Début novembre, dans une tribune publiée dans l’Express, 2 000 chefs d’entreprise faisaient entendre leur voix contre « les dérives d’un débat budgétaire qui risque de conduire la France à la catastrophe ». « Alors que la France détient déjà le record européen voire mondial des prélèvements obligatoires, on s’apprête à alourdir encore la charge fiscale, au risque d’anéantir croissance, emploi et recettes fiscales », alertaient les patrons en dénonçant une « spirale fiscale dangereuse ».
C’est finalement sur X, que le Premier ministre, Sébastien Lecornu leur a répondu presque un mois plus tard. Dans sa lettre postée sur les réseaux sociaux, le Premier ministre défend « ce nouveau rapport au Parlement ». « Pendant longtemps, beaucoup ont cru que les textes passaient automatiquement, qu’il suffisait de peser sur la copie initiale du gouvernement. Ce temps est terminé. Oui, un député a du pouvoir. Oui, un sénateur a du pouvoir », souligne-t-il appelant les forces politiques à « faire des compromis ».
« Il doit quand même donner une ligne directrice »
Ce faisant, il insiste auprès des chefs d’entreprise : « Le vrai danger pour le pays, c’est l’absence de budget ».
Une réponse qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu pour Olivier Rietmann, sénateur LR et président de la délégation aux entreprises. « Le vrai danger, c’est l’absence de budget car on reconduirait celui de 2025 par une loi spéciale. Mais si celui de 2026 est pire que celui de l’année dernière, on peut se poser la question ». Pour le sénateur, « le Premier ministre se décharge de sa responsabilité ». « Il ne rentre pas dans le jeu. Il laisse faire le Parlement mais il y a une limite. Même s’il n’a pas recours au 49.3, il doit quand même donner une ligne directrice. Au-delà du budget, la grande inquiétude des chefs d’entreprise, c’est qu’il n’y ait personne aux manettes au gouvernement ».
Pas de en même temps au Sénat
La semaine dernière, la délégation sénatoriale aux entreprises organisait une table ronde avec les représentants du patronat. L’occasion pour Patrick Martin, président du Medef de mettre en cause certaines données qui circulent dans le débat public notamment le chiffre de 211 milliards d’aides aux entreprises issu d’une commission d’enquête de la chambre haute. « Ce chiffre n’a pas aidé à la compréhension du débat mais je l’ai peu entendu au Sénat lors des débats. A chaque fois que j’en ai l’occasion, je rappelle que oui, il y a 200 milliards d’aides mais la plupart sont des compensations et il y a à la charge des entreprises 1 215 milliards de cotisations, d’impôts de production ou des impôts sur les sociétés.
L’ancienne ministre, la sénatrice LR Sophie Primas a observé depuis son retour dans l’hémicycle « un vrai clivage droite gauche » pour l’examen du budget. « Il n’y a pas de en même temps ici. « Il y a des élus qui veulent taxer le capital, d’autres qui veulent préserver les capacités d’investissement. On verra comment on atterrit. C’est la responsabilité du premier ministre ».