Rentrée universitaire : « Aucun programme d’investissement pour adapter les locaux n’a été mis en place », pointe Pierre Ouzoulias

Rentrée universitaire : « Aucun programme d’investissement pour adapter les locaux n’a été mis en place », pointe Pierre Ouzoulias

La ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé, mercredi, le maintien des examens en présentiel malgré la hausse considérable des cas de contamination. Le retour des jauges dans les amphithéâtres n’est pas non plus à l’ordre du jour. La ministre justifie cette décision par la couverture vaccinale des étudiants. Une mise au clair tardive, juge-t-on au Sénat où des précisions sont demandées quant aux examens de substitution.
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Par Héléna Berkaoui

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La France enregistre un nouveau record de contaminations en franchissant pour la première fois le seuil des 200 000 nouveaux cas dans les dernières 24 heures, mardi 29 décembre. Malgré la fulgurance du variant Omicron, la ministre de l’Enseignement supérieur a décidé de maintenir les examens et les partiels en présentiel. Le retour des jauges dans les amphithéâtres n’est pas non plus à l’ordre du jour.

Lorsque les examens se sont déroulés à distance dans les universités en 2020, « cela a été très compliqué, en termes de connexion », a justifié la ministre sur France info. Cette décision répond à « la demande majoritaire des étudiants », dont « près de 92 % étaient vaccinés », a aussi appuyé Frédérique Vidal. Des campagnes de rappel de vaccination seront « organisées sur les campus » dès la rentrée, a-t-elle ajouté. Le délai entre la dernière injection et la dose de rappel a été ramené à trois mois.

Des examens de substitution pour les étudiants contaminés ou cas contact

Seul cas où un report des examens pourra être envisagé : « si une promotion est particulièrement touchée » et qu’un cluster venait à se former. Pour les étudiants positifs ou cas contact, « il y aura des sessions de substitution. Les personnes concernées ne seront pas envoyées aux rattrapages », assure la ministre.

« Il était temps que la ministre s’exprime », note le président de la commission de l’Éducation au Sénat, Laurent Lafon (Union centriste). Il s’était étonné de ne pas avoir entendu le Premier ministre à ce sujet lors des annonces sur les nouvelles mesures sanitaires, lundi. La déclaration de la ministre de l’Enseignement supérieur intervient moins d’une semaine avant le début des premiers partiels.

Laurent Lafon comprend, néanmoins, la décision de maintenir les examens en présentiel dans la mesure où les étudiants ont déjà largement pâti de l’enseignement à distance. « Le fait que les conditions d’examen soient maintenues est plutôt une bonne chose. Il n’y a pas de solution parfaite », concède-t-il.

Gestes barrières et aération : des conditions difficiles à réunir

« Le raisonnement de la ministre est de dire que le taux de vaccination est élevé chez les étudiants mais je me demande : est-ce qu’il y aura une distanciation dans les amphis ? Est-ce que la décision est laissée à l’appréciation des présidents d’universités ? », questionne-t-il. Le sénateur centriste reconnaît, toutefois, qu’il y a des universités où la distanciation est impossible.

Des incertitudes demeurent également sur les examens de substitution. « Cela peut être intéressant mais ça demande des précisions : qui pourra accéder à ces examens et dans quelles conditions ? », s’interroge Laurent Lafon. La question pourrait notamment concerner les étudiants atteints de comorbidités ou résidant avec un parent à risque.

La décision du maintien du présentiel satisfait également le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias. « On ne peut pas fonder toute une politique nationale sur des critères médicaux », juge-t-il. Le sénateur des Hauts-de-Seine rappelle tout de même que les scientifiques plaident, encore et toujours, pour des mesures contre la transmission du virus par aérosol.

« Il aurait fallu aménager les lieux, mettre des capteurs de CO2… Aucun programme d’investissement pour adapter les locaux n’a été mis en place », dénonce Pierre Ouzoulias

« Il aurait fallu aménager les lieux, mettre des capteurs de CO2… Aucun programme d’investissement pour adapter les locaux n’a été mis en place », dénonce Pierre Ouzoulias. Aujourd’hui, « il y a des universités au bord de la banqueroute financière. A Nanterre, par exemple, ils n’ont absolument pas les moyens de faire ces aménagements ».

La commission de l’Éducation a mené une mission d’information dont les conclusions ont été publiées en juillet dernier (lire ici). « Les causes qu’on avait identifiées dans le rapport sur la vie étudiante n’ont pas été traitées », constate à ce jour Pierre Ouzoulias. Une proposition de résolution reprenant les conclusions de ce rapport sera d’ailleurs débattue au Sénat mardi prochain.

« Frédérique Vidal se dit satisfaite de son bilan mais le déni ne peut pas servir de politique »

Le rapport préconisait une remise à plat du système de bourses. « Le problème fondamental, c’est le revenu des étudiants. Sur la réforme des bourses, on n’a rien eu. Sur le contrat d’engagement jeune, censé apporter un revenu aux étudiants qui ne perçoivent pas de bourse, on n’a rien obtenu non plus », regrette-t-il. Et de rappeler que « le dispositif des repas à un euro a été arrêté comme s’il n’y avait plus de problème ».

« Frédérique Vidal se dit satisfaite de son bilan mais le déni ne peut pas servir de politique. Le décalage est énorme entre son discours et la réalité sur le terrain », fustige encore le sénateur des Hauts-de-Seine. Lui pressent que la ministre sera amenée à prendre des décisions « dans une totale improvisation ». L’évolution irrépressible du nombre de cas de contamination pourrait donner raison au sénateur.

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