait adopter un amendement qui vise à sanctionner plus durement trois délits spécifiques : les violences faites aux élus, les refus d’obtempérer et les rodéos urbains. « Si l’on veut rendre justice au travail des deux rapporteurs, il faut dire qu’ils ont plutôt policé et lissé le texte. Mais c’est vrai qu’ils l’ont durci avec cet amendement », explique Jérôme Durain. Le sénateur socialiste différencie les trois délits concernés : « Sur la question des violences faites aux élus, on s’aligne sur le régime applicable à toutes les personnes dépositaires de l’autorité publique, ça, ça nous va. Mettre là-dedans les rodéos urbains ne nous paraissait pas de bon aloi, on a demandé à ce que l’amendement soit séparé. »

Mais là où se concentrent les débats, c’est sur les refus d’obtempérer : « Certes, ils augmentent, mais on a aussi l’usage des armes à feux qui augmente de façon beaucoup plus importante. On a une des polices qui tire le plus et tue le plus, il y a un travail de fond à opérer. » Jérôme Durain anticipe les procès en laxisme : « Ne nous faites pas dire que la gauche, les socialistes, sont angéliques. Nous sommes du côté des forces de l’ordre, on veut qu’ils puissent se défendre, mais il y a un sujet de vies humaines perdues. Même si ce sont des gens connus des services de police, on ne tue pas impunément. » D’après lui, réfléchir sur morts lors des refus d’obtempérer serait même dans l’intérêt des forces de l’ordre : « Il faut trouver d’autres solutions parce que c’est inquiétant. C’est de nature à conforter ceux qui disent ‘la police tue’, et nous ne sommes pas de ceux-là. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Refus d’obtempérer : « Nous sommes du côté des forces de l’ordre, mais il y a un sujet de vies humaines perdues », d’après Jérôme Durain (PS)
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le