Restitution d’œuvres spoliées par les nazis : une loi « historique » pour l’avocate des familles
Alors que le Sénat a adopté à l’unanimité la loi restituant 15 œuvres des collections publiques, aux héritiers des « victimes de persécutions antisémites », l’avocate de l’une des familles concernées a salué une « décision historique. » Elle est aussi revenue sur « l’aventure » du tableau de Chagall qui sera restitué aux ayants droit de David Cender, un musicien juif polonais qui avait acquis le tableau en 1928.

Restitution d’œuvres spoliées par les nazis : une loi « historique » pour l’avocate des familles

Alors que le Sénat a adopté à l’unanimité la loi restituant 15 œuvres des collections publiques, aux héritiers des « victimes de persécutions antisémites », l’avocate de l’une des familles concernées a salué une « décision historique. » Elle est aussi revenue sur « l’aventure » du tableau de Chagall qui sera restitué aux ayants droit de David Cender, un musicien juif polonais qui avait acquis le tableau en 1928.
Louis Mollier-Sabet

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Me Melina Wolman, est la représentante des héritiers de David Cender, musicien ayant acquis en 1928 le tableau de Marc Chagall restitué par cette loi, presque un siècle plus tard. Elle salue une décision « historique » et retrace le parcours de ce tableau durant tout le XXème siècle : « Ce tableau de Chagall qui représenterait son père, a été peint en 1911. On ne connaît pas réellement le parcours de l’œuvre avant son acquisition par David Cender. Ce musicien a acquis cette œuvre auprès d’un marchand d’art polonais en 1928, avant que son appartement soit spolié par les nazis dans les années 1940, puis qu’il soit déporté et que toute sa famille décède à Auschwitz. »

« Il y a un immense changement dans l’attitude de l’Etat qui a été très coopératif »

Après ce parcours tragique viennent les questions juridiques, puisque David Cender s’installe en France après la guerre et essaye de récupérer ses actifs spoliés. La loi Brüg est une loi allemande qui permet l’indemnisation des spoliations de mobiliers, bijoux et métaux précieux qui avaient été transférés en Allemagne entre 1942 et 1944. « Dans ce cadre, les tribunaux allemands ont reconnu la spoliation du tableau et d’autres actifs », explique Me Wolman. Sauf que, « parallèlement le tableau avait été récupéré par Marc Chagall et qu’à son décès, les héritiers ont fait une dation au bénéfice de l’Etat français, en 1988. » Voilà donc comment le tableau d’un musicien juif polonais acquis en 1928 s’est retrouvé en possession de l’Etat français 60 ans plus tard. Cette situation pose un problème juridique, puisqu’une œuvre classée dans une collection publique est « inaliénable » et que les procédures pour la restituer sont complexes.

>> Pour en savoir plus : Spoliations nazies : une loi pour restituer des tableaux de Chagall, Klimt et Utrillo aux héritiers de familles juives

La loi adoptée mardi soir par le Sénat permet donc la restitution de ces 15 œuvres, et notamment du tableau de Chagall aux ayants droit de David Cender. Une décision que leur avocate qualifie « d’historique » compte tenu des difficultés de « déclassement » d’un tableau ou d’une œuvre d’art. D’autant plus que cette procédure lourde a été difficile pour les héritiers de David Cender : « Lorsqu’ils apprennent qu’on a identifié un tableau appartenant à leur grand-oncle et qu’il a été spolié, ça les a émus et ça les replonge dans un passé extrêmement compliqué », explique ainsi Me Wolman. L’avocate salue aussi un « immense changement » d’approche de l’Etat, qui a été « très coopératif » : « On a partagé toutes nos recherches de provenance et on a obtenu une restitution en bonne intelligence. Les démarches ont abouti grâce à la coopération du ministère de la Culture et des différents musées concernés. »

À l’avenir, comme le préconise le rapport du Sénat, il va falloir trouver un moyen pour que la procédure soit moins lourde, à la fois pour les ayants droit et pour le calendrier parlementaire : « Ces propositions sont plus qu’intéressantes, c’est inévitable. Lorsqu’on souhaite récupérer un tableau, le temps de promulgation est extrêmement long et ce temps est douloureux pour les familles. » En attendant, l’avocate ne sait pas si le tableau restera dans un musée, ou sera récupéré par les ayants droit.

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