« Renforcer les moyens » contre l’islamisme politique. Invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 22 mai, Mathieu Darnaud invite à « expertiser » l’état des lieux du phénomène en France, revenu dans l’actualité ces derniers jours après la présentation d’un rapport sur l’influence des Frères musulmans en France, mercredi lors d’un Conseil de défense. Une version expurgée de ce document, dont le contenu a été initialement révélé par Le Figaro mardi, précise notamment que 139 lieux de culte sont liés au mouvement sur le territoire français.
« À bas bruit, on voit que cet entrisme concerne le milieu scolaire, les associations sportives ou culturelles, la vie municipale », estime Mathieu Darnaud, plaidant pour des « mesures concrètes et efficaces » en réaction. Le responsable indique qu’un groupe de travail au sein du groupe LR au palais du Luxembourg réfléchit à ce sujet. Présidé par la sénatrice du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, « il rendra des propositions dans les prochains mois, probablement à la rentrée » précise Mathieu Darnaud.
« Le risque, c’est de multiplier les initiatives législatives »
Son prédécesseur à la tête du groupe de la droite sénatoriale, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a donné quelques pistes d’action pour agir face à l’islamisme. « Ce qui devra être proposé dans les mois à venir, dans les semaines à venir, c’est une meilleure organisation de l’État, avec un vrai chef de file en matière de renseignement et un parquet administratif au ministère de l’Intérieur pour diligenter des dissolutions et des entraves administratives », a-t-il détaillé, lors des questions au gouvernement au Sénat.
En février, le Sénat s’était emparé de la question de la laïcité dans le sport en adoptant la proposition de loi pour le « respect » de ce principe dans ce milieu. Initié par le sénateur de l’Isère Michel Savin, le texte avait fait polémique, entre autres pour une de ses mesures interdisant le port de signes religieux dans les compétitions sportives. Si Mathieu Darnaud salue cette initiative parlementaire, il appelle aussi à ne pas se précipiter pour légiférer sur la question. « Le risque, c’est de multiplier les initiatives législatives », lance-t-il. « Je pense qu’à un moment donné, il faudra un versant constitutionnel. »
« Sinon, vous devez avoir la nécessité de traiter ce sujet pour les entreprises, pour l’espace public, vous allez égrener les dispositions », poursuit Mathieu Darnaud. « Ce sont tous des sujets importants, mais à un moment donné, il faut prendre l’ensemble de ces problématiques pour les traiter selon moi à un niveau constitutionnel. » Après la remise du rapport sur les Frères musulmans, plusieurs personnalités politiques ont fait part de leurs propositions pour limiter leur « entrisme ». C’est notamment le cas du patron de Renaissance, Gabriel Attal, qui souhaiterait instaurer une interdiction du voile pour les mineures de moins de 15 ans.