Remaniement : qui pour remplacer les ministres Modem ?
Au lendemain de l’annonce de Sylvie Goulard de sa volonté de ne plus participer au nouveau gouvernement, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont remis leur démission au Président. Des départs qui interviennent quelques heures avant l’annonce du remaniement, prévue ce soir à 18 heures.

Remaniement : qui pour remplacer les ministres Modem ?

Au lendemain de l’annonce de Sylvie Goulard de sa volonté de ne plus participer au nouveau gouvernement, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont remis leur démission au Président. Des départs qui interviennent quelques heures avant l’annonce du remaniement, prévue ce soir à 18 heures.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Trois départs du gouvernement en 24 heures. Deux ministères régaliens laissés vacants. Plus aucun Modem dans les rangs de l’exécutif. Empêtrés dans l’affaire des assistants parlementaires du Parlement européen, Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez, respectivement chargés des Armées, de la Justice et des Affaires européennes, ont préféré laisser leur place. Ce soir, à 18h, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler devrait annoncer la composition du gouvernement Philippe II.

Jean-Pierre Raffarin a un temps été pressenti à la Défense, mais le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat a fait savoir sur Twitter qu’il avait d’ « autres projets » que celui d’entrer au gouvernement. Quant à Xavier Bertrand, il a déclaré n’être « pas du tout intéressé ».

« Autour de Bayrou, c’est le désert »

C’est pourtant bien chez Les Républicains que le couple exécutif devrait aller chercher de nouvelles personnalités. L’arrivée de nouveaux ministres Modem semble effectivement largement compromise, « à moins d’en trouver qui n’ont pas été parlementaires européens », précise Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof. Et d’ajouter : « Mais on ne voit pas bien qui car autour de Bayrou c’est le désert. »

Bruno Cautrès n’exclut pas que des « centristes de l’UDI » entrent au gouvernement. Mais là encore, difficile d’identifier des ministrables. « Yves Jégot pourquoi pas, mais Jean-Christophe Lagarde serait un élément de déstabilisation majeure à droite. S’il franchit ce pas, il se coupe de toute perspective de l‘alliance avec les LR. »

« Une hécatombe dans les rangs socialistes »

Enfin, à gauche, les législatives ont été « une telle hécatombe dans les rangs socialistes, qu’ils soient frondeurs ou macro-compatibles » que le politologue n’envisage pas que le nom d’un membre du PS soit prononcé ce soir. D’autant que parmi ceux qui ont « survécu aux élections, la plupart ont été ministres de Hollande ». Or Emmanuel Macron a fait part de sa volonté de se démarquer du quinquennat précédent.

Restent alors Les Républicains, mais pas n’importe lesquels et au risque que l’exécutif déplace son « centre de gravité à droite, offrant ainsi un argumentaire à la gauche pour se reconstruire ». Emmanuel Macron et Édouard Philippe opteraient plutôt pour « des Républicains centristes », au profil « giscardien ». « Nathalie Kosciusko-Morizet aurait très envie de rentrer au gouvernement. Déjà pour le premier gouvernement, elle se voyait ministre de la Défense », confie Bruno Cautrès. L’ancienne ministre de l’Écologie vient toutefois de perdre les législatives. Et, comme le remarque le politologue, Emmanuel Macron se mettrait dans une position « difficile » s’il faisait entrer au gouvernement des candidats battus aux législatives alors même qu’il avait posé comme principe une victoire à ces élections pour que les ministres déjà en place puissent rester.

« Un professionnel de la Justice » et un glissement de Le Drian

Bruno Cautrès évoque brièvement le nom de Thierry Solère, avant de dresser le portrait du ministre idéal : « Une personnalité  jeune, peu connue des Français et, de manière stratégique, qui permet d’atténuer le sentiment que le centre stratégique du gouvernement est placé à droite. » Selon lui, l’idéal serait d’opter pour un Républicain peu connu, un élu local du type d’Édouard Philippe avant qu’il devienne chef du gouvernement. Un profil qui reste toutefois peu compatible avec un ministère régalien, comme le sont ceux de la Défense et de Justice. Comme  garde des Sceaux, l’exécutif pourrait nommer « un professionnel de la Justice », à l’image de Muriel Pénicaud, au Travail.

À la Défense, un « glissement » de Le Drian, actuellement aux Affaires étrangères, est envisageable. Un ministère qu’il connaît très bien puisqu’il l’a occupé tout au long du quinquennat précédent.

Finalement, la seule personnalité qui semble remplir tous les critères, c’est Fabienne Keller. « Un profil lisible par les Français et un discours plus que constructif » selon Bruno Cautrès. Et d’ajouter : « Elle n’est pas loin d’être clairement macroniste et a multiplié les mains tendues à son égard. » Autre qualité et pas des moindres, elle a été maire de Strasbourg, un ancrage local et un symbole pour l’Union européenne. « C’est une européiste convaincue », renchérit le politologue. Un profil qui conviendrait parfaitement pour remplacer Marielle de Sarnez aux Affaires européennes.

Dans la même thématique

Remaniement : qui pour remplacer les ministres Modem ?
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Remaniement : qui pour remplacer les ministres Modem ?
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le

SIPA_01204192_000001
6min

Politique

Olivier Faure à la tête du PS : « Ce que va montrer le congrès de Nancy, c’est la faiblesse du parti »

Après sa réélection de justesse à la tête du PS, le plus dur commence pour Olivier Faure. Le premier secrétaire va avoir la lourde tâche d’unir un parti divisé, de conserver ses principaux bastions socialistes aux prochaines municipales ou encore de fixer une stratégie pour une candidature crédible à la prochaine présidentielle. Analyse du politiste Pierre-Nicolas Baudot et de l’historien, Alain Bergougnioux.

Le