Réguler la finance pour prévoir les crises : solution ou illusion ?
Industrie scélérate, déconnectée, nocive pour les uns ; Caricaturée, nécessaire, vertueuse pour les autres, la finance cristallise le débat politique depuis de nombreuses années. D’aucuns avaient même prédit une crise financière imminente. Pourtant, si la crise est bien là, elle n’est pas venue de la finance, qui se porte bien. Dernier avertissement ou, au contraire, le signe que les leçons ont été tirées de 2008 ?

Réguler la finance pour prévoir les crises : solution ou illusion ?

Industrie scélérate, déconnectée, nocive pour les uns ; Caricaturée, nécessaire, vertueuse pour les autres, la finance cristallise le débat politique depuis de nombreuses années. D’aucuns avaient même prédit une crise financière imminente. Pourtant, si la crise est bien là, elle n’est pas venue de la finance, qui se porte bien. Dernier avertissement ou, au contraire, le signe que les leçons ont été tirées de 2008 ?
Public Sénat

Par Hugo Ruaud

Temps de lecture :

3 min

Publié le

La finance serait-elle désincarnée ? Une entité qui n’a « pas de nom, pas de visage » comme le candidat François Hollande la décrivait en 2012 ? Une accusation un peu facile selon Bertrand Badré, ancien directeur de la Banque Mondiale : « Ça n’a pas de sens, il faut la finance remettre à sa juste place : c’est un outil qui nous permet de nous projeter dans le temps et dans l’espace ». Cependant, comme le souligne le sénateur Éric Bocquet, si l’on s’intéresse à la crise de la Covid, « la finance ne s’est pas effondrée, comme on peut le constater. Pourtant il ne se passe pas un jour sans qu’un plan de sauvegarde de l’emploi ne soit annoncé ». La preuve selon lui d’un déni de la réalité dans le secteur financier, avant d’étayer son propos avec un chiffre : « Chaque jour dans le monde, je crois qu’on est à 5 300 milliards de dollars de transaction financière, moins de 3 % de ces transactions ont un lien avec l’économie réelle ».

« Cette crise nous donne l’occasion de finir le travail ».

Bertrand Badré, ancien directeur de la Banque Mondiale, est moins catégorique : « Cette crise révèle, accentue, souligne tout ce qui n’a pas été fait après la crise financière précédente ». Selon lui, le monde de la finance doit être régulé, mis au service de l’économie et en cela la crise des subprimes a servi de leçon, sans toutefois que ce ne soit suffisant. Et c’est ce qui ferait défaut aujourd’hui. La finance est nécessaire à l’économie, et serait même d’une grande utilité pour affronter les problèmes sociaux ou climatiques que nous nous apprêtons à traverser. Or pour Bertrand Badré, « cette crise nous donne l’occasion de finir le travail ».

Une finance bien régulée, synonyme de panacée ? Pas forcément selon Catherine Larrère, pour qui notre aversion aux crises est le symbole d’une société devenue pessimiste et décliniste. La finance, comme n’importe quel outil, ne garantira rien dans un monde par définition instable. « Prévoir et savoir sont deux choses différentes » nous rappelle la philosophe pour qui, comme l’indique le titre de son livre, « Le pire n’est pas certain ».

Retrouvez l'émission Un monde en docs sur les crises financières en replay sur publicsenat.fr

Dans la même thématique

Réguler la finance pour prévoir les crises : solution ou illusion ?
3min

Politique

Audition de François Bayrou sur Bétharram : il y a une « volonté de LFI et du reste de la gauche de transformer cette commission d’enquête en inquisition », tacle Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat, le député et président délégué du groupe RN à l’Assemblée a réagi à l’audition du Premier ministre sur l’affaire Bétharram. Jean-Philippe Tanguy ne voit pas de « mensonges ou de mises en doute de la probité de François Bayrou » qui justifierait une censure du gouvernement, « pour le moment ».

Le

Réguler la finance pour prévoir les crises : solution ou illusion ?
2min

Politique

Référendum : « C’est l’arme nucléaire », estime François Patriat

A la sortie des questions d’actualité au gouvernement, le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat est revenu sur l’interview du chef de l’Etat au cours de laquelle il a annoncé qu’il serait prêt à recourir au référendum, si le texte sur la fin de vie, en cours d’examen, faisait face à un « enlisement » au Parlement.

Le

Réguler la finance pour prévoir les crises : solution ou illusion ?
2min

Politique

Référendum sur la fin de vie : « Si le Président est prêt à prendre ses responsabilités, nous l’accompagnerons », assure Patrick Kanner

Alors qu’Emmanuel Macron se dit prêt à recourir au référendum sur la fin de vie, en cas de blocage au Parlement, Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat, salue cette annonce. « C’est le seul moment où je l’ai trouvé courageux, cohérent, en disant qu’il faut sortir une loi sur la fin de vie », affirme l’ancien ministre.

Le