Paris  Marine Tondelier meets French PM
Les Écologistes à Matignon /Credit:JEANNE ACCORSINI/SIPA/2509171658

Rencontre à Matignon : les Écologistes menacent de « renverser Lecornu » s’il ne « renverse pas la table »

Tous les dirigeants de gauche, à l’exception de La France insoumise, qui a décliné l’invitation, se sont succédé mercredi 17 septembre dans le bureau du nouveau Premier ministre. À la sortie de Matignon, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, entourée de ses deux présidents de groupe, a résumé des échanges sans réponses concrètes.
Emma Bador-Fritche

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« On a été extrêmement cash », a insisté Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, à la sortie des consultations budgétaires avec Sébastien Lecornu. Les responsables écologistes ont insisté sur « les sujets environnementaux, de justice sociale et fiscale », mais regrettent de n’avoir obtenu que des « intentions ». « On attend des réponses fermes », a martelé Marine Tondelier. Le constat est partagé par ses alliés parlementaires : « On n’a pas de réponses, ni de ligne politique », nous a précisé Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, joint par téléphone après les consultations.

L’urgence sociale et fiscale

Les écologistes ont rappelé l’ampleur des défis. « Le Réseau Action Climat a listé 43 reculs majeurs depuis le début de l’année en matière de climat », a relevé Marine Tondelier, dénonçant une trajectoire « affolante ». Mais la crise, selon elle, dépasse l’écologie, « Le lien de confiance entre les Français et ceux qui les gouvernent est déjà très abîmé et on est au bord de la crise de nerfs et de la rupture. »

La question fiscale a aussi occupé les discussions, notamment la proposition de taxe Zucman. « Il vient d’arriver, il doit se rendre à Bercy, nous n’avons pas eu de réponse très claire », a reconnu Marine Tondelier. Sa collègue Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, a dénoncé un budget qui « demande toujours aux mêmes » et a appelé à « revenir à une logique de partage des richesses ».

« Un air de déjà-vu »

Pour les parlementaires écologistes, la nomination de Sébastien Lecornu ne marque aucune inflexion politique. « Il y avait dans ce rendez-vous un air de déjà-vu avec ses prédécesseurs Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou. C’est toujours la même politique, les visages changent mais la ligne politique reste », a observé Cyrielle Chatelain.

Guillaume Gontard a livré un constat similaire : « Les ministères se succèdent mais qu’est-ce qui changerait ? Qu’est-ce qui fait qu’il n’arriverait pas la même chose à Lecornu qu’à Bayrou ou Barnier, s’il n’y a pas de rupture de changement politique ? » Selon lui, le chef du gouvernement demeure « toujours dans les griffes des LR » et n’est que « le fidèle parmi les fidèles, garant de la politique de Macron donc garant de sa poursuite ».

La députée Chatelain n’exclut d’ailleurs pas une censure : « Soit Lecornu renverse la table, soit il sera renversé. »

« On va attendre qu’il fasse des déclarations »

Si les écologistes concèdent « une rupture avec son prédécesseur sur la forme et sur la qualité des rendez-vous », ils jugent que le fond reste inchangé. Guillaume Gontard décrit un Premier ministre « plus capé, qui connaît les sujets », mais qui « n’a donné aucune réponse ni orientation claire ».

À ce stade, le constat reste amer : « On va attendre qu’il fasse des déclarations », a conclu le sénateur, se disant « très inquiet » car « le gouvernement n’a pas pris la mesure de l’attente des Français ». Selon lui, la première véritable échéance de Sébastien Lecornu sera « le discours de politique générale », une étape décisive dans un contexte de « forte attente des citoyens ».

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