Retailleau : « Fillon, c’est un peu un revenant »

Retailleau : « Fillon, c’est un peu un revenant »

François Fillon revient de loin. Il a réussi à se maintenir candidat contre l’avis d’une grande partie de son camp. La droite tente de se rassembler à nouveau. Le fidèle Bruno Retailleau souhaite que « François Baroin » et « Jean-Pierre Raffarin », proches de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, occupent des places importantes.
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Bruno Retailleau respire. Au lendemain d’un comité politique qui a affirmé son soutien au candidat, on peut dire que François Fillon revient de loin. « Oui, c’est un peu un revenant, selon le titre d’un film » lance avec le sourire mardi matin le fidèle Bruno Retailleau, interrogé par Public Sénat avant la réunion de son groupe au Sénat (voir la vidéo, images : Cécile Sixou et Héloise Gregoire).

Le président de la région Pays-de-la-Loire, coordinateur de la campagne, a poussé son candidat à tenir dans la tempête. Aujourd’hui, il ne peut cacher son soulagement. « Ça va mieux qu’il y a quelques jours, je vous le confirme » lâche le sénateur de Vendée. Le soutien du bureau politique « n’était pas gagné, mais la foule du Trocadéro d’abord, le retrait d’Alain Juppé ensuite et enfin la force de la légitimité que donne une élection (…), tout ça a montré que l’issue de cette journée de lundi ne pouvait être que heureuse » explique Bruno Retailleau.

Fillon en Highlander de la politique

François Fillon, c’est un peu le Highlander de la politique à droite. Il ne peut en rester qu’un. C’est lui. Malgré l’affaire de l’emploi présumé fictif de sa femme, malgré sa future mise en examen, malgré les défections des proches de Bruno Le Maire, d’Alain Juppé, des sarkozystes, qui ont tenté un coup de poker au dernier moment, du proche Gérard Larcher qui avait pris ses distances avant de finalement rester derrière le candidat, et même de son fidèle directeur de campagne, Patrick Stefanini, François Fillon est toujours là. Il a tenu, avec des hauts et des bas, mais il n’a pas voulu entendre tous ceux qui lui demandaient de passer la main au nom des intérêts de sa famille politique.

Pas rancunier, Bruno Retailleau ne semble pas reprocher l’initiative de lundi matin des sarkozystes, qui ont tenté de récupérer l’idée du plan B, après le retrait d’Alain Juppé. Le sénateur de Vendée l’a « interprétée comme la énième tentative, mais il y en a eu tellement que rien ne pouvait nous surprendre. Aujourd’hui, cette page est close, nous sommes dans le rassemblement » et « il faut aller au contact des Français ».

Hortefeux : « Nous sommes engagés derrière François Fillon »

Un peu plus tôt, les sarkozystes se sont réunis à proximité de l’Assemblée nationale. En 24 heures, le ton a changé. « Nous nous sommes rassemblés pour démontrer que nous nous bâtons pour l’unité de notre famille politique. S’il n’y a pas d’unité, il n’ya pas d’alternative possible. (…) Nous avons dit clairement, autour de la table, que nous étions engagés derrière François Fillon dès lors que celui-ci a affiche sa détermination » a expliqué Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy. Il ajoute : « Nous sommes à la fois lucides et responsables. Lucides car nous ne masquons pas la réalité, les difficultés, mais responsables car nous devons surmonter ce que nous pouvons ressentir pour nous engager autour du candidat de notre famille », ajoute-t-il, se disant « convaincu que François Fillon saura trouver les mots, les gestes, les signes ». Regardez (images LCP-AN) :

Hortefeux : « Nous sommes engagés derrière François Fillon »
01:05

« Les sarkozystes seront derrière François Fillon pour faire gagner notre candidat et notre pays » ajoute clairement Daniel Fasquelle, trésorier des Républicains. Depuis lundi, on reparle d’un ticket Fillon/Baroin. « Ce serait un beau geste de rassemblement. Il en faut beaucoup d’autres ! » pour le sénateur sarkozyste Pierre Charon.

