François Bayrou écarte une suspension de la réforme des retraites
A quelques heures du discours de politique générale, le premier ministre a commencé à donner ses arbitrages aux présidents des groupes du socle commun.
Par Public Sénat
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« Je suis à la campagne, je ne capte pas ». Cette phrase va-t-elle bientôt être bannie du vocabulaire ? C’est c'est en tout cas ce que souhaite, l’autorité de régulation des télécommunications, l’Arcep, qui vient de mettre en ligne une carte de France interactive sur monreseaumobile.fr. Chaque consommateur peut maintenant voir si son opérateur mobile dispose d’une couverture, « très bonne », « bonne », « limitée », ou absente dans un secteur extrêmement précis, 50 mètres. Une très bonne couverture signifie que l’on peut téléphoner à l’extérieur des bâtiments et « dans la plupart des cas à l’intérieur ». Surtout, chacun peut maintenant comparer qui, parmi les quatre opérateurs, Orange, SFR, Bouygues et Free, a la meilleure couverture sur un endroit donné. Ces mesures concernent les appels et SMS mais aussi l’Internet mobile.
En misant sur ce « choc de transparence », l’Arcep pense pousser les opérateurs à se tourner vers ces zones peu denses et réputées peu rentables. « On espère que ça va amener les opérateurs à se faire concurrence. Quand un opérateur va voir qu’un concurrent a couvert cette zone et pas lui… Et que certains consommateurs décident de résilier leurs abonnements …. Il va peut-être se mettre à couvrir cette zone. Ça va créer une émulation. Les opérateurs vont être incités à couvrir tout le territoire » espère Sébastien Soriano, président de l’Arcep.
Le 26 avril dernier, entre les deux tours de la présidentielle, Emmanuel Macron annonçait qu’il « laisserait 18 mois aux opérateurs de téléphonie pour déployer partout la 4G ». Pour le moment, SFR déclare couvrir 74% des zones peu denses, 70% pour Bouygues, 69% pour Orange et 47% pour Free.
La promesse du candidat Macron tarde à se mettre en marche. « Lors de la dernière conférence nationale des territoires, Emmanuel Macron n’a pas parlé des problèmes de la couverture mobile. Lors de son audition devant ma commission, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des Territoires n’en a pas parlé non plus » déplore Hervé Maurey, président, centriste, de la commission d’aménagement du territoire du Sénat. « On avait déjà eu pas mal d’effets d’annonce sous le gouvernement précédent mais nous n’avons jamais procédé par contraintes sur les opérateurs » note-il.
L’Arcep souhaite, justement profiter de la réattribution des fréquences de bandes arrivant à échéance en 2021 et 2024 pour imposer aux opérateurs de nouvelles obligations de couverture 4G en ciblant les zones peu denses. « L’État loue des fréquences aux opérateurs et en échange de l’occupation de ces fréquences, il peut donc leur demander des obligations supplémentaires » résume Sébastien Soriano. Bernard Dupré, président de l’Association française des utilisateurs de télécommunication (AFUTT), imagine des contreparties à accorder aux opérateurs en échange de la couverture de certaines zones, une sorte de donnant-donnant. « En faisant payer un peu moins cher l’acquisition des fréquences, on pourrait aider les opérateurs à couvrir des zones qui pourraient paraître comme moins rentables. Mais en téléphonie mobile, votre client, vous ne savez pas où il est à l’avance. La bataille pour la couverture c’est un argument de vente. Et pour le consommateur c’est un élément de choix » explique-t-il.
Pour mémoire, en 2015, la loi Macron imposait aux opérateurs de couvrir en 3G, 2200 communes, d’ici le 30 juin 2017. L’Arcep va continuer de procéder à des mesures pour vérifier le respect de ces engagements.
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