En tant qu’acteur de l’audiovisuel public, Public Sénat s’engage à ce que les femmes soient tout autant représentées que les hommes lors de ses émissions et débats. La chaîne fait ainsi appel aux expertes, aux femmes politiques, mais aussi aux femmes personnalités de la société civile : osez venir sur nos plateaux pour débattre, y faire la promotion de vos idées et ainsi vous poser en modèles. Les femmes sont encore trop hésitantes à apparaître dans les médias.
Car les chiffres sont éloquents. Un rapport du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), publié le 5 mars 2020, montre que pour l’année 2019 et pour la première fois depuis 2016, la place des femmes à l’antenne (télévision et radio confondues) dépasse 40 %. Une avancée saluée par le CSA, mais qui doit être nuancée : elle semble malheureusement plus quantitative que qualitative. En effet, une étude publiée en mars 2019 par l’INA montrait déjà que sur la période 2010-2018, les hommes monopolisaient presque 70 % du temps de parole, contre seulement près de 30 % pour les femmes. Le taux de présence des femmes se trouve donc bien loin de leur taux de parole. C’est la responsabilité sociétale des médias qui est mise en cause.
« Il suffira d’une crise » pour révéler et accentuer l’absence des femmes
Un rapport d’information « Femmes et médias audiovisuels : il suffira d’une crise… » des sénatrices Marta de Cidrac et Dominique Vérien, rendu le 9 juillet 2020, dresse un lourd constat : la crise sanitaire est à l’origine d’un nouveau recul de la représentation des femmes dans l’audiovisuel. Le confinement a notamment révélé des difficultés internes d’organisation de l’antenne qui ont fait ressurgir certains « mauvais réflexes ». C’est ce que soulignait déjà le sénateur apparenté centriste Michel Laugier, lors de l’audition de Roch-Olivier Maistre, président du CSA : « La parole des femmes expertes depuis le début de l’épidémie a été bien rare dans les médias audiovisuels », rappelait-il. Un problème dont « les nouvelles générations de managers sont conscientes », comme l’affirmait Roch-Olivier Maistre, sans proposer de solutions concrètes.
Au-delà des difficultés internes, les médias disent avoir subi des facteurs hors de leur contrôle car davantage sociétaux. Parmi ceux-ci, la surreprésentation masculine dans les fonctions d’autorité, notamment médicales, mais aussi une absence de réels débats politiques, domaine dans lequel les femmes sont particulièrement représentées. Il faut dire que l’Etat ne sort pas du lot, les responsables de l’exécutif étant majoritairement des hommes.
Les femmes se heurtent alors à un véritable syndrome de légitimité : une envie moindre de prendre part à une société qui ne les considère pas à leur juste valeur, mais aussi des possibilités réduites lorsque la crise sanitaire les confronte à leur rôle de mère.
Plus qu’un simple cas de conjoncture, c’est la société qu’il faut changer
Combien de temps ? On ne sait pas. Mais les solutions sont nombreuses. Avant toute chose, il convient d’améliorer les critères d’évaluation de la place des femmes dans les médias pour mieux identifier le problème et y remédier. Le rapport d’information de la délégation aux droits des femmes du Sénat propose ainsi d’instaurer des critères de représentation des femmes plus qualitatifs et plus précis. Aussi, des objectifs internes doivent être fixés à court terme, notamment à travers l’instauration de quotas, qui ont fait leurs preuves depuis l’instauration de la loi Copé-Zimmermann il y a dix ans. Les sénateurs membres de la délégation espèrent ainsi la fixation d’un objectif général de parité d’ici 2022. Pour l’effet dissuasif, la mise en place de malus pourrait être envisagée et s’avérer davantage efficace.
Les médias numériques ne font pas l’objet d’exceptions, il ne faut donc pas les oublier. La réglementation doit évoluer à ce sujet pour lutter notamment contre la diffusion d’images ou de propos haineux à l’encontre des femmes qui prolifère ces dernières années.
Les médias, souvent qualifiés de « quatrième pouvoir », se doivent alors de donner l’exemple et de garantir à la femme la place qui lui est due.