Restauration de Notre Dame : l’utilisation du plomb « ne pose aucun danger », assure Jean-Louis Georgelin

Restauration de Notre Dame : l’utilisation du plomb « ne pose aucun danger », assure Jean-Louis Georgelin

Auditionné par la commission de la culture du Sénat, le général Jean-Louis Georgelin, le président de l’établissement public chargé de la restauration et de la conservation de Notre-Dame, a fait un point d’étape sur le calendrier de réouverture de la cathédrale, son financement et l’utilisation du plomb pour la nef et la toiture.
Simon Barbarit

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C’est la troisième fois que le général Jean-Louis Georgelin est auditionné par la commission de la culture du Sénat dans le cadre du contrôle d’application de la loi du 29 juillet pour la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame.

« Notre Dame de Paris est vraiment en train de renaitre »

Comme à son habitude, le président de l’établissement public chargé de la restauration et de la conservation de Notre Dame s’est montré confiant sur l’avancée des travaux, confirmant la réouverture au public le 8 décembre 2024, soit 5 ans après l’incendie. « C’est la date vers laquelle nous nous orientons aujourd’hui ». « Après le temps de la sécurisation de l’édifice, puis de la préparation de la restauration, nous sommes maintenant pleinement dans le travail effectif de la restauration […] Notre Dame de Paris est vraiment en train de renaître […] Le chantier bat son plein conformément au calendrier que nous avions fixé dès le départ », a-t-il assuré.

Jean-Louis Georgelin a détaillé les « 5 sous opérations » de la phase de restauration de la cathédrale : les nettoyages intérieurs de la cathédrale, la reconstruction de la flèche de la voûte et du transept, la reconstruction du chœur et la nef, les installations techniques de la cathédrale, et enfin la restauration des beffrois. Toutes ses opérations sont décomposées en lots attribués par appel d’offres.

La souscription nationale et internationale mise en place par la loi a rassemblé la coquette somme de 846 millions d’euros et le président centriste de la commission, Laurent Lafon a souhaité savoir si des arbitrages avaient été rendus concernant l’affectation des surplus de ces dons.

Sur la défensive, Jean-Louis Georgelin a estimé que son établissement public était « le plus observé de toute l’histoire de la République ». « Il n’y a pas de surplus, il y a 846 millions d’euros qui seront utilisés pour rendre à la cathédrale Notre-Dame de Paris toute sa splendeur ».

Dans le détail, sur les 846 millions d’euros de dons, 150 millions ont été utilisés pour la phase de restauration et de consolidation. La phase de reconstruction est chiffrée à 552 millions d’euros. Reste 146 millions d’euros « qui seront consacrés à la phase trois, la restauration des extérieurs de la cathédrale à partir de 2025 », a-t-il expliqué en rappelant que l’Etat participait au fonctionnement de l’établissement public par la prise en charge de son loyer à la cité Martignac.

« Nous serons fiers de cette cathédrale rénovée »

Laurent Lafon est toutefois, revenu à la charge en rappelant qu’avant l’incendie, l’Etat s’était engagé à affecter 60 millions de crédits à la rénovation de Notre Dame. « Notre interrogation légitime vise à veiller à ce que l’Etat conserve son engagement », insiste-t-il. Sans véritablement répondre à la question, le général rappelle que le chantier de Notre-Dame est « un chantier permanent ». « Les architectes nous disent qu’une dizaine d’arcboutants (sur 28) ont été fragilisés par l’incendie. On ne va pas attendre je ne sais quoi pour les changer. Il y a des pierres à refaire sur la tour sud… Ces 146 millions d’euros seront utilisés pour cela, en plein accord avec les fondations […] Je ne doute pas que passé les débats nécessaires à une démocratie vigoureuse, tout ceci se passera bien […] Nous serons fiers de cette cathédrale rénovée. J’ai rencontré les plus généreux donateurs et ils sont tous sur cette ligne », a-t-il martelé.

Un autre sujet a semblé quelque peu agacer l’ancien chef d’état-major des armées. Et c’est Monique de Marco, la sénatrice EELV qui l’a mis sur la table, celle de l’utilisation du plomb pour la rénovation de la toiture et de la flèche. « Il est vrai que la commission nationale d’architecture et du patrimoine a avisé l’établissement public de restaurer à l’identique la cathédrale […] L’esthétique a primé sur la santé en particulier celle des enfants car le plomb est un matériau toxique et le saturnisme est toujours d’actualité », a-t-elle fait valoir.

« Nous nous dénudons complètement »

Jean-Louis Georgelin a d’abord rappelé que lors de ses anciennes fonctions il a été amené à se rendre dans les usines de préparation d’armement nucléaire. « Ce qu’on exigeait de nous en termes de sécurité n’a rien à voir avec ce que l’on demande pour pénétrer sur le chantier de la cathédrale », a-t-il appuyé avant de développer. « Quand le président de la République vient sur le chantier de la cathédrale, comme le compagnon de base, il perçoit ses bottes, sa combinaison, ses sous-vêtements et son casque pour aller sur la zone sale. Nous revenons. Nous nous dénudons complètement. Nous prenons une douche et nous récupérons nos affaires ».

De quoi faire sourire les élus. « Oui, il y a eu des refus là-dessus », confie le général. Sur le choix du plomb pour restaurer la cathédrale, Jean-Louis Georgelin précise que le plomb sera utilisé uniquement pour la restauration de la nef et le grand comble. « On ne verra jamais un enfant aller se promener sur le grand comble. On ne verra jamais une enfant aller lécher les plaques de plomb sur la nef », argumente-t-il.

Il consent néanmoins un risque d’exposition au plomb lié aux eaux de ruissellement. « Mais nous allons être des précurseurs absolument géniaux pour les analyses d’eaux de ruissellement », ose-t-il vantant un nouveau dispositif installé dans les gargouilles. « Nous allons analyser les eaux de pluie avant de les reverser dans la Seine. Aucun enfant de France n’aura de plombémie en raison de la reconstruction en plomb de Notre-Dame […] Je ne vois pas en quoi l’utilisation du plomb dans la reconstruction de Notre-Dame puisse faire poser le moindre danger que ce soit sur les enfants », conclut-il.

 

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