Rencontre avec Macron: « On doit évidemment rester au gouvernement », soutiennent les sénateurs LR

Avant la rencontre des chefs de partis et présidents de groupes parlementaires, hors RN et LFI, à l’Élysée, les sénateurs LR ont, eux, aussi fait passer un message à Emmanuel Macron. Pas vraiment enclins à une ouverture à gauche, ils souhaitent que la droite reste au gouvernement, en particulier Bruno Retailleau. D’autant plus confiants, qu’ils n’imaginent pas le RN censurer le prochain gouvernement de sitôt.
Simon Barbarit

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« Voir le NFP éclater ne nous déplairait pas. Mais on ne peut pas non plus renier nos convictions en gouvernant avec la gauche. C’est un choix cornélien », résume le sénateur LR des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot quelques heures avant la rencontre des chefs de partis et présidents de groupes parlementaires, hors RN et LFI, à l’Élysée. Après les avoir reçus un par un, Emmanuel Macron compte leur proposer « un contrat de méthode » afin de trouver un chemin vers un « gouvernement d’intérêt général ».

Mais le chemin pourrait aboutir à une impasse au regard des conditions posées par les uns et les autres. « On se demande à quoi cette réunion va servir puisque les socialistes ne veulent pas participer à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite. Et nous, nous ne voulons pas participer à un gouvernement dirigé par la gauche. Le président de la République veut donner le sentiment qu’il consulte », soupire Roger Karoutchi, à la sortie de la réunion de groupe hebdomadaire. Le sénateur des Hauts-de-Seine reste néanmoins confiant et formule un pari sur l’avenir. « La leçon Barnier doit, certes, être retenue. Mais je vois mal Marine Le Pen et ses troupes, censurer tous les trois mois le gouvernement ».

« Nous avons un répit de quelques mois. Marine Le Pen a mis à bas sa stratégie de respectabilité qu’elle menait depuis 5 ans. Elle le regrette amèrement », veut croire un sénateur LR de premier plan en plein conciliabule avec deux collègues.

« Si on n’est pas dans l’action politique, on n’existe pas »

C’est pourquoi, les sénateurs LR entendent bien pousser leur avantage obtenu en septembre avec la nomination de Michel Barnier à Matignon. « Si on n’est pas dans l’action politique, on n’existe pas. Donc rester en dehors du gouvernement n’aurait pas beaucoup de sens », appuie la sénatrice de Paris, Agnès Evren. Le patron des députés de la Droite Républicaine, Laurent Wauquiez a lui tardé avant d’appeler à la nomination d’un Premier ministre de droite. Le candidat putatif de LR à la présidentielle de 2027, qui se voyait bien il y a encore quelque temps à Beauvau, pour lancer sa campagne, s’est finalement résolu dimanche, dans les colonnes du Figaro, à demander que Bruno Retailleau continue « son action au ministère de l’intérieur ». S’il n’a pas eu le temps de mener des réformes, le ministre démissionnaire fait figure de grande réussite, au sein de la droite sénatoriale qu’il a dirigé jusqu’en septembre. « S’il y a 11 millions d’électeurs qui ont demandé des réponses très fortes sur les questions d’autorité, de sécurité, de respect de la laïcité, de valorisation du travail, on doit évidemment rester au gouvernement », soutient Agnès Evren.

Alors que le gouvernement Barnier, comptait six ministres issus du groupe LR du Sénat, la raison du maintien de la droite au sein du prochain exécutif se révèle aussi plus pragmatique. « Regardez-les », nous désigne un sénateur LR alors que nous peinons à mettre des noms sur des sénateurs, les suppléants qui ont remplacé les ministres. « Il y a encore deux mois, ils étaient à la tête d’exécutifs locaux. « Ils auraient tout lâché pour deux mois au Sénat ? ».

« Ces priorités seront débattues avec le futur Premier ministre pas avec le chef de l’Etat »

Lors de la réunion de groupe, les sénateurs LR se sont particulièrement agacés du rôle indu, selon eux, qu’Emmanuel Macron s’attribue dans cette séquence. Le président du groupe LR, Mathieu Darnaud rappelle qu’il a déjà, avec Laurent Wauquiez, présenté au Président les priorités de sa famille politique, vendredi soir. « Nous serons là pour entendre ce que le président de la République a à nous dire […] La Constitution est très claire. Il appartient au chef de l’Etat de choisir le premier ministre. A partir de là, quand nous connaîtrons son nom, nous échangerons avec lui pour évoquer qu’elle pourrait être une participation ou non, ce gouvernement et surtout, quelles seraient les priorités de ce gouvernement ? Ces priorités seront débattues avec le futur Premier ministre pas avec le chef de l’Etat », appuie Mathieu Darnaud.

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