« L’ultime rendez-vous » pour le RN. Mais toujours pas « de vision précise de ce que monsieur Lecornu souhaite faire », déplore Marine Le Pen, « ce qui est inquiétant à quelques jours du discours de politique générale ». A 9 heures, le parti à la flamme était attendu à Matignon, pour une rencontre finale avec le Premier ministre. Suivront le Parti socialiste, les Écologistes et le Parti communiste, l’occasion pour les cadres de l’opposition d’exprimer une énième et dernière fois leurs doléances, alors que la nomination du gouvernement est imminente.
Les lignes rouges du RN : « soit il en tient compte, soit il n’y a pas d’accord »
Marine Le Pen a tenu à remettre sur la table ses revendications, à sa sortie de Matignon. Des « exigences » qui sont toujours « les mêmes » : « arrêter la folie dépensière d‘une immigration absolument dérégulée », « alléger si possible la pression fiscale et notamment sur les classes moyennes », « commencer le combat contre les fraudes, un vol organisé des Français » et « retrouver la sagesse dans notre contribution à l’Union européenne, qui a augmenté dans des proportions inadmissibles ».
Le Premier ministre lui a-t-il fait des concessions ? « Je n’étais pas venue pour en réclamer », lâche la cheffe de fil du parti. Et ses lignes rouges, « soit il en tient compte, soit il n’y a pas d’accord ». Pour l’heure, Marine Le Pen « ne voi[t] pas bien la rupture avec le macronisme », et met en garde : « C’est la rupture ou la censure ». C’est sur le discours de politique générale, attendu en début de semaine prochaine, que tout va se jouer, alors que « personne n’attend les ministres », selon elle. Avec des annonces qui devront « être plus clair [es] », « pour convaincre le Rassemblement national de participer » aux travaux du budget.
Pas de 49-3 : un geste « plutôt respectueux de la Constitution »
Une trentaine de minutes avant de recevoir Marine Le Pen, Sébastien Lecornu a annoncé « renoncer à l’article 49-3 » dans l’examen du budget, lors d’une prise de parole sur le parvis de Matignon. Un premier signe de « rupture », afin que « chaque député puisse avoir du pouvoir », « dans le moment le plus parlementaire de la Ve République », a-t-il justifié. Si « ça ne change pas fondamentalement les choses » aux yeux de la cadre du RN, elle concède un engagement « plutôt respectueux de la Constitution » et « de la démocratie », qui détonne des mandats des anciens locataires de Matignon. Sébastien Lecornu devra ainsi trouver « une majorité à l’Assemblée nationale », « dans les différents secteurs du budget ». Ce qui devrait donner « un pouvoir supplémentaire » au RN, glisse-t-elle, puisque « nous sommes le premier groupe à l’Assemblée nationale ».
Mais cette annonce du Premier ministre n’entraînera aucune contrepartie de la part de l’extrême droite, qui attend « l’issue du discours de politique générale » pour décider d’une éventuelle censure, « si aucun élément ne pourra sauver ce gouvernement », prévient-elle.
Élection de deux vice-présidents RN au bureau de l’Assemblée : « Nous sommes revenus à une normalité »
Le RN a fait son grand retour au bureau de l’Assemblée cette semaine, avec l’élection de deux vice-présidents sur les six places en jeu, grâce aux voix du bloc central. Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont retrouvé leur poste déjà occupé entre 2022 et 2024, au grand dam de la gauche qui appelait à ne donner aucun suffrage à l’extrême droite, en vertu du front républicain défendu lors des dernières élections législatives. Pour Marine Le Pen, « nous sommes revenus à une normalité », évoquant le règlement de la Chambre basse du Parlement « qui exige que le bureau soit constitué en se rapprochant le plus du poids » des différentes formations politiques. Alors, « je ne vais pas dire merci », conclut-elle.