Rejet du budget 2022 : le Sénat persiste et signe
Le budget 2022 revenait ce mardi en discussion au Sénat et, comme prévu, la nouvelle lecture n’a pas duré très longtemps. La majorité sénatoriale a maintenu sa position consistant à ne pas examiner un budget qu’elle considère comme insincère et électoraliste et a voté une question préalable (197 voix contre 79), qui vaut pour rejet du texte avant même son examen.

Rejet du budget 2022 : le Sénat persiste et signe

Le budget 2022 revenait ce mardi en discussion au Sénat et, comme prévu, la nouvelle lecture n’a pas duré très longtemps. La majorité sénatoriale a maintenu sa position consistant à ne pas examiner un budget qu’elle considère comme insincère et électoraliste et a voté une question préalable (197 voix contre 79), qui vaut pour rejet du texte avant même son examen.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

On en serait presque frustrés. Habituellement, l’examen du budget occupe très largement la vie parlementaire avant les fêtes de fin d’année. Mais les années d’élections présidentielles, cela n’est plus le cas au Sénat. La majorité sénatoriale avait déjà rejeté le budget 2017 avant même de l’examiner en dénonçant une « mascarade électoraliste. » Rebelote pour le budget 2022. Les termes varient, mais le verdict reste le même : le 23 novembre dernier, la Chambre haute rejetait le budget présenté par le gouvernement en première lecture au terme de l’examen de la première partie sur les recettes. Le Sénat a donc rendu copie blanche et le texte est reparti tel quel à l’Assemblée nationale pour une deuxième lecture, qui l’a examiné et réadopté en un jour vendredi 10 décembre. Du marathon au sprint budgétaire, il n’y a qu’un pas.

>> Lire aussi : Le Sénat rejette le budget 2022 pour dénoncer « la folie dépensière » du gouvernement

Et ce n’est pas le Sénat qui va faire durer le plaisir. En conformité avec sa position d’il y a quelques semaines, les sénateurs ont en effet adopté ce mardi la question préalable déposée par le rapporteur général Jean-François Husson, mettant ainsi un terme d’emblée à la nouvelle lecture du budget au Sénat. Ils ne l’avaient pas fait lors de la première lecture, et avaient même rejeté la question préalable déposée par le groupe communiste, en raison de la volonté des centristes d’examiner l’ensemble du budget. Le groupe LR n’ayant pas la majorité au Sénat sans le groupe Union centriste, il était ressorti de cette dissension une sorte de compromis qui a vu les centristes ne pas prendre part au vote de l’article d’équilibre, laissant ainsi les Républicains rejeter cette clé de voûte budgétaire qui doit être adoptée pour poursuivre l’examen du budget. La majorité sénatoriale n’a donc pas reconduit ce dispositif : les positions de tout le monde sont claires et il faisait peu de doutes que si l’examen avait été écourté en première lecture, la deuxième lecture serait encore plus fugace.

« J’aurais aimé que cette histoire d’amour finisse un peu moins mal »

Jean-François Husson a même presque eu du mal à maintenir le suspense, puisque « la nouvelle lecture ne modifiant pas les équilibres », la position de la majorité sénatoriale avait peu de chances de changer, surtout en deuxième lecture. Rémi Féraud (PS) a pu regretter une « posture qui prive notre assemblée d’une de ses missions essentielles », Vanina Paoli-Gagin (Les Indépendants) critiquer une « chambre d’opposition politique », Pascal Savoldelli (PCF) craindre que ce vote « n’alimente la défiance citoyenne à l’égard de la démocratie » et Christian Bilhac (RDSE) déplorer une « confiscation » du débat budgétaire, le groupe LR n’a pas bronché. Même le groupe Union centriste, membre de la majorité sénatoriale a timidement rappelé son « souhait » de procéder à un examen complet du budget, mais depuis le rejet de l’article d’équilibre en première lecture et l’échec de la commission mixte paritaire le 1er décembre, on savait en vérité que la deuxième lecture ne commencerait pas véritablement.

Au moment de donner l’avis, respectivement, de la commission et du gouvernement sur la question préalable, Jean-François Husson et Olivier Dussopt ne s’y trompent pas et en profitent pour faire leurs remerciements. « Je salue la constance de votre présence et votre degré d’écoute et de compréhension. Notre assemblée est sensible à l’excellente qualité de nos discussions » commence le rapporteur général du budget. Non sans ironie au vu de la teneur des discussions budgétaires jusqu’alors, le ministre chargé des Comptes publics n'est pas moins élogieux, loin de là : « Je voudrais vous remercier, ainsi que les responsables des différents groupes, à mon tour pour la qualité de nos échanges. Je ne voudrais pas vous discréditer avec le président de la commission, en disant à quel point j’ai apprécié nos moments de travail. J’aurais aimé que cette histoire d’amour finisse un peu moins mal. » Non, vous n’êtes pas dans une comédie romantique de Noël, vous êtes bien en deuxième lecture du projet de loi de finances pour 2022. Olivier Dussopt et Jean-François Husson se rêvent en Montaigu et Capulet : des circonstances politiques qui les dépassent ont empêché leur idylle budgétaire. Une fin tragique pour un examen du PLF qui avait depuis le début des airs de fin, mais qui a souvent plus ressemblé à une pièce de Corneille que de Shakespeare.

Partager cet article

Dans la même thématique

Rejet du budget 2022 : le Sénat persiste et signe
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Rejet du budget 2022 : le Sénat persiste et signe
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le