François Bayrou a dit non et le fait savoir. Mercredi soir, Le président du MoDem a signifié à l’AFP son refus d’intégrer le gouvernement de Gabriel Attal. « Il y avait deux domaines qui me paraissaient mériter un engagement plein : le ministère de l’Éducation, qui connaît aujourd’hui une crise de confiance qui vient de loin et que je croyais que l’on pouvait corriger. Mais de nombreuses discussions m’ont fait conclure à une différence d’approche sur la méthode à suivre qui me paraît rédhibitoire. Le deuxième sujet, c’est le gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris. Toutes les crises de l’aménagement du territoire et la distance désormais de plus en plus grande entre les citoyens et l’action publique. Nous n’avons pas pu trouver un accord sur ces deux points. Et donc, sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement », a-t-il expliqué.
Bayrou de nouveau candidat à la présidentielle ?
Le président du Modem a également indiqué que Gabriel Attal lui avait proposé le ministre des Armées, « mais la défense est le secteur qui, dans la politique française, se porte le mieux à mes yeux », a-t-il décliné.
Sur franceinfo ce jeudi, le soutien historique d’Emmanuel Macron a critiqué la méthode et la composition du gouvernement de l’exécutif. « Qu’est-ce qu’on a promis au pays en 2017 ? Qu’on allait gouverner autrement […] Hier, à la réunion du groupe, un de nos députés a dit : J’ai l’impression qu’on gouverne de plus en plus comme avant » […] « On a un gouvernement qui comporte sur quatorze, onze ministres parisiens ou franciliens […] Et sur 15 membres du gouvernement, pas un seul du sud de la Loire », a-t-il déploré avant de formuler ce qui pourrait s’apparenter à une candidature pour la prochaine présidentielle. « L’enjeu de 2027 c’est qu’on arrive à réconcilier la France qui se bat en bas et celle qui décide en haut […] Je n’ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens ».
Ce désaccord mis sur la place publique à de quoi faire vaciller la majorité présidentielle et pose la question du positionnement des 51 députés Modem à l’Assemblée et de la place des ministres du parti centriste, comme Marc Fesneau. « Une majorité de plus en plus relative… ! Bienvenue au MoDem dans l’opposition », a ironisé le président du groupe socialiste Boris Vallaud sur X.
« Du coup, si Bayrou veut être cohérent, l’ensemble des ministres Modem doivent quitter le gouvernement », a pour sa part estimé le député LR Pierre-Henri Dumont.
Quel place pour le Modem dans la majorité ?
Interrogé sur Sud Radio, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau y voit « une rupture » dans le second quinquennat d’Emmanuel Macron. « C’est la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron […] Il ne pourra plus conduire de politique courageuse […] au moment où la France en a besoin ».
Mercredi soir, devant les députés Modem, François Bayrou avait dénoncé « une démarche d’humiliation » de l’exécutif envers son parti. Sur franceinfo, le Béarnais a néanmoins assuré que le Modem était « un membre à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays ».
Mais au sein du groupe Modem, la stratégie de François Bayrou est déjà contestée. « Si nous n’étions pas satisfaits de la place qui nous était proposée, il eût été envisageable de pratiquer le soutien sans participation. Nous sommes en train de choisir l’inverse. La participation sans le soutien. Ce qui revient à affaiblir dangereusement notre camp tout en nous discréditant nous-mêmes. C’est politiquement inepte et moralement dégradant », a tancé, dans un communiqué, le député Modem, Jean-Louis Bourlanges.