Pour ses premières questions d’actualité au gouvernement au Sénat, Jean Castex a été interpellé sur la très explosive question de la réforme des retraites, suspendue pendant le confinement.
Interrogé par la chef de file des sénateurs communistes, Éliane Assassi, sur la reprise du travail sur la réforme des retraites annoncée par Emmanuel Macron, le Premier ministre a non seulement confirmé se saisir de la question, mais a aussi insisté sur l’urgence du problème.
« Refuser de parler des retraites (…) serait irresponsable », a-t-il répété par trois fois, arguant que l’équilibre des comptes était menacé par la crise que vit la France à la suite de la pandémie mondiale de Covid-19.
Alors que l’élue de Seine-Saint-Denis en avait appelé à son « gaullisme social », Jean Castex a affirmé être particulièrement attaché « à la conduite des politiques sociales » et a ajouté que le système des retraites, qu’il « connaît bien », n’est pas « juste. »
Méthode et calendrier
Le Premier ministre a expliqué devant les sénateurs qu’il allait « rouvrir le dialogue. » Il veut recevoir les organisations syndicales pour « se mettre d’accord sur une méthode et un calendrier. »
Il compte aussi leur demander de lui faire des propositions, notamment sur « l’équilibre du système actuel. »
Le pensionnaire de Matignon estime que « le système paritaire existant sur les complémentaires Agirc-Arrco » est « confronté à une menace de déséquilibre » et conduira « nécessairement » les partenaires sociaux « à reprendre le chemin des négociations. »
Sur le fond, Jean Castex a souhaité distinguer deux chantiers ; d’une part, la réforme « systémique » vers « un système plus juste et plus égalitaire » ; et d’autre part, la gestion de « l’équilibre du système actuel. »
Très mauvais chemin
Éliane Assassi a rétorqué que le Premier ministre était « sur un très mauvais chemin », tout en soulignant que les syndicats « y compris le Medef » étaient opposés à ce projet de réforme. Elle le juge quant à elle « irresponsable et injuste. »
Enfin, l’élue du groupe communiste a prédit plus de « divisions » dans le pays à cause de ce projet de réforme après la « concorde » nationale durant l’épidémie de Covid-19. « Ces appels à l'unité nationale se fracassent sur la reprise de ce projet. Vous soufflez sur les braises de la division », a-t-elle lancé à Jean Castex.
Le Sénat n’avait pas étudié le projet de loi de réforme des retraites après son adoption, précipité par le 49-3, à l’Assemblée nationale. Il devait arriver en débat au Palais du Luxembourg en avril.