Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Rencontres de Saint-Denis : la lettre d’Emmanuel Macron laisse toujours les oppositions dans l’expectative
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Les « Rencontres de Saint-Denis » déboucheront bien sur d’autres initiatives politiques. Une semaine après avoir réuni pendant près de douze heures, au nord de Paris, les responsables des principaux partis, Emmanuel Macron s’est engagé à prolonger le format, et à associer ses interlocuteurs sur plusieurs chantiers. Le chef de l’État a en effet transmis un courrier dans la nuit aux intéressés. Ces derniers ont jusqu’à dimanche pour répondre à la main tendue et faire des contre-propositions éventuelles, avant une « prochaine rencontre ». Le calendrier doit être dévoilé la semaine prochaine.
Le document présidentiel dresse sur six pages la synthèse des échanges nocturnes tenus dans la cité dionysienne, listant les quelques rares points d’accord comme la position de la France face à la guerre en Ukraine, tout comme les nombreux points où les consensus sont pour le moment absents. En matière de changements institutionnels – comme l’introduction d’une dose de proportionnelle, l’approfondissement de la décentralisation ou l’avenir du non-cumul des mandats – Emmanuel Macron propose aux chefs de partis de « mener un travail en direct » avec eux « durant les mois à venir » pour « construire la proposition la plus ambitieuse possible ».
Toujours sur le plan du fonctionnement démocratique, le chef de l’État s’engage à faire une proposition « dans les semaines qui viennent » sur une modification des modalités du recours au référendum, dans le but de l’utiliser éventuellement sur les questions d’immigration. Parmi les autres annonces : celles d’un débat au Parlement sur la situation au Sahel mais aussi la convocation d’une Conférence sociale, sur la question de salaires, dont les modalités restent encore à définir avec les partenaires sociaux.
Un format « utile » pour le sénateur Hervé Marseille, qui attend néanmoins des « précisions »
Président du groupe Union centriste au Sénat, la deuxième force de la majorité de droite et du centre, Hervé Marseille salue un contenu qui est « le reflet fidèle des échanges » qui se sont tenus il y a quelques jours. « Maintenant, on va voir comment ça se déroule, on va attendre d’avoir des précisions », patiente le sénateur des Hauts-de-Seine. « Il y a une tentative de trouver des solutions, car il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale », observe le parlementaire, qui vante un rendez-vous « utile ». La volonté d’Emmanuel Macron de poursuivre les discussions, notamment sur la sphère institutionnelle, s’explique probablement par le fait qu’une majorité des trois cinquièmes pour réviser la Constitution est loin d’être gagnée. « De toute façon, les décisions et les débats se prendront au Parlement. Ces travaux permettent d’échanger, de préparer les dossiers », estime le sénateur.
Si beaucoup de partis d’opposition ont salué le format inédit de cette « initiative politique d’ampleur », selon les mots de l’Élysée, la plupart d’entre eux ont étalé leur déception au lendemain de l’entrevue. Une semaine plus tard, la missive du chef de l’État n’a pas dissipé l’atmosphère de scepticisme. Les écologistes ont été parmi les premiers à s’exprimer, déçus par « l’infime place » qu’occupe l’écologie dans la lettre. Abordée en fin de dernière page, la thématique environnementale est renvoyée à la présentation, en avant-première aux présidents de partis, du projet de Planification écologique. « Inquiétant » et « anachronique » dénonce Europe Écologie-Les Verts.
« Des ambiguïtés à tous les étages » regrette un socialiste
Toujours à gauche, un cadre socialiste peine à trouver les mots vis-à-vis de la lettre d’Emmanuel Macron. « Un grand fourre-tout. Le président de la République décide de ce qu’il accepte de parler, nous obligeant au passage au dialogue avec le RN », s’exclame cet élu, avant de regretter « des ambiguïtés à tous les étages ».
La semaine dernière, d’autres familles ont également pressé le chef de l’État de passer aux suites concrètes. Jordan Bardella, du Rassemblement national se disait « dans l’incapacité » de préciser sur quoi déboucheraient ces rencontres, et Manuel Bompard disait avoir eu « l’impression de vivre 12 heures sur la planète Mars ». « Tout cela doit se traduire concrètement », s’impatientait également Éric Ciotti.
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