Santé : le plan d’Emmanuel Macron pour sortir « d’une crise sans fin »
A l’occasion de ses vœux aux acteurs de la santé, le président de la République a dévoilé plusieurs « axes » de réforme du système de santé. Principale ambition pour le chef de l’Etat : revoir l’organisation du travail afin de « gagner du temps médical ».
A l’occasion des vœux aux acteurs de santé, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs chantiers en réponse à la crise que rencontrent les acteurs de la santé en France. L’objectif pour le chef de l’Etat : « gagner du temps de soignant ». Selon Emmanuel Macron : « Notre défi collectif est de dégager du temps de médecin face aux patients et donc de totalement repenser notre organisation collective. »
Avec ce discours de 50 minutes prononcé devant les équipes du Centre hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonnes, en région parisienne, Emmanuel Macron a tenté de répondre à « l’épuisement personnel et collectif » exprimé par les équipes dans les hôpitaux depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
L’heure des mesures radicales
Le président de la République a tout d’abord rappelé l’effort important acté avec le Ségur de la Santé : « On a déjà collectivement agi, a-t-il plaidé. On a investi 19 milliards d’euros dans notre système de santé. […] On a mis fin au numerus clausus ». Avant d’ajouter : « On doit aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort, prendre des mesures radicales, mais […] jouer aussi d’intelligence collective et de liberté donnée au terrain. »
Coopération entre personnel administratif et soignants
Afin de gagner du « temps médical », Emmanuel Macron entend continuer de délester les médecins de leurs charges administratives, notamment avec le recrutement des assistants médicaux : aujourd’hui, déjà 4000 d’entre eux ont été embauchés, « on doit arriver à 10 000 d’ici la fin de l’année prochaine », a promis le chef de l’Etat afin de « délester » les soignants des tâches périphériques au soin.
Le président de la République a également fait des annonces en faveur du recrutement d’infirmières : le nombre de places ouvertes avait déjà augmenté de 20 % en trois ans, Emmanuel Macron appelle à « aller encore plus loin ».
Repenser l’organisation du temps de travail
Très critique envers l’application des 35 heures à l’hôpital, le président de la République appelé à « remettre à plat » les systèmes de planning et de calculs du temps de travail.
Cette réorganisation doit être actée « d’ici au 1er juin », avec une équipe dédiée à la mise en place de cette réforme et placée auprès du ministre de la Santé.
Plus de liberté d’organisation
Cette réorganisation de l’hôpital pourra s’organiser directement « au niveau du service », « pour prendre les décisions du quotidien ».
Vers une nouvelle gouvernance de l’hôpital
Le chef de l’Etat « souhaite qu’on puisse […] mettre à la tête de nos hôpitaux un tandem administratif et médical, […] pour que tout le monde travaille bien ensemble main dans la main. »
La tarification à l’acte « lèse le cœur des activités »
« La tarification à l’acte a créé beaucoup de dysfonctionnements, a également expliqué le chef de l’Etat. « Le mode de rémunération que l’on a créé ne valorise que l’acte. Il prend mal en compte les soins non programmés, il prend mal en compte les activités les plus complexes, qui vont prendre du temps […] et au fond, il lèse le cœur des activités qui se retrouvent à l’hôpital public aussi parce que beaucoup d’autres ne veulent plus les faire. »
« On doit sortir de la tarification à l’activité dès le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, a plaidé Emmanuel Macron, pour aller vers un nouveau financement que l’on doit rebâtir sur la base d’un travail en profondeur et d’une concertation qui repose sur une rémunération basée sur des objectifs de santé publique. »
« Nouveau pacte avec la médecine libérale »
Le chef de l’Etat veut « un pacte de droits et de devoirs » avec les médecins de ville. Ces derniers souhaiteraient voir la consultation passer de 25€ à 50€, Emmanuel Macron souhaiterait plutôt « mieux rémunérer » les praticiens qui « assurent la permanence des soins » et « prennent en charge de nouveaux patients ».
Plusieurs réformes de l’organisation de l’hôpital devront être actées d’ici au 1er juin mais le chef de l’Etat a fixé à la fin de l’année une autre ambition : que chaque citoyen ait accès à une offre de soin dans son bassin de vie. Un défi auquel le chef de l’Etat aimerait que les soignants répondent par la coopération et en « travaillant ensemble ».
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.