“Réparer” le lien Eglise-Etat? Gauche et FN dénoncent le discours de Macron, l’épiscopat satisfait
Après l'appel d'Emmanuel Macron à "réparer" le lien "abîmé" entre l'Église et l'État, la gauche et le FN ont fustigé une atteinte à la laïcité,...
Par Benoît FAUCHET
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Après l'appel d'Emmanuel Macron à "réparer" le lien "abîmé" entre l'Église et l'État, la gauche et le FN ont fustigé une atteinte à la laïcité, quand l'épiscopat a salué un discours refondateur des relations entre les catholiques et la République.
Lundi soir, dans la grande nef cistercienne du collège des Bernardins à Paris, "l'événement était inédit" - une réception d'un chef de l'État par la Conférence des évêques de France (CEF) -, et "le discours d'Emmanuel Macron l'était davantage encore", résume le directeur du quotidien catholique La Croix, Guillaume Goubert.
C'est l'une des premières phrases d'un discours fleuve, parfois lyrique, qui a suscité l'émoi le plus grand. "Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l'Église et l'État s'est abîmé, et qu'il nous importe à vous comme à moi de le réparer", a-t-il lancé à son hôte, Mgr Georges Pontier, président de la CEF. Un "chemin" Église-Etat "aujourd'hui semé de malentendus et de défiance réciproques", a-t-il dit, cinq ans après la mobilisation d'une partie des catholiques contre le mariage homosexuel.
"On attend un président, on entend un sous-curé", a fustigé le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, tandis que le porte-parole de son parti, Alexis Corbière, dénonçait des "paroles irresponsables qui soufflent sur les braises de tous les communautarismes religieux".
"Atteinte sans précédent à la laïcité", a abondé l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon. "Un deuxième mandat Sarkozy?", s'est interrogé le député PS Boris Vallaud. Allusion au discours du Latran de décembre 2007, dans lequel le président de droite avait estimé que "l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur" dans "la transmission des valeurs".
Le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon lors d'une session de questions au gouvernement à l'Assemblée le 28 mars 2018 à Paris
AFP/Archives
"La laïcité c'est la France, et elle n'a qu'un seul fondement: la loi de 1905, celle de la séparation des Églises et de l'État", a souligné l'ancien Premier ministre Manuel Valls, figure du camp laïque le plus offensif.
Sur la même ligne, la principale obédience de francs-maçons, le Grand Orient de France, a demandé à Emmanuel Macron de "revenir sans ambiguïté sur cette réintroduction inacceptable du cléricalisme dans la République".
Pour Marine Le Pen, le chef de l'Etat a tenté "d'anesthésier les catholiques pour pouvoir demain s'attaquer à la loi de 1905". Et la présidente du FN d'assurer, sans mentionner les musulmans, que ce ne seront pas les chrétiens "les bénéficiaires de ce changement".
- "Tactique politique" -
Dans les rangs de l'exécutif, on tentait de gommer l'hypothèse d'une inflexion présidentielle sur la laïcité, défendue par de nombreux Français mais aussi objet de vifs débats autour de la progression de l'islam ou de l'héritage chrétien du pays.
Emmanuel Macron "dit: chez l'homme, il n'y a pas simplement une matérialité, il y a une quête d'absolu, de spiritualité, donner un sens à sa vie. C'est peut-être une tonalité nouvelle mais qui ne rompt en rien avec les grands principes de laïcité", a assuré le ministre de l'Intérieur. Au Sénat, Gérard Collomb a rappelé que le chef de l'Etat s'était exprimé ces derniers mois devant les musulmans, les protestants et les juifs: "Le président de la République doit réunir tous les Français, et c'est cela la laïcité".
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a moqué "les réactions quasi pavloviennes d'une partie de la classe politique française".
L'épiscopat, de son côté, ne cachait pas sa satisfaction, saluant "un discours qui fera date dans l'histoire des relations entre l'Eglise catholique et l'Etat".
Le président "ne nous a pas pris pour des sous-citoyens, mais pour des citoyens habités par une sève spirituelle et (appelés) à avoir une parole intempestive", a retenu l'archevêque de Sens-Auxerre, Mgr Hervé Giraud.
"C'est une position qu'on n'avait pas entendue depuis très longtemps et qui détonne dans le paysage", a reconnu le député Les Républicains - et catholique - Philippe Gosselin, alors que la droite étalait ses divergences. "Macron essaie encore une fois de déstabiliser la droite, c'est de la tactique politique", jugeait une autre source LR.
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