Ce mercredi, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat était l’invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur du Nord a annoncé que le discours de politique générale de Michel Barnier allait avoir lieu le 1er octobre.
Régions et État « partent sur de nouvelles bases »
Par Public Sénat
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L’appel de Marseille, où un vent de révolte avait soufflé chez les trois niveaux de collectivités territoriales (communes, départements et régions), semble avoir été entendu. Ce vendredi, la plupart des présidents de conseil régionaux étaient présents à Matignon pour un déjeuner de travail avec le Premier ministre, qui veut pacifier ses relations avec les élus locaux. L’heure semble au changement de ton, des deux côtés.
Ce nouveau contact avec l’exécutif, après une première réunion à l’Élysée mardi, s’avère positif. « Ce déjeuner est le symbole de la volonté de l’exécutif de reprendre un dialogue que nous n’avions pas connu – disons-le – depuis 18 mois », réagit Hervé Morin, le président de la région Normandie et de l’association Régions de France.
Un engagement de l’État a été confirmé en direction des collectivités territoriales. Celles-ci disposeront d’un cadre financier « stabilisé » jusqu’à la fin du quinquennat, une demande de longue date de la part des élus locaux, désireux d’avoir une trajectoire claire et arrêtée pour leurs budgets.
Si les actes ne suivent pas, « la rupture serait alors définitivement consommée »
« Notre mobilisation a au moins fait l’objet d’une évolution de la position du gouvernement », se félicite l’élu centriste. Il accepte la main tendue mais reste néanmoins « vigilant », chat échaudé craignant l’eau froide. « Notre détermination reste absolument intacte. Nous n’avons pas oublié quel a été notre traitement pendant 18 mois mais nous voulons écrire une page nouvelle et nous sommes prêts à l'écrire, comme nous étions prêts à l’écrire en juillet 2017 », insiste Hervé Morin.
Et de lancer un avertissement, sans prendre de gants : « Dans l’hypothèse où tout cela ne serait que communication, la déception serait immense et la rupture serait alors définitivement consommée ».
Saluant un « changement de méthode », le président de Régions de France n’est pas mécontent d’avoir obtenu des assurances de l’État de pouvoir « co-construire » certaines politiques qui engagent les régions.
Du côté de l’Outre-mer, c’est également un satisfecit. « Le dialogue a repris », souffle Alfred Marie-Jeanne, le président du Conseil exécutif de Martinique.
Le fonctionnement de la Conférence nationale des territoires évolue
« Je pense que nous partons sur de nouvelles bases, sur un dialogue constructif », déclare quant à elle Jacqueline Gourault, la nouvelle ministre de la Cohésion des territoires, et des Relations avec les collectivités, devenue l’interlocutrice unique des élus locaux.
La « Madame collectivités » du gouvernement annonce que le fonctionnement de la Conférence nationale des territoires (CNT) va évoluer. Pour gagner en efficacité, les rencontres seront organisées à des formats plus resserrés. Exit les grands forums semestriels, comme ceux qui avaient réuni en 2017 gouvernement et élus locaux, au Sénat et à Cahors.
L’instance de dialogue autour de Matignon perdure en tout cas. La ministre explique qu'elle recevra chaque niveau de collectivités « à peu près tous les deux mois », et que la CNT se réunira avec le Premier ministre trois fois par an. La prochaine réunion devrait avoir lieu à mi-janvier.
Ce midi, exécutif et élus régionaux ont abordé plusieurs problèmes de fond, comme la question de la formation professionnelle et de l’apprentissage, qui avaient fait l’objet d’une levée de boucliers dans les régions. Il a aussi été question de l’avenir de la PAC et les problématiques qui arrivent en cas d’absence d’accord avec les Britanniques. « Il y a eu des premières réponses à leurs inquiétudes », affirme Jacqueline Gourault.
Malgré ces gages offerts à Hervé Morin et à ses collègues présidents de régions, le gouvernement n’a pas encore éteint tous les incendies sur le front des collectivités, à commencer par l’avenir de la Corse. « C’est toujours le même silence qui a caractérisé la réponse du Premier ministre et de son gouvernement […] On n’est malheureusement pas dans une logique de dialogue », a déclaré, mécontent, Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, qui était venu sans illusions.
Selon le leader autonomiste de l’île, les réponses de l’exécutif « ne sont pas à la hauteur » du message délivré par les Corses lors des élections locales de décembre 2017.