« Nous avons atteint une maturité sociétale, culturelle et technologique » a affirmé Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement au Parlement européen lors de son audition le mercredi 24 juin. Pour lui, il n’est plus question de répéter les manquements de la crise financière de 2008 : « C’est un moment de l’histoire où nous n’avons pas le droit à l’erreur car on ne remettra plus autant d’argent sur la table », explique-t-il. En effet, la crise économique et sanitaire a bouleversé les paradigmes. « Aujourd’hui les solutions sont là pour gagner la bataille du climat » affirme l’initiateur de l’alliance pour une relance verte. La crise sanitaire serait donc l’occasion d’aligner le plan de relance économique sur le Green Deal européen et l’accord de Paris de 2015.
L’argent le nerf de la guerre
« Aujourd’hui 750 milliards d’euros sont potentiellement sur la table auxquels s’ajoutent toutes les aides d’État à hauteur de 2 000 milliards d’euros. Ce sont des montants astronomiques qui correspondent à une dette supplémentaire, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi », prévient néanmoins le président de la commission. Pour lui, il est essentiel de cibler les secteurs qui ont un véritable impact climatique comme la construction, le transport, l’énergie. Certains sénateurs s’inquiètent cependant de voir la souveraineté nationale l’emporter sur un investissement européen commun : « Je suis persuadé qu’une partie des investissements du plan de relance européen peut-être dirigée vers de l’investissement public local », répond Pascal Canfin. Les collectivités locales de chaque États membre remonteraient ainsi par le biais de leur États leurs besoins en investissement et l’Europe se chargerait de faire un don ou un prêt à long terme : « Nous sommes en pleine discussion avec la commission européenne pour concevoir des outils dans ce sens », a-t-il expliqué. L’avantage de ce mécanisme c’est qu’il permettrait non seulement d’investir dans le développement durable mais donnerait également la possibilité aux Etats membres de dégager du budget pour d’autres secteurs.
Pascal Canfin a également insisté sur l’importance d’une politique agricole commune en lien avec des éco-régimes, c’est-à-dire des contrats de transition agricole qui permettraient non seulement de protéger les agriculteurs mais également de les encourager à jouer le jeu du développement durable.
« Il faut qu’on s’assure que la majorité de la société nous suit »
En ce qui concerne la loi climat, Pascal Canfin a insisté sur l’importance d’obtenir l’engagement de l’Allemagne sur la réduction des émissions de carbone de 55 % d’ici à 2030. Il est ensuite revenu sur la convention citoyenne et a rappelé son souhait d’organiser un référendum à questions multiples car « il faut qu’on s’assure que la majorité de la société nous suit. Un référendum avec jusqu’à cinq questions donne l’opportunité d’un débat de société sur des questions structurantes qui peuvent concerner tous les territoires » a-t-il précisé.
Interrogé sur le rapport des différents membres du Parlement avec la Chine, Pascal Canfin a affirmé que la logique est aujourd’hui plus stratégique et concurrentielle : « Thierry Breton a dit, ‘la naïveté est derrière nous’ et il a raison, on assiste à un changement de paradigme », indique-t-il citant le commissaire européen au marché intérieur. L’objectif aujourd’hui est de se doter d’un arsenal de protections pour éviter l’achat d’entreprises stratégiques par la Chine mais « le consensus européen doit être compatible avec l’OMS pour éviter d’entrer dans une guerre commerciale avec la Chine » prévient-il.
Enfin, à la question du sénateur Jean-François Longeot sur son engagement politique, Pascal Canfin conclut : « Depuis les dernières élections, on peut être fier de ce qu’on a fait en Europe, je ne me retrouve pas du tout dans la logique de Nicolas Hulot il y a deux ans.