Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu’on n’a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.
Théodore Azouze

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Sébastien Lecornu sur un fil. Le nouveau Premier ministre, nommé il y a une semaine par Emmanuel Macron, poursuit ses concertations à Matignon. Après avoir reçu les représentants du « socle commun » la semaine dernière, puis les organisations patronales et syndicales depuis lundi, il rencontrera mercredi les représentants du RN, mais aussi de plusieurs formations de gauche. Le Parti socialiste, auquel tend la main une partie du bloc central, répondra à l’invitation

Un rendez-vous destiné à mettre la pression sur le Premier ministre, assure Patrick Kanner, invité ce mardi 16 septembre de la matinale de Public Sénat. « Il aura devant lui ni des partenaires, ni des soutiens, ni des supplétifs », mais « une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », indique le président du groupe socialiste au Sénat. Taxe Zucman sur les hauts patrimoines, suspension de la réforme des retraites de 2023… Les socialistes mettent sur la table plusieurs revendications. « On veut être une gauche utile, mais qui sera très exigeante », explique Patrick Kanner. 

« Nous n’avons pas peur de la dissolution »

Cette consultation sera avant tout l’occasion d’évoquer le projet de budget pour l’année 2026. Sébastien Lecornu espère obtenir les voix socialistes pour faire adopter le projet de loi, mais aussi échapper à une chute de son futur gouvernement. « Quand on a 39 ans, je crois qu’on n’a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », souligne Patrick Kanner, en référence à l’âge relativement jeune du nouveau locataire de Matignon. Le Premier ministre « sait que nous n’avons pas peur de la dissolution si elle devait advenir », ajoute le socialiste.

« Notre choix, c’est d’aller d’abord au dialogue. Est-ce que le dialogue veut dire automatiquement négociation ? La réponse est non », détaille Patrick Kanner. Le sénateur du Nord espère percevoir les « ruptures » promises par l’ex-ministre des Armées après son arrivée à son nouveau poste. « Il y a des questions de justice fiscale, de répartition de l’effort et il faut y travailler sans idéologie, j’y suis prêt », a indiqué Sébastien Lecornu samedi, dans un entretien accordé à plusieurs titres de presse régionale.

Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, a qualifié ce mardi sur RTL « l’attitude » du Parti socialiste comme « consternante ». Selon lui, avec leurs propositions, les socialistes « envoient valdinguer le programme du Nouveau Front Populaire défendu l’année dernière ». « LFI, c’est la valse à quatre temps : dissolution, destitution, insurrection, Mélenchon », rétorque Patrick Kanner. Pour lui, ce dernier est « pressé d’aller à l’élection, notamment présidentielle ».

Faire flotter le drapeau palestinien sur les mairies ? Patrick Kanner pas sur la même ligne qu’Olivier Faure

Outre ce calendrier politique, Patrick Kanner a aussi évoqué ce mardi la question du conflit en cours au Proche-Orient. Le 22 septembre, la France devrait reconnaître officiellement l’État de Palestine, à l’occasion d’une conférence sur « la solution à deux États » tenue au siège de l’ONU à New York (États-Unis) et coprésidée par Emmanuel Macron. Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé dimanche à « faire flotter » le drapeau palestinien sur les mairies français pour saluer cette reconnaissance. 

La demande du numéro 1 du PS a été vivement critiquée par le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau. « Il y a suffisamment de sujets de division dans le pays pour ne pas importer le conflit du Proche-Orient », a déclaré le patron des Républicains. Au sein même du camp socialiste, la proposition fait débat. « J’aurais été beaucoup plus sensible à l’idée (…) d’avoir les deux drapeaux » israélien et palestinien sur le fronton des mairies, précise Patrick Kanner. Lundi, le député PS Jérôme Guedj avait exprimé une idée similaire lors d’une interview sur BFMTV, afin de « pouvoir assumer la position qu’est celle de deux États ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu’on n’a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le

Paris : Preparations for the handover ceremony of the new Prime minister
3min

Politique

Quels sont les avantages dont bénéficient les anciens Premiers ministres et ministres ?

Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.

Le