« Les choses sont assez claires » note le sénateur Alain Joyandet, « François Fillon a réussi dimanche au Trocadéro une très belle manifestation. Ce qui démontre que le peuple de droite est en grande partie derrière lui. (…) Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de places pour les états d’âmes, il faut faire campagne, cette élection est loin d’être perdue » selon le sénateur de Haute Saône (voir la vidéo ci-dessous). Il n’y a guère que le sénateur Alain Houpert, qui demandait hier encore sur publicsenat.fr que « Fillon adoube Baroin », qui ne rentre pas dans le rang. « Il faudra trouver une solution » dit-il. Pour lui, « elle n’a pas encore été trouvée ».

Joyandet : "Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de places pour les états d’âmes"
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Raffarin exprime son « soutien » au projet de Fillon mais ne veut « aucun rapprochement possible avec le FN »

Au même moment, les juppéistes prenaient leur petit déjeuner au Sénat autour de Jean-Pierre Raffarin (voir notre article sur le sujet). Le retrait d’Alain Juppé n’est pas encore digéré pour certains et les soutiens du maire de Bordeaux sont partagés sur l’attitude à adopter. Certains sont prêts à se ranger derrière Fillon, comme le député Philippe Gosselin, quand le sénateur Jean-Pierre Grand fait valoir sa « clause de conscience ». Il ne fera pas la campagne.

Mais pour Jean-Pierre Raffarin, il faut dorénavant aller de l’avant. « Nous avons affirmé notre soutien au projet de François Fillon, qui a été présenté ce week-end. (…) Nous ne demandons pas des places, mais que la campagne soit tolérante, soit ouverte. Et qu’il n’y ait aucun rapprochement possible avec le FN » explique à Public Sénat Jean-Pierre Raffarin. Regardez :

Raffarin : « Nous avons affirmé notre soutien au projet de François Fillon »
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« Jean-Pierre Raffarin a une vision du monde et de l’Europe qui doivent enrichir le projet de François Fillon » affirme Retailleau

François Fillon semble prêt à rassembler, malgré les divisions et les mots durs des derniers jours. Laurent Wauquiez pourrait prendre une place importante dans l’animation du parti. Jean-Pierre Grand affirme même que l’actuel vice-président du parti prendrait la place de secrétaire général, c'est-à-dire de numéro 1. « Nicolas Sarkozy a repris le parti, puisque le secrétaire général change, il met Laurent Wauquiez » affirme le sénateur de l’Hérault.

Bruno Retailleau soutient pour sa part qu’il verrait bien Baroin et… Raffarin occuper des postes de premier plan. « Je souhaite que François Baroin occupe pour la campagne une des toutes premières places, il est important. Mais il y a aussi d’autres personnalités. Je pense à Jean-Pierre Raffarin. La vision qu’il a du monde et de l’Europe sont des visions qui doivent enrichir le projet de François Fillon et permettront à notre candidat de développer pendant toutes ces semaines un projet cohérent sur ces deux plans » affirme ce proche de François Fillon. Le nouvel état major de la campagne du candidat devrait être présenté dans la semaine.

Nouvelle révélations du Canard Enchaîné

A moins qu’il faille éteindre une nouvelle polémique d’ici là. Selon l’édition du Canard enchaîné de mercredi, François Fillon a obtenu en 2013 de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière un prêt de 50.000 euros, sans intérêts et non déclaré. Marc Ladreit de Lacharrière, proche de l'ancien Premier ministre, a été entendu par la police sur les conditions d'emploi de Pénélope Fillon, entre 2012 et 2013, par La Revue des deux mondes, qu'il préside.

La somme du prêt ne figure pas dans la déclaration de patrimoine adressée à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, selon l'hebdomadaire. L’avocat de François Fillon, Me Antonin Levy, répond au Canard que ce prêt a été « intégralement remboursé ». La campagne de François Fillon devra peut-être attendre encore un peu pour retrouver un cours normal.

